Le respect de la vie privée ? Un avantage concurrentiel face aux firmes américaines !

La garantie de la confidentialité de navigation devient un argument commercial favorable aux entreprises européennes face aux géants américains, raconte le Wall Street Journal.
La NSA a reconnu espionner 1,6% du trafic du web mondial.

L'agence de renseignement américaine NSA espionne les internautes à travers le monde ? Choisissez un service installé dans votre propre pays ! Depuis les révélations d'Edward Snowden sur les pratiques de la National Security Agency en juin, nombreux sont les citoyens qui s'interrogent sur l'utilisation faite des données qu'ils laissent - parfois malgré eux - sur Internet. Si bien que des sociétés ont flairé le filon et propose un service d'un nouveau genre : garantir aux internautes un stockage des données dans leur propre pays, défendu comme imperméable aux espionnages depuis l'étranger. Le Wall Street Journal dresse un panorama du phénomène dans un article publié vendredi sur son site Internet.

Un service de messagerie allemand réputé imperméable à la NSA

En Allemagne, raconte le quotidien, les trois plus grands fournisseurs de messagerie - dont la Deutsche Telecom - se sont associés afin de proposer un nouveau service de messagerie électronique "made in Germany". Les données sont stockées sur des serveurs allemands, dans le respect de la législation nationale sur les données à caractère personnel.

Résultat : le succès semble au rendez-vous ! Plus de 100.000 Allemands ont sollicité ce service depuis sa mise en service le mois dernier, d'après le Wall Street Journal. Le programme de surveillance de la NSA "est un cadeau du ciel", s'enthousiasme Oliver Dehning , le directeur général de antispameurope GmbH , qui fournit un logiciel de protection contre les spams. "C'est un peu l'occasion de se venger et de protéger notre marché intérieur", a-t-il confié à la journaliste du Wall Street Journal.

Le respect de la vie privée devient un nouvel argument commercial, un nouvel avantage concurrentiel des services allemands face aux américains. "Une aubaine pour des européens qui ont longtemps cherché un avantage sur Google et Microsoft" commente le Wall Street Journal.

En Europe, certains défendent la création d'un "euro nuage"

L'intérêt pour ces questions dépasse le cadre national. Une loi européenne sur la protection des données personnelles est en cour de négociation au sein de l'Union européenne. Plusieurs dirigeants européens militent pour la création d'un "euro nuage", dans lequel les données pourraient être partagées au sein de l'Europe, mais pas en dehors de ce territoire.

Cet été, la vice-présidente de la Commission européenne Hollandaise Neelie Kroes faisait valoir que: "La vie privée n'est pas seulement un droit fondamental (…) son respect peut aussi être un avantage concurrentiel", lors d'un déplacement en Estonie.

De son côté, le Brésil est en train de réfléchir à une loi exigeant que les données des internautes Brésiliens soient stockés sur des serveurs dans leur pays. En Inde, les autorités envisageraient carrément d'interdire aux fonctionnaires d'utiliser les services de messagerie de Google et de Yahoo !.

La confidentialité a un prix !

La prise de conscience s'avère mondiale. La contrepartie ? Le coût bien sûr. Car installer ses propres serveurs sur le sol national, cela coûte cher. Le caractère payant du service sera sans nul doute un frein à son développement. Difficile de rivaliser face aux économies d'échelle dont bénéficient les grandes entreprises américaines, déjà largement majoritaire sur ce marché.

Les compagnies de la Silicon Valley ont-elles à craindre l'émergence de cette nouvelle concurrence ? Peut-être. En tous cas la Fondation américaine de l'innovation estime que les retombées de révélations sur les activités de la NSA pourrait faire perdre jusqu'à 35 milliards de dollars de revenus annuels à ces sociétés, et ce en grande partie à cause d'une érosion des parts de marché à l'étranger.

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>> A peine 25% du trafic web américain échappe à la surveillance de la NSA

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Commentaires 9
à écrit le 30/09/2013 à 9:29
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Les entreprises européennes n'osent pas y aller ou retardent leur passage au cloud du fait de l'affaire NSA. En attendant, les entreprises américaines y vont et gagnent en productivité. Au final, les 35 Mia$ perdus suite à l'affaire NSA seront largem...

à écrit le 30/09/2013 à 0:04
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J'ai beaucoup de difficultés à comprendre ce titre, parce que la réalité démontre plutôt l'inverse : les firmes américaines ont accès à l'essentiel de notre vie privée. Informatique et télécoms, tout est sous contrôle militaire et / ou commercial ang...

à écrit le 29/09/2013 à 12:05
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Quel avantage concurrentiel ? Le continent nord-américain héberge 80% des serveurs dans le monde, une situation de monopole donc. Autant dire qu'ils hébergent internet. Comment peut-on concurrencer si infra-structurellement on ne fait déjà pas le poi...

à écrit le 28/09/2013 à 19:30
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La confidentialité n'est pas possible du fait que la loi oblige les FAI à stocker les données personnelles de navigation. Même si la loi oblige un stockage national, rien n'empêche de sous-traiter à l'étranger le travail d'analyse des données. Il y a...

le 28/09/2013 à 21:07
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Si on en arrive à vouloir que les données soient stockées dan le pays de l'internaute ou dans l'UE, on peut parier que tout ce que vous mentionnez suivra. C'est amusant comme angle de contre-attaque, parce que cela revient à du protectionnisme, mais ...

le 28/09/2013 à 23:37
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@ Hum : n'empêche, Galileo était nécessaire. La protection de nos données pourrait-elle aussi être une nécessité?

le 30/09/2013 à 5:21
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Galileo est juste par principe, mais victime de la desunion europeenne. L'idee du nuage europeen est juste aussi mais risque d'echouer pour les memes raisons tant que le loup reste dans la bergerie: La Grande Bretagne.

le 30/09/2013 à 13:14
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@ARTIS: Oui, effectivement, La perfide Albion, espion déclaré au profit des USA. De Gaulle l'avait bien dit, et il avait raison, il ne fallait pas intégrer la Grande Brteagne à l'Europe. Et on le voir bien, l'UK ne fait que freiner les projets de dév...

le 30/09/2013 à 21:24
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C'est exactement cela. L'erreur d'analyse est de comparer des serveurs nationaux avec des serveurs internationaux. Les serveurs nationaux n'ont pas besoin d'avoir la taille des internationaux. Et le coût n'a rien à voir avec les contribuables puisque...

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