Qu’attendent les jurés du concours i-Lab ?

Les exigences des 48 experts qui composent le jury national du concours i-Lab sont à la hauteur des enjeux. Énormes. Quelques-uns ont bien voulu en dire plus, afin d’éclairer les candidats à venir.
Ludovic Le Moan, dirigeant de Sigfox et président du jury national 2019, pour la deuxième année consécutive.
Ludovic Le Moan, dirigeant de Sigfox et président du jury national 2019, pour la deuxième année consécutive. (Crédits : DR)

Qui, parmi les candidats au concours i-Lab, retiendra l'attention des membres du jury national et recevra un prix, assorti d'une enveloppe financière de nature à accélérer son aventure entrepreneuriale et faire en sorte qu'une découverte dans un laboratoire devienne un produit commercialisé ? S'il est impossible pour les candidats de rester sereins avant le verdict, qui tombe chaque année au début de juillet, certains membres du jury national, lequel est composé de 48 experts - chefs d'entreprise, chercheurs, anciens lauréats, startuppeurs, ingénieurs, consultants, investisseurs - ont bien voulu détailler leurs attentes. Une façon d'aider les futurs candidats à se positionner.

« Le concours i-Lab est l'un des plus fortement dotés en argent public, il s'agit donc d'utiliser le mieux possible ces fonds, pour qu'ils servent aux meilleurs, ceux qui ont le plus de chances de réussir commercialement », prévient d'entrée de jeu Ludovic Le Moan, dirigeant de Sigfox et président du jury national 2019, pour la deuxième année consécutive. Quelles sont donc les caractéristiques exactes des « meilleurs » et de leurs dossiers ?

Première exigence

La première exigence des jurés, détaillée par Pascale Augé, présidente d'Inserm Transfert et vice-présidente du jury national pour la troisième année : l'équipe. « Elle doit être complémentaire en matière de compétences techniques, stratégie business, commerciale, réglementaire, développement, industrialisation... avec un porteur de projet ou un dirigeant fortement engagé en termes de temps et d'apport financier, à la mesure du projet. »

Deuxième exigence

Le marché, que l'on retrouve chez tous les jurés, tel Cédric Favier, lauréat d'un grand prix i-Lab en 2005 avec la société Signoptic, et membre du jury national pour la première fois en tant qu'investment director de la société Elaia. « Au-delà d'une excellente adéquation entre l'expertise d'une équipe et les enjeux particuliers du projet, il faut une technologie prometteuse et un besoin de marché avéré et bien identifié », dit-il. « Nous portons notre attention sur les enjeux environnementaux, sociétaux, de santé et autres, en somme, sur les usages des technologies présentées », précise de son côté Agnès Fritsch, business and sales, management of IoT solutions chez Altran Connected Solutions, et membre du jury.

Troisième exigence

La vision en matière de développement, décrite par Pascale Augé comme suit : « La technologie ou le produit devront être adossés à un plan de développement et d'industrialisation aux standards internationaux du secteur industriel du projet, dans la mesure où toutes ces sociétés sont appelées à prendre leur envol à l'international très rapidement. » Attention : « Les étapes de mise à l'échelle de la technologie ou de la production du produit sont particulièrement à travailler car, généralement sous-estimées, il en résulte bien souvent un retard important pour ces jeunes entreprises », prévient-elle.

Quatrième exigence

Décrite par Bernard Monnier, président de MIM (une méthode d'évaluation du potentiel d'innovation) et nouveau membre du jury national : « L'élément différenciant de l'offre devra apporter une valeur ajoutée telle qu'un client sera prêt à payer le prix fort pour acquérir cette offre. Et cet élément différenciant devra avoir fait l'objet d'une attention particulière sur la protection (brevet, secret, marque...) afin d'éviter de nouveaux entrants d'aller mettre en difficulté l'organisation à l'origine de l'idée. » Autrement dit, une barrière à l'entrée la plus forte possible.

Cinquième exigence

« Si possible, des premières marques d'intérêts industriels ou d'investisseurs », déclare Pascale Augé. Et, bien sûr, une grande maturité. Ainsi, si le plan de développement doit être ambitieux, il doit également être réaliste.

« Le concours a réussi à concilier deux dimensions, à savoir une vraie sélectivité à l'aide d'un processus qui a fait ses preuves, et en même temps la capacité à financer un nombre significatif de lauréats », conclut Frédéric Iselin, professeur affilié à HEC Paris et directeur du Centre d'entrepreneuriat & d'innovation et l'un des quatre vice-présidents du jury national. De fait, les prix, nombreux au fil des années, sont assortis d'une enveloppe de nature à accélérer le déploiement de la société créée, et surtout, de mettre des innovations, dans les domaines de la santé, de l'environnement, de l'Internet, de l'industrie... à portée des citoyens, en améliorant leur qualité de vie.

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