Pour appuyer leurs ambitions, les legaltechs françaises réunissent leurs forces

L'association de startups France Digitale a créé un groupe "French Legal Tech" en son sein, afin de fédérer ces jeunes pousses qui s'attaquent au marché du droit. En unissant leurs forces, les legaltechs espèrent peser plus dans les discussions avec les instances représentatives des professionnels du droit, en plus de gagner en visibilité auprès des investisseurs.
François Manens
Les legaltechs sont des startups qui cherchent à innover sur le marché du droit.
Les legaltechs sont des startups qui cherchent à innover sur le marché du droit. (Crédits : Pixabay Licence)

Les legaltechs, ces startups qui souhaitent apporter leurs compétences numériques et leurs innovations sur le marché du droit, séduisent enfin les investisseurs. Le moteur de recherche juridique Doctrine avait levé 10 millions d'euros en juin 2018, la startup d'assistance aux démarches juridiques et administratives Legalstart a, quant à elle, levé plus de 15 millions d'euros en mars 2019.

Derrière ces deux locomotives, d'autres prennent leur envol : début juillet, LegalPlace récoltait 6 millions d'euros pour son logiciel d'automatisation des démarches, alors que fin juin, le logiciel de gestion de contrat d'Hyperlex levait 4 millions d'euros. Ces quatre startups ont décidé, avec vingt autres (en attendant d'autres éventuelles adhésions), de se réunir dans un groupe dédié, nommé French Legal Tech, au sein de l'association France Digitale. Le petit groupe affiche déjà des objectifs très ambitieux : faire émerger des "licornes" (startups valorisées à plus de 1 milliard d'euros) ou, du moins, des champions français. Plus raisonnablement, cette réunion de l'écosystème va leur permettre de gagner en visibilité auprès des investisseurs, de mieux profiter du réseau de France Digitale et d'avoir une voix plus forte dans le dialogue avec les instances représentatives des professionnels du droit.

Un marché encore verrouillé

Le marché du droit français, particulièrement réglementé, tarde à s'ouvrir aux innovations numériques. Comme nous le soulignons dans notre dossier sur le sujet, les legaltechs ne profitent que depuis fin 2016 de conditions favorables. Les articles 20 et 21 de la loi d'Axelle Lemaire pour une République numérique avait alors institué un régime spécial de mise à disposition au public de la plupart des décisions de justice, des données essentielles pour construire des outils numériques. Cependant, de nombreux blocages sont encore pointés du doigt par les startups : manque d'open data, absence de reconnaissance de la signature électronique par l'administration, ou encore, réticence des professions réglementées (avocats, notaires, huissiers) à partager leurs informations. Autant de chantiers de négociations auxquels le groupe French Legal Tech pourra profiter de sa voix unifiée.

Une toute petite niche, mais un gigantesque marché

Si France Digitale peut afficher des ambitions en apparence démesurées, c'est notamment car le marché du droit français s'élevait à 31 milliards d'euros en 2017, d'après une estimation de l'Observatoire des acteurs économiques du droit. Mais les legaltechs françaises n'ont levé que 24,6 millions d'euros en 2018 (Baromètre des legaltechs, par Wolters Kluwer et Maddyness), dont 10 millions d'euros pour Doctrine. Un montant dérisoire comparé aux autres secteurs de la French Tech, alors même qu'un grand boom s'est opéré aux Etats-Unis.

D'après Forbes, les legaltechs américaines ont levé plus de 1,6 milliards de dollars en 2018, une augmentation de 713% des investissement par rapport à 2017! DocuSign (560 millions d'euros) et Legal Zoom (446 millions d'euros) ont établi des records pour le secteur et se sont hissées au rang de licornes.

Forcément, les startups françaises espèrent conquérir le marché national avant l'arrivée de ces géants. En tout cas, Nicolas Brien, directeur général de France Digitale, y croit :

"La France a des atouts formidables pour devenir un leader en matière de LegalTech. En créant un groupe dédié au sein du plus grand réseau de startups et d'investisseurs d'Europe, nous leur donnons les moyens de faire entendre leur voix et de devenir nos futurs champions !"

François Manens

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Commentaire 1
à écrit le 18/07/2019 à 8:28
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Un immense marché je ne sais pas mais un besoin impératif d'informer au mieux une population française sous dictature législative et des dizaine de milliers de lois et autres, qui augmentent chaque année et que normalement elle est censée connaitre, ...

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