IA : AnotherBrain lève 19 millions d'euros pour équiper les futures voitures autonomes

AnotherBrain affirme que sa puce peut révolutionner l'intelligence artificielle : consommation d'énergie plus faible, besoin en données moins importants, et possibilité d'expliquer ses résultats. De quoi convaincre plusieurs investisseurs de financer le déploiement de sa solution dans plusieurs secteurs, dont la voiture autonome.
François Manens
AnotherBrain développe une puce spécialisée en IA, qu'elle promet être plus efficace que les méthodes actuelles pour certaines tâches.
AnotherBrain développe une puce spécialisée en IA, qu'elle promet être plus efficace que les méthodes actuelles pour certaines tâches. (Crédits : AnotherBrain)

Départ canon pour AnotherBrain et ses circuits intégrés dédiés à l'intelligence artificielle. La pépite française vient de lever 19 millions d'euros, et espère ajouter six millions supplémentaires à ce montant d'ici fin décembre. AnotherBrain n'existe que depuis un an et demi, mais avait déjà réalisé une levée de 10 millions d'euros (menée par Aglaé Ventures) en amorçage, un montant conséquent à ce stade de développement.

Avec cette nouvelle somme, la startup veut lancer la commercialisation de son produit phare : une puce embarquée, qui ne nécessite d'après elle que très peu de données pour être efficace et peu d'énergie pour fonctionner. Avec cette technologie, elle vise plusieurs marchés, à commencer par l'IoT (internet des objets, ces objets qui répondent à des interactions) et la reconnaissance d'image. Mais à terme, elle espère surtout équiper les caméras des voitures autonomes. Une ambition élevée qui a convaincu un ensemble d'investisseurs divers : le fonds dédié à l'IA Alpha Intelligence Capital, Laurent Dassault, SEB Alliance et Robinson Technologies, tandis que les français Daphni et Cathay Capital, déjà au capital, remettent au pot.

Amener l'intelligence artificielle au-delà de l'apprentissage profond

Actuellement, le terme intelligence artificielle est souvent assimilé à l'apprentissage machine (machine learning), voire à une de ses sous catégories, l'apprentissage profond (deep learning). Les défauts de cette dernière technique sont connus : le deep learning a besoin d'un important volume de données pour être efficace, ainsi que d'annotations effectuées par des humains. De plus, les modèles consomment beaucoup d'énergie, notamment pour leur phase d'entraînement. Pour finir, les résultats obtenus avec les modèles d'apprentissage profond sont impossibles à retracer, et donc à expliquer, par exemple lors d'une enquête ou d'un audit. Ce manque peut avoir d'importantes conséquences quand, par exemple, dans le cas de la conduite autonome, une erreur du système entraînerait la mort d'un humain.

C'est ici qu'intervient AnotherBrain : avec sa technologie maison "d'intelligence artificielle organique", la startup promet de résoudre tous ces problèmes et d'exceller notamment dans les tâches de reconnaissance d'image.

"Notre technologie a le pouvoir de transformer tout capteur en capteur intelligent, capable de renvoyer une interprétation de son signal, plutôt qu'un flot de données brutes", explique le fondateur Bruno Maisonnier dans les colonnes de Sifted.

Sa puce dédiée à l'IA serait peu énergivore, n'aurait pas besoin de beaucoup de données pour fonctionner, et permettrait d'expliquer le chemin de décision. Pour l'instant, seule la suite logicielle est disponible, mais la jeune pousse est prête à commercialiser son circuit intégré.

"Cette technologie disruptive est désormais démontrée grâce aux réussites des preuves de concept réalisées en partenariat avec plusieurs entreprises du Fortune 100 [classement de référence du magazine Fortune, ndlr ]", promet l'entreprise dans son communiqué de presse.

Sa technologie serait "plus proche du fonctionnement du cerveau humain", car pour chaque nouvelle tâche à effectuer, elle "s'appuie sur les apprentissages précédents". Mieux, elle serait capable de trouver elle-même les récurrences dans les données qu'elle reçoit et de les intégrer sans intervention humaine, alors qu'à l'heure actuelle, même les meilleurs modèles d'IA ont besoin d'annotation humaine.

Lire aussi : Bruno Maisonnier : "Qualifier d'intelligence le 'couple' deep learning et réseaux de neurones, est une usurpation"

Dans le viseur : l'industrie, puis la voiture autonome

Parmi les nouveaux investisseurs, un appui de poids, celui du groupe spécialisé en ingénierie Astek (au travers de Robinson Technologies). "En tant qu'un des leaders d'intégration de système, Astek est bien positionné pour faire avancer cette IA disruptive, d'abord dans le secteur industriel, puis puis généralement dans toutes les applications IoT", écrit Jean-Luc Bernard, le CEO d'Astek Group, dans le communiqué. Pour l'instant, AnotherBrain ne travaille qu'avec cinq grands comptes dont quatre cas de contrôle de qualité industrielle, d'après les Echos, et pourrait s'appuyer sur ce nouveau réseau pour conquérir ce marché.

Pour se développer, AnotherBrain peut également compter sur la réputation de son fondateur, Bruno Maisonnier. Il avait, au milieu des années 2000 créé Aldebaran Robotics, l'entreprise derrière les robots émotifs Nao et Pepper, qu'il a ensuite vendue au géant japonais Softbank pour 100 millions de dollars.

Avec cette levée, AnotherBrain compte doubler ses effectifs de 38 à 76 salariés, avec un renforcement de sa division commerciale mais aussi de la R&D. Et le fondateur se voit déjà en géant de la reconnaissance d'image : à Sifted, il indique que ses capteurs intelligents permettraient aux voitures d'atteindre la parfaite conduite autonome "d'ici le milieu de la prochaine décennie".

François Manens

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