Therapixel lève 5 millions d'euros pour mieux détecter le cancer du sein grâce à l'IA

Therapixel, pépite française de l'IA appliqué à l'imagerie médicale, basée à Sophia Antipolis, lève 5 millions d'euros en série A. Elle espère valider cliniquement son logiciel d'aide à la détection des cancers du seins d'ici la fin de l'année, pour le commercialiser dans un premier temps aux Etats-Unis.
François Manens
Les réseaux neuronaux développés par Therapixel repèrent les anomalies sur les radiographies.
Les réseaux neuronaux développés par Therapixel repèrent les anomalies sur les radiographies. (Crédits : MammoScreen)

Et si les radiologues pouvaient s'appuyer sur des algorithmes d'intelligence artificielle pour mieux détecter les cancers du sein ? La startup Therapixel a mis au point, MammoScreen un outil d'analyse d'images pour mieux repérer les éventuelles anomalies sur les mammographies. Leurs résultats prometteurs leur permettent aujourd'hui de lever 5 millions d'euros en série A, dans un tour de table mené par les fonds Omnes et M Capital Partners. Objectifs : améliorer la précision de leur outil de détection, puis valider cliniquement l'algorithme, afin de mettre le logiciel sur le marché d'ici début 2020.

3.000 clichés à analyser dans une seule mammographie

Dans l'état actuel de l'imagerie médicale, une mammographie contient jusqu'à 3.000 clichés à analyser. Un premier médecin détecte et caractérise les éventuelles anomalies, puis un second confirme ou infirme son analyse. L'algorithme d'apprentissage automatique de Therapixel intervient à la première étape, avec pour objectif d'être à la fois plus rapide et plus précis. La détection comporte deux risques : ne pas voir une anomalie, ou en voir une qui n'existe pas. Ces "faux positifs" suscitent de l'anxiété pour les patientes et poussent à réaliser des biopsies inutiles. En 2018, à partir d'une étude de référence, la startup annonçait détecter 75% de vrais positifs, contre 70% pour les radiologues. Mais ces différences de résultats varient selon les jeux de données mis à disposition.

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Therapixel a acquis sa notoriété sur le marché de la radiologie en remportant le Digital Mammography Dream Challenge, en 2017. Organisé par des grands groupes de la santé, mais aussi de la tech comme IBM et Amazon, le concours présentait un format proche d'un hackathon. En deux semaines, les 1.200 participants devaient faire émerger des propositions pour améliorer l'analyse des mammographies, et donc la détection précoce des cancers du sein. Les organisateurs leur ont fourni 640.000 images et un accès au cloud d'Amazon. Therapixel a décroché le premier prix et une enveloppe de 1,2 million de dollars.

Un pivot réussi

Spin-off de l'Inria Sophia Antipolis, la startup n'envisageait pourtant pas de s'immiscer dans ce marché à sa création, en 2013. La jeune pousse a d'abord développé un logiciel de visualisation des radiographies destiné au bloc opératoire. Nommé Fluid, l'outil permet aux médecins de consulter les radiographies, et de naviguer par geste dans l'interface, tout en restant à distance. Ce système permet d'éliminer la contamination de ses gants par le matériel informatique, et de gagner en temps d'exécution. Le produit, déjà commercialisé, leur avait permis de lever 600.000 euros en amorçage en 2015. Ses équipes de recherches sont à Paris, mais la partie développement de logiciel est resté à Sophia Antipolis.

Cette première levée de fonds marque un tournant dans l'organisation de Therapixel. Pierre Fillard, co-fondateur et jusque-là directeur technique, endosse les fonctions de directeur général. Il remplace l'autre co-fondateur, Olivier Clatz, nommé directeur du programme "IA et diagnostic" par le conseil de l'innovation depuis le 1er mars. Pour accompagner le développement de la jeune pousse, les actionnaires ont placé Sacha Loiseau comme président du conseil d'administration. Fondateur de Mauna Kea Technologie, il apportera son expérience couronnée de succès de dirigeant de Medtech.

François Manens

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