Cinq choses à savoir sur le smartphone créé par le cofondateur d'Android

Andy Rubin a dévoilé les caractéristiques techniques de son Essential Phone, un smartphone Android haut de gamme qui présente un aspect modulable.
Laszlo Perelstein
Pour écouter de la musique et converser avec un kit mains libres, il faudra passer par le Bluetooth ou utiliser l'adaptateur fourni avec.

Douze ans après le rachat de sa cocréation, Android, par Google et trois après son départ de la firme de Moutain View, Andy Rubin s'émancipe des constructeurs de smartphone. Le cofondateur du système d'exploitation mobile le plus répandu au monde présente son propre appareil et compte bien rivaliser avec les Apple, Samsung, Huawei et autres constructeurs chinois. Après avoir été entre-aperçu dans un tweet fin mars, l'Essential Phone a été dévoilé en détails par The Verge mercredi 31 mai.

■ Des caractéristiques qui rivalisent avec les meilleurs du marché

Décrit par le site spécialisé comme un "projet incroyablement audacieux et ambitieux", ce smartphone rectangulaire aux bords arrondis possède un (grand) écran de 5,7 pouces (14,7 cm) qui occupe la quasi-totalité de la face avant et englobe la caméra frontale de 8 mégapixels placée centralement en haut de l'écran. Un placement quelque peu particulier au premier abord pour cet appareil photo en 4K, souligne Dieter Bohn, journaliste de The Verge qui a eu une première version de l'appareil en main, mais où Android n'affiche presque pas d'informations en dehors de la barre de notifications. Outre ce premier objectif, le mobile est équipé de deux autres capteurs de 13 mégapixels au dos - l'ajout d'un second capteur permet de mieux saisir les situations en cas de faible luminosité -, également capables de prendre des photographies et vidéos en 4K.

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À l'intérieur de l'appareil construit notamment avec du très résistant titane, on retrouve des classiques du haut-de-gamme Android : un processeur Qualcomm Snapdragon 835 - il fait notamment tourner les Samsung Galaxy S8 et S8 Plus, Xiaomi Mi 6 et HTC U11 -, 4 Go de RAM, une batterie de 3040 mAh avec recharge rapide qui le place plutôt dans le haut du panier et 128 Go de stockage, mais il n'est fait nulle part mention d'une carte micro-SD pour rajouter de la mémoire.

■ Des accessoires à "clipper"

Alors que Google a suspendu son projet de smartphone en kit et que les projets existants peinent à rivaliser avec les constructeurs déjà bien établis, l'Essential Phone s'aventure (timidement) sur ce terrain en vendant une caméra à 360° qui vient se clipper magnétiquement à l'arrière du smartphone. La présence de deux emplacements magnétiques signale également qu'une gamme plus complète d'accessoires devrait venir se joindre petit à petit à l'écosystème déjà existant.

[La caméra à 360° de l'Essential Phone. Crédits : Essential]

■ Aucune prise jack

Au plus grand regret de nombre d'utilisateurs, le seul branchement disponible se fait via un port USB-C - il permet notamment d'alimenter un périphérique extérieur et de transférer des données plus rapidement -, Andy Rubin ayant choisi d'emprunter la même route qu'Apple et de supprimer le port jack 3.5 mm, sur lequel il est possible de brancher les casques et écouteurs filaires. Pour écouter de la musique et converser avec un kit mains libres, il faudra donc passer par le Bluetooth ou utiliser l'adaptateur fourni avec. Point positif néanmoins : il sera possible de recharger le téléphone grâce à une station "Click", ce qui libérera le port USB-C pour d'autres usages. Une fonctionnalité qu'Apple n'a d'ailleurs pas jugé bon d'ajouter sur les iPhone 7 et 7 Plus.

■ Un segment de prix dominé par l'iPhone

Commercialisé pour 699 dollars avec les premières livraisons prévues pour fin juin, l'Essential Phone se lance dans un segment compétitif privilégié par les constructeurs historiques qui y réalisent de plus importantes marges et subissent moins la concurrence chinoise, très présente sur les mobiles à moins de 300 euros et s'aventurant de plus en plus sur le milieu/haut de gamme. Pour l'heure, c'est Apple et ses différents iPhones qui dominent très largement le segment, avec 58% de parts de marché en 2017 (contre 57% en 2015), selon les estimations d'une étude Crédit Suisse parue fin 2016 et relayée par Business Insider. La marque à la pomme écrase Samsung (23% selon les projections 2017 contre 27% en 2015), tandis que le chinois Huawei s'affiche à la troisième place (environ 6%, contre moins de 2% en 2015).

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Et si le secteur des smartphones a connu un meilleur début d'année que prévu - une croissance de 4,3% au premier trimestre sur un an contre 3,6% prévu selon IDC, le cabinet Gartner estime lui la croissance à 9,1%  et IHS Markit table sur 0,1%, soulignant néanmoins l'entrée dans un "super cycle" pour l'industrie -, ce sont surtout les smartphones à plus bas prix qui ont fait office de locomotive.

"Malgré la popularité et l'engouement médiatique autour des appareils premium, nous continuons d'assister à un changement dans le portefeuille des nombreuses entreprises orienté vers des appareils abordables avec un style premium, [...], permettant au consommateur moyen de se lancer dans la marque sans un lourd investissement initial", explique Anthony Scarsella, directeur de recherche chez IDC cité dans le communiqué.

■ Softbank voulait investir 100 millions de dollars dans le projet mais a reculé à cause d'Apple

À l'origine de nombreux investissements dans les nouvelles technologies - il a notamment racheté le spécialiste français de la robotique Aldebaran -,  SoftBank comptait investir 100 millions de dollars dans la startup Essential Products d'Andy Rubin. Mais le géant japonais a abandonné le projet, notamment à cause de ses liens étroits avec Apple, a rapporté mi-mars le Wall Street Journal, citant des personnes proches du sujet. Selon ces sources, le coup d'arrêt est survenu alors que les contrats d'investissements qui valorisaient la jeune pousse un milliard de dollars, étaient en train d'être finalisés.

L'opérateur télécoms japonais est en effet à l'origine du Vision Fund, un fond d'investissement de 100 milliards de dollars destiné aux hautes technologies et dans lequel la firme à la pomme a mis 1 milliard de dollars. "Bien qu'Apple n'a pas bloqué l'accord, d'après ces personnes, son investissement a compliqué la prise d'intérêt de SoftBank dans une entreprise de smartphones rivale", écrivait alors le WSJ.

Laszlo Perelstein

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