Industrie agroalimentaire : quelle est la stratégie de Vitagora pour faire briller la filière en Bourgogne-Franche-Comté ?

Créé il y a 17 ans, le pôle de compétitivité basé à Dijon, a bien évolué. Il réunit désormais près de 660 membres et possède deux bureaux à l’étranger : au Japon et au Rwanda. Sa mission ? Construire une filière agroalimentaire innovante et résiliante tout en contribuant à l’attractivité et au rayonnement de son territoire. Zoom sur les défis d’un secteur en pleine mutation.
En Bourgogne-Franche-Comté, l'agroalimentaire représente 910 entreprises et 18 660 salariés.
En Bourgogne-Franche-Comté, l'agroalimentaire représente 910 entreprises et 18 660 salariés. (Crédits : Amandine Ibled)

« L'agroalimentaire est le premier secteur industriel en France, et emploie 435 000 personnes », selon l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA). En Bourgogne-Franche-Comté, c'est l'un des trois secteurs stratégiques de la région, avec 910 entreprises et 18 660 salariés.

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Malgré les crises traversées récemment (Covid-19, conséquences de la guerre en Ukraine...), la filière est résiliente et continue de croître. Un indicateur de sa croissance est l'emploi en augmentation : +1,9% de salariés permanents en un an en 2022, selon une étude menée par la Dreets et la Draaf Bourgogne-Franche-Comté intitulée « Conjoncture dans l'industrie agroalimentaire 2022 ».

Si l'image de la Bourgogne-Franche-Comté rayonne déjà grâce au vin, à la moutarde, à ses fromages, au pain d'épice ou encore à la crème de cassis, plusieurs entreprises innovantes illustrent cette dynamique. L'entreprise Coquy, dans le Doubs, par exemple, a créé un nouveau centre de conditionnement pour produire un œuf 100% local. Elle a ainsi généré 10 postes supplémentaires en 2022.

De son côté, le groupe Bel, dans le Jura, a innové en créant la première « Vache qui rit » végan, à base de lait d'amandes, permettant la création de 20 postes. Quant à Eurogerm, à Dijon, il vient de poser la première pierre de sa nouvelle usine de levain 100% français dans laquelle il a investi 21 millions d'euros.

Les départements les plus dynamiques dans ce secteur sont la Côte-d'Or, la Saône-et-Loire, le Jura et le Doubs. Quatre productions majeures se distinguent : les produits laitiers (38%), la transformation de viande (22%), la vigne et vin, champagne (15%), et les produits à base de céréales (15%).

Une dizaine de risques identifiés pour la filière

Afin de mieux connaître les besoins de son territoire, Vitagora a réalisé un diagnostic de la filière. Objectif affiché, mettre en évidence les risques auxquels sont confrontées les entreprises de la région. Au total, une dizaine de thématiques sont ressorties comme le recrutement et la fidélisation des salariés, le prix des matières premières, les problématiques de la logistique, la gestion de l'eau, la complexification de la réglementation, l'évolution des attentes des consommateurs, et les risques et opportunités des nouvelles technologies (robotisation, cybersécurité, etc.).

« Cette étude des risques nous a permis d'élaborer notre plan d'actions stratégique 2023, en lien direct avec les besoins des entreprises », fait valoir Dorothée Cornilleau, responsable services à la filière agroalimentaire Vitagora.

Avec un budget qui est passé de 150.000 euros à la création à trois millions d'euros cette année, le pôle de compétitivité vise loin. Sa stratégie s'articule autour de cinq axes : l'entreprise responsable (en les accompagnant vers la transition écologique), la promotion de la filière et des métiers (en mettant les différents acteurs en relation), l'innovation (le pôle est reconnu avant-gardiste au niveau européen sur trois sujets aux enjeux de souveraineté alimentaire : les protéines alternatives, l'agroécologie et les ferments), l'internationalisation (grâce à ses deux bureaux à l'étranger) et l'attractivité territoriale (animation de l'écosystème et organisation d'événements internationaux tel que Vita'Connect à Dijon jeudi 6 avril).

la fromagerie Milleret a pu réaliser plusieurs recrutements de longues dates grâce à un évènement organisé par Vitagora

« Un coup de projecteur sur notre entreprise »

Lors d'un sondage réalisé par Vitagora en 2019, 61% des réponses données à la question « citez trois exemples d'emploi dans le secteur agroalimentaire » correspondaient à des emplois d'un autre secteur. Un chiffre qui montre la méconnaissance de ces métiers.

Pour pallier ce déficit d'image, Vitagora met en œuvre des actions auprès de groupes scolaires. Elle met également en relation les agences Pôle emploi avec les entreprises. Une opération de ce type a été menée avec la fromagerie Milleret, située en Haute-Saône. Elle a permis de réaliser plusieurs recrutements de longues dates.

« Une des plus grosses difficultés est d'attirer les talents techniques dans nos territoires. Cet évènement avec Pôle emploi a permis de mettre un coup de projecteur sur notre entreprise », se félicite Thierry Martin, directeur général de la fromagerie Milleret.

Le chef d'entreprise apprécie également les conseils en innovation du pôle de compétitivité. « Vitagora est un appui en termes d'outil de veille sur les nouvelles technologies qui se développent sur les ferments en France et à l'étranger », poursuit-il.

L'association professionnelle a rejoint le consortium public-privé du Grand défi ferments du futur. Ce programme a bénéficié d'un soutien financier de l'État de plus de 40 millions d'euros sur dix ans pour accélérer la recherche sur les ferments et la fermentation. En tant que partenaire, Vitagora fait bénéficier à son réseau des opportunités de financements lié à ce programme.

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