« Le futur de la ville se conçoit à partir de son réseau électrique », Chloé Pfeiffer (Enedis)

À Paris, le principal gestionnaire du réseau électrique français accompagne la transition écologique de la capitale bien en amont des projets, en testant des solutions innovantes pour faciliter la vie des Franciliens. Du transport fluvial électrique à l’installation de bornes électriques en passant par la préparation des Jeux Olympiques 2024, le point avec Chloé Pfeiffer, directrice régionale d’Enedis à Paris.
«La recherche de solutions innovantes est également au cœur de notre démarche, que ce soit en laboratoire ou sur le terrain.» pour Chloé Pfeiffer, Directrice Régional d'Enedis à Paris
«La recherche de solutions innovantes est également au cœur de notre démarche, que ce soit en laboratoire ou sur le terrain.» pour Chloé Pfeiffer, Directrice Régional d'Enedis à Paris (Crédits : DR)

Comment Enedis, qui gère le réseau électrique français, peut-elle accompagner la transition écologique des villes ?

Dès que l'on commence à penser à la ville de demain, le réseau électrique doit être considéré comme une ossature sur laquelle tous les projets viennent se raccorder et se concrétiser. On pourrait croire que nous n'intervenons qu'à la fin d'un programme d'urbanisme pour effectuer les raccordements, alors que c'est tout le contraire ! Si nous sommes consultés en amont de chaque projet, nous pourrons proposer des solutions innovantes et amplifier les ambitions écologiques. Le raccordement au réseau constitue une « brique » indispensable pour penser la mobilité urbaine, l'adaptabilité des villes face au changement climatique ou encore la qualité de vie des citadins. Nous sommes des acteurs de l'ombre, mais notre rôle est essentiel !

La Ville de Paris a de fortes ambitions dans le domaine de la mobilité électrique, comment se déroule cette transition ?

Effectivement, Paris est un véritable laboratoire urbain où nous développons de multiples solutions partout où l'espace public se transforme. Nous allons par exemple inaugurer notre première borne de recharge sur les quais de Seine, ce qui permettra d'accélérer la mise en place de transports fluviaux électriques. Ce projet a été mené en étroite collaboration avec HAROPA Ports de Paris et cet exemple illustre bien notre rôle d'appui et de conseil auprès de nos parties prenantes. Pour ce projet nous avons travaillé en amont avec l'ensemble de l'écosystème de la Seine pour accompagner leur transition écologique. Nous accompagnons également l'installation de bornes de recharge pour les voitures dans les copropriétés, qui représentent 70 % des parcs de stationnement parisiens, ainsi que dans les parkings souterrains afin de libérer l'espace public. Si les centres de bus sont déjà raccordés, nous nous assurons également que l'hydrogène vert puisse y être produit, ce qui nécessite encore de l'électricité... Enfin, nous travaillons avec la Ville de Paris pour développer les vélos à assistance électrique, mais aussi des solutions innovantes, comme la mutualisation du mobilier urbain... ce qui permettrait par exemple de recharger sa trottinette sur une sanisette !

Au-delà de la mobilité, comment Enedis anticipe la transition écologique de la capitale ?

Chaque jour, nos équipes travaillent en étroite collaboration avec tous ceux qui sont engagés dans la transition écologique. Aujourd'hui, le réseau est déjà assez robuste pour accueillir et gérer les nouveaux usages électriques, mais il faut continuer à le rendre plus résilient pour faire face aux épisodes d'inondation, de crue ou de canicule. En parallèle, nous repensons les différents usages de la Ville en cherchant des alternatives bas carbone aux groupes électrogènes utilisés notamment sur des événements festifs tels que les foires, les tournages de film ou les défilés de mode. En les remplaçant par des branchements pérennes sous forme de prises escamotables, on pourra ainsi économiser des centaines de tonnes de fuel ! Dans ce contexte, la préparation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 va donner un formidable coup d'accélérateur à la décarbonation de la capitale. Car derrière l'ambition affichée de neutralité carbone se trouve surtout le défi de réussir l'héritage de ces Jeux : tous les travaux que nous allons entreprendre sont conçus de façon pérenne.

On entend beaucoup parler des compteurs Linky, participent-ils à la ville du futur ?

Absolument : tout d'abord parce qu'ils permettent aux clients, via leurs fournisseurs, d'avoir accès à leurs données de consommation électrique, et donc de savoir quel type de consommateurs ils sont, pour prendre conscience de leur empreinte énergétique et de leurs leviers d'actions. Dans les cas de production locale d'énergie renouvelable, les compteurs Linky permettent également de « déduire » l'énergie produite afin d'évaluer l'économie réalisée. À l'heure où les installations photovoltaïques se développent sur les toits de Paris, ils permettent de visualiser rapidement l'intérêt économique. D'autre part, les données collectées de façon anonyme renforcent l'observabilité du réseau, au même titre que celles issues de nos capteurs de température ou de montée des eaux. Toutes ces informations sont fournies à la Ville, qui peut ainsi créer des cartographies énergétiques et anticiper les évolutions nécessaires.

Selon vous, quels sont les grands enjeux d'Enedis à Paris pour les années à venir ?

Chacun à son niveau, nous devons transformer un tissu urbain dense pour le rendre plus écologique, plus innovant, plus humain et faciliter la vie des Parisiens. Cela passe aussi par la réduction des nuisances liées aux travaux en coordonnant les différentes parties prenantes sur des plateformes communes, la végétalisation des infrastructures et la lutte contre les îlots de chaleur. La recherche de solutions innovantes est également au cœur de notre démarche, que ce soit en laboratoire ou sur le terrain. Enedis travaille sur les questions de la normalisation, de l'interopérabilité et de la cyber-sécurité, mais s'engage aussi dans des laboratoires d'expériences urbaines tel celui du quartier de La Chapelle dans le 18e arrondissement. Cette démarche, pilotée par l'Urban Lab de Paris&Co, a pour ambition de tester en conditions réelles des projets expérimentaux autour de cinq thématiques : la réduction de l'impact urbain, la résilience du réseau, l'implication des citoyens, la mobilité électrique et la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Nous y testons des solutions qui pourront être développées à grande échelle sur tout le territoire demain. Nous allons vite, mais il y a urgence. La Ville de demain se construit aujourd'hui, tous les jours !

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Commentaire 1
à écrit le 17/02/2021 à 12:27
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Il faudra un jour accepter de faire plus propres en transports fluviaux sur nos canaux, et financer des turbine à vis d'Archimède inclinées à chaque écluse, alors capable d'alimenter des péniches plus qu'électriques, ou des voitures, des maisons à pr...

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