L'innovation au service du sens, telle est le mantra de Delphine Barthe. C'est en œuvrant comme bénévole auprès d'une association de dons aux personnes en difficulté, que l'entrepreneuse lilloise a eu l'idée de mettre le numérique au service des personnes qui peinent à trouver un logement. Plus précisément, c'est lors d'une distribution d'aide alimentaire, qu'elle rencontre une famille à la rue, vivant sous une tente, squattant la friche de l'ancienne gare de marchandise de Saint-Sauveur à Lille. Elle est touchée par ce couple avec enfants, dont la femme est enceinte, et qui ne trouve aucun logement...
« Je voulais au départ simplement les aider à se loger car c'était impensable que ce bébé vienne au monde dans ces conditions », explique Delphine Barthe. La trentenaire déniche alors un appartement inoccupé depuis plus de trois ans, et un propriétaire qui accepte de le louer. Restait une condition : que le dispositif soit encadré et sécurisé pour les propriétaires comme pour la famille qui en bénéficie. « Par la force des choses, j'ai dû créer un nouvel outil juridique, un contrat de prêt de logement, et l'assortir des assurances et garanties nécessaires pour rassurer les deux parties ». Stirrup était né.
3 millions de logements vacants, 150.000 personnes sans abri
En faisant des recherches, Delphine Barthe se rend compte du nombre considérable de logements inoccupés : il y aurait en France 3 millions d'habitations vacantes... mais pas loin de 150.000 personnes sans domicile fixe. Et si le dispositif qu'elle a mis en place une première fois pouvait aider bien plus de personnes ? Il faudrait pour cela un outil simple, numérique, sécurisé, avec un cadre rassurant pour les propriétaires.
Elle fonde alors Stirrup (étrier en anglais) en 2017. La créatrice n'en est pas à son coup d'essai : elle avait déjà mis au point un bracelet d'alerte pour personnes âgées à domicile, baptisé Smart Alert.
« Le but de Stirrup, c'est de remettre le pied à l'étrier des personnes en précarité face au logement, en proposant une solution clefs en main à la fois pour les propriétaires mais également pour les associations de réinsertion : ces logements tremplins ont vocation à durer six mois ».
Durant cette période, le néo-locataire n'est pas pour autant livré à lui-même : les associations effectuent un accompagnement avec le suivi mensuel du logement, la garantie du paiement des charges et l'accompagnement social, en travaillant notamment sur le retour à l'emploi et la recherche d'un logement cette fois-ci plus pérenne.
Le modèle économique, un peu à la manière des sites de location saisonnière, est de facturer des frais de service récurrents et mensuels. Il existe trois forfaits de frais de service : 50, 75 et 100 euros par mois, en fonction des économies réalisées par le propriétaire et le degré des services apportés par Stirrup. Les acteurs de l'insertion évitent, de leur côté, de payer des nuits d'hôtel en urgence, ce qui est coûteux et ne permet pas aux structures d'entraide de proposer une vraie solution de transition.
Avantageux pour les propriétaires
Reste le plus difficile : trouver des propriétaires qui veulent louer leur bien, même inoccupé, pour une courte période de six mois, à des personnes en difficulté. Alors, Delphine Barthe a l'idée de transformer la location d'urgence en investissement rentable pour les propriétaires. Son secret : leur proposer des astuces fiscales.
Le prêt gratuit permet par exemple de défiscaliser jusqu'à 66% du montant du loyer qu'ils offrent, via ce don à une association d'intérêt général (par exemple pour un loyer offert de 800 euros, la réduction fiscale mensuelle serait de 530 euros). Soit bien plus que certaines autres solutions de défiscalisation.
Pour Stirrup, il s'agit de réduire également le coût d'un logement vacant : l'entreprise l'estime à près de 2.500 euros par an, à cause du manque d'entretien, des dégradations du fait de la non-occupation voire même des risques de squattage.
Stirrup adresse désormais sa proposition aux propriétaires privés, aux bailleurs sociaux, aux collectivités et aux associations. Dans les mois à venir, l'entreprise sera accompagnée par Diversidays, une association d'égalité des chances. Une levée de fonds est en cours. « Notre ambition est de prêter 300 logements sur toute la France en 2022, de passer à l'échelle avec 1000 en 2023, puis 3000 en 2024 et d'accélérer à 30 000 logements à 5 ans », ambitionne la fondatrice.
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Le prix "10.000 startups pour changer le monde" est le plus grand concours de startups en France. Il est organisé par La Tribune en partenariat avec BNP Paribas, la Mission French Tech, Bpifrance, Business France, le ministère de l'Outre-Mer, Dalkia et l'Ordre national des experts-comptables.
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Ces gagnants se sont affrontés en finale le 14 mars en Paris, pour désigner parmi eux 9 grand prix nationaux : un par catégorie, ainsi qu'un prix Coup de Coeur, un prix Impact et un prix International. Un 10è prix a également été décerné à une startup des Outre-Mer, parmi trois pépites primées à La Réunion, dans la zone Caraïbes (Guadeloupe, Martinique, Guyane française) et dans la zone Polynésie (Tahiti, Nouvelle-Calédonie). Les 10 prix ont été remis le 28 mars 2022 au Grand Rex de Paris. Après sa victoire lors de la sélection régionale de Lille, Stirrup est le grand lauréat national dans la catégorie Smart tech - innovations d'usage.
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