Philippine Dolbeau, créatrice de "l'école du futur"

Elle a créé NewSchool à l'âge de 15 ans. Trois ans plus tard, Philippine Dolbeau poursuit son chemin dans la edtech. Élue startuppeuse de l'année par La Tribune, la toute jeune adulte a des idées plein la tête et entend bien les concrétiser. Portrait de celle qui veut booster le monde de l'éducation.
(Crédits : DR)

À 18 ans, Philippine Dolbeau est déjà à la tête de son entreprise depuis près de quatre ans. À l'écouter parler de business model, de financements, d'idées et de frustration, elle a déjà le discours de celles qui ont roulé plusieurs fois leur bosse dans leur vie. Très exposée dans les médias à l'occasion de la création de sa startup, elle a choisi de faire ses études à Londres pour l'anonymat et son système différent :

« À Paris, on me reconnaissait dans la rue. Je voulais vraiment une vie anonyme et j'ai toujours été attirée par les pays anglo-saxons, glisse-t-elle. D'autant que, en France, il y avait toujours un petit "mais" quant à mon parcours entrepreneurial. »

Dans son lycée, les absences liées à la situation n'étaient pas toujours vues d'un bon oeil.

« Je n'étais pas forcément tranquille. Alors que, à Londres, je n'ai rien dit. Mes camarades ont fini par le découvrir par eux-mêmes, mais ils sont plutôt contents. C'est ça que je suis venue chercher, cette ouverture d'esprit », se souvient-elle.

Et son esprit n'était pas forcément tranquille quand il fallait, l'année de son baccalauréat littéraire, réviser et gérer les dix développeurs qui travaillaient sur NewSchool.

« L'année a été difficile. Disons que j'ai mis de côté ma vie sociale pour me concentrer sur NewSchool », avoue-t-elle.

Rassurez-vous, elle a tout de même réussi à décrocher une mention bien. Le programme pour les années à venir ? Pendant trois ans, elle va étudier, dans la capitale anglaise, les sciences de l'éducation, preuve qu'elle veut révolutionner le système avec NewSchool, un système d'appel électronique destiné aux collèges et aux lycées.

À l'origine

Tout commence alors que la lycéenne est en seconde. Les médias relatent l'histoire de ce garçon de 9 ans, resté enfermé dans un bus. Parce que ses professeurs n'avaient pas fait l'appel, personne ne s'était rendu compte de son absence.

« J'ai réalisé qu'il y avait beaucoup à faire au niveau de l'éducation numérique et de la sécurité des élèves », évoque-t-elle.

C'est comme ça que ce projet, « presque un jeu au début », devient une mini-entreprise à développer pour le cours d'économie. Puis, Philippine Dolbeau s'inscrit, « sur un coup de tête, pour faire la blague même », aux Digischool Hype Awards, plus particulièrement au prix Espoirs. Prix qu'elle gagne, sérieusement.

« J'ai vraiment pris confiance en moi à ce moment-là. »

Quelques mois plus tard, Apple entre en contact avec elle et lui demande de pitcher deux jours plus tard dans ses bureaux londoniens. « J'étais déjà sur place, à croire qu'ils m'avaient tracée... » Dans le développement de NewSchool, la marque à la pomme a joué un rôle important, notamment dans la conception de l'application mais aussi dans la commercialisation :

« Le marché de l'éducation en France est assez impénétrable, nous avons échangé beaucoup d'informations ».

La lycéenne de l'époque, mineure, est obligée de faire appel à ses parents pour créer sa société. S'ensuivent le prix Innovation, pendant le gala des directions des systèmes d'information organisé par le recteur de Versailles, le prix de la startup étudiante, décerné par Startup.info (anciennement Bonjour Idée), et une autre dizaine de récompenses depuis.

Manquant de financement, la petite famille décide de lever des fonds avec une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank. Le résultat ? 60.800 euros exactement, qui ont servi au développement de l'application, à la création du logiciel de gestion et aux coûts de production des boîtiers. « Ça part vite », remarque-t-elle. Comme les 30.000 euros à taux zéro du réseau Entreprendre Yvelines. Dans la foulée, Philippine Dolbeau a été la plus jeune chef d'entreprise à faire partie de la délégation française du G20 des entrepreneurs en Chine, en septembre 2016.

Et demain...

Où en est NewSchool aujourd'hui ? Le coaching by Apple est toujours d'actualité. La jeune entrepreneure participe à de nombreux événements et voit régulièrement des développeurs, français et anglais, pour avancer sur l'application. Elle a même eu le privilège de rencontrer Tim Cook, en février dernier. Au tout début, il était question de faire de NewSchool une application préintégrée sur les appareils vendus aux établissements scolaires, mais « à l'époque nous n'étions pas assez développés, ni commercialement ni au niveau des fonctionnalités. Il nous faut encore grandir pour espérer un jour avoir une application commune », explique-t-elle. Et le travail en famille est toujours valable. « Ma mère est directrice commerciale, elle travaille beaucoup. Nous avons fait le salon de l'éducation la semaine dernière, c'est elle qui a tout géré », s'enthousiasme la jeune femme.

Pour le reste, la startup se cherche encore un peu. Côté modèle économique, l'application, gratuite, sert à faire l'appel et distribuer des bons points. Sont payants les porte-clés qui facilitent ce moment chronophage, à la charge de l'établissement. Entre 2.000 à 3.000 professeurs, pour 400.000 élèves, l'utilisent. Une offre premium est également disponible toujours pour faire l'appel et distribuer des bons points, mais aussi payer la cantine, retirer des livres à la bibliothèque et contrôler l'entrée et la sortie de l'établissement scolaire - offre encore en phase de test. Depuis, Philippine Dolbeau découvre les joies de l'entrepreneuriat, la partie du travail qui consiste à trouver de l'argent.

« Je cherche des financements quels qu'ils soient, mais cela prend beaucoup de temps. J'ai 1.000 idées à la minute, sans argent pour les mettre en place, c'est un peu frustrant », regrette-t-elle. En tout cas, la startuppeuse n'a qu'une seule hâte, « finir mes études et m'occuper à 100 % de NewSchool ».

Le début de la maturité.

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Commentaires 4
à écrit le 02/01/2019 à 11:15
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À 18 ans ce n'est pas une femme mais une jeune fille ! Une fille à maman pour être précise, c'est sûr que c'est trop facile quand c'est maman qui gère tout ! Et ça se dit chef d'entreprise ça, soyons sérieux, personne ne fera jamais un vrai bon chef ...

à écrit le 04/08/2018 à 17:59
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Purement honteux. Même les chinois n'y ont pas pensé ! Non mais sérieusement... Lisez donc ceci : https://www.laquadrature.net/fr/new_school

à écrit le 07/01/2018 à 8:33
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On aurait pu expliquer en quoi consiste sa "NewSchool". Pas claire son modèle révolutionnaire. Mais, avoir mille idées à la minute et pas un sou c'est normal pour beaucoup de monde et surtout les jeunes. Il faut se concentrer sur l'idée principal pou...

à écrit le 05/01/2018 à 11:10
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Merci de nous montrer des exemples de réussites de la part de ceux qui n'ont pas ou peu de réseau, que l'on soit jeune ou pas c'est bien facile d'évoluer économiquement quand on a le bras long. Ces exemples de réussites venant de gens qui ont déj...

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