Financement des start-ups : les 4 mesures urgentes pour le numérique

L'association France Digitale, qui regroupe des entrepreneurs et des capitaux-risqueurs, demande une rénovation du crédit impôt recherche, une refonte du statut JEI qui serait fusionné avec le label Oseo, une mobilisation des capitaux de l'assurance-vie vers les PME innovantes et la reconduction des avantages fiscaux des FCPI.
A Nantes, de jeunes pousses rencontrent des investisseurs au salon Start West. DR.

Avant même les annonces de François Hollande sur la fiscalité des PME à la remise du prix de l'Audace créatrice, l'association France Digitale, qui regroupe plus de 100 entrepreneurs et capitaux-risqueurs, a publié jeudi matin sa liste de «4 mesures à inscrire dans la loi de Finances 2013, pour une France compétitive et créatrice d'emplois». Cette jeune association, lancée en juin dernier, qui rassemble le gratin de la scène start-up française (Alven, Elaia, IdInvest, Isai, Jaina, Partech, Sofinova, entre autres du côté des investisseurs, Appsfire, Captain Dash, Criteo, Dailymotion, E-buzzing, Sigfox, Withings etc du côté des entreprises), prône quatre grandes réformes fiscales susceptibles de favoriser l'émergence d'une industrie numérique forte.

? Exonérer des charges patronales mais pas de l'IS
La première concerne le statut de Jeune entreprise innovante (JEI), qu'il convient «d'optimiser et regrouper avec le label Oseo». Selon France Digitale, il faut étendre la notion d'innovation de la R&D à la conception (et donc au secteur des services), relever le plafond d'exonération des charges patronales de 180.000 à 1 million d'euros tout en l'ouvrant à d'autres métiers (designers, chefs de projet, juristes en propriété intellectuelle, etc) et supprimer l'exonération de l'impôt sur les sociétés (et IFA) qui n'est «pas perçue comme prioritaire». François Hollande a justement annoncé jeudi le «rétablissement intégral du statut JEI» dans sa version antérieure au coup de rabot de 2011, ce dont se sont félicités l'Association Française Des Editeurs de Logiciels (AFDEL), le Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV) et le Syntec Numérique. A voir si les propositions de France Digitale, qui vont plus loin, seront suivies.

? L'assurance-vie pour financer le capital-risque
L'association recommande aussi de «mobiliser l'épargne longue vers les PME innovantes». Concrètement il s'agit de fixer un quota de 0,2% à 0,3% de l'encours de l'assurance-vie qui serait affecté aux fonds de capital-risque qui aurait pris l'engagement de l'investir pour au moins 70% dans les PME labellisées JEI. Sur la base de l'encours actuel, ce serait entre 500 et 700 millions d'euros par an qui seraient ainsi réalloués vers le financement des start-ups. Une mesure qui aurait «un coût fiscal nul pour l'Etat», fait valoir France Digitale.

? Ponction sur le crédit impôt recherche aux grandes entreprises
Troisième mesure: revoir le crédit impôt recherche (CIR), à l'efficacité contestée. L'association propose de conditionner l'obtention du CIR aux grandes entreprises et à celles de taille intermédiaire (ETI) à l'investissement de 20% du montant perçu au-delà d'une franchise de 3 millions d'euros, dans des fonds de capital-risque dédiés aux JEI. «Ce dispositif aura le double avantage d'augmenter l'efficacité de l'innovation sans coût budgétaire supplémentaire pour les pouvoirs publics et d'instituer un dialogue, actuellement rarissime, entre PME innovantes et grands groupes», fait valoir France Digitale. A ce stade, François Hollande a uniquement évoqué l'extension du CIR à l'innovation.

? Simplifier et unifier les avantages fiscaux des FCPI
La dernière mesure porte sur les fonds communs de placement à l'innovation (FCPI), dont les montants collectés ont baissé de 60% en 2011 après la réduction du taux de déductions fiscales de l'impôt sur le revenu (passé de 25% à 22%). Avec les fonds d'investissement de proximité (FIP), ils ont représenté 49% des 451 millions d'euros récoltés par l'industrie du capital-risque en 2001, selon l'Afic. France Digitale craint une nouvelle baisse et milite pour le maintien d'un avantage fiscal de 50% sur l'ISF (plafonné à 18.000 euros par foyer fiscal) et une simplification du dispositif (un seul type de fonds de financement des PME, dont la moitié consacrée aux innovantes). Or le président de la République a affirmé que «tous les dispositifs fiscaux en faveur des PME seront préservés».
 

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Commentaires 7
à écrit le 21/09/2012 à 11:46
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Il semble y avoir un projet de nouveau PEA a destination des PME aussi (enfin). Avec une enveloppe totale de PEA(s) portée à 200 000 ou 300 000 euros (vs 132 000 actuellement). Voilà qui serait de nature à relancer la prise de risque, avec un finance...

à écrit le 21/09/2012 à 11:40
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Cela me laisse très dubitatif. En tant que fondateur de 2 start-up, dont Nevisto, et en tant qu'animateur d'un club de start-up (hors région parisienne il est vrai), nous ne pouvons que constater que la véritable problématique est effectivement le m...

le 21/09/2012 à 12:48
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Oseo que vous citez ne fait pas son travail, hors quelques soutiens clientellistes, des congrès ronflants mais vide de sens et de contenu, et des publicités à la télévision fort inutiles puisque Oseo ne regarde pas les dossiers qui lui sont présentés...

le 21/09/2012 à 15:55
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Pour ce que j'ai pu en voir par ma propre expérience et celle de mes collègues, Oseo est très performant, sélectionne les dossiers, fait un accompagnement sérieux et avec des conseils de très bon niveau. J'admet que mon expérience est limitée à Oséo...

le 21/09/2012 à 16:33
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Nevisto soutenu par Oseo fait 25 000 euro de Chiffre d'affaire en 2010, ce n'est donc pas représentatif de l'ambition industrielle de la France. JUSTEMENT, l'ECHEC AVéRé de Oseo ex Anvar est TRèS concret et très bien DéMONTRé dans les rapports sur l'...

le 21/09/2012 à 18:16
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Nevisto n'est pas un échec et continue à se développer. Le problème pour les jeunes start-up n'est pas Oséo, bien au contraire, mais le marque d'investisseurs en phase d'amorçage, voire de 1er tour et c'est là qu'on a un problème en France (Oséo ne p...

à écrit le 21/09/2012 à 8:40
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les contrats d'assurance vie vont bientot rapporter moins de 2% avant impots, alors perdre systematiquement 0.3% en plus tous les ans, ca va pas motiver grand monde; autant laisser trainer son cash sur son compte en banque....

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