La française S4M sort les crocs sur la publicité mobile

Sam4Mobile, startup spécialisée dans les campagnes ciblées auprès des mobinautes, vient de lever 6 millions d’euros auprès de Bpifrance et Entrepreneur Venture pour se renforcer à l’international.
Pierre Manière
Face à ceux qui critiquent une publicité trop intrusive, Christophe Collet juge que "seule la pub qui dérange est intrusive"...

Le marché de la publicité sur mobile est en plein boom. Et S4M - pour Sam4Mobile -, compte bien en profiter. Fondée en 2011, cette société française commercialise une solution intelligente permettant aux marques de mener des campagnes publicitaires ciblées auprès des mobinautes. Ce jeudi, elle vient de lever 6 millions d'euros auprès de BPI France et du fonds de capital-risque Entrepreneur Venture pour financer son développement.

La société, qui a déjà séduit des clients renommés (comme Renault, BMW, la Française des Jeux ou idTGV) se positionne en chantre de « l'efficacité publicitaire », selon les mots de Christophe Collet, son patron et fondateur. Concrètement, sa solution permet aux annonceurs d'acheter et de sélectionner les espaces publicitaires sur mobile qui correspondent le mieux à leurs attentes.

"Une marque arrive avec un produit, une cible et un parcours client. Grâce à notre outil, elle peut atteindre sa cible - des fashionistas, des fans de sport ou des fondus d'actualité par exemple - de manière extrêmement fine", résume Christophe Collet.

Le levier du Big Data

Pour orienter au mieux les campagnes publicitaires vers les supports et emplacements les plus prometteurs, sa société recourt largement au Big Data - soit la collecte et l'analyse massives des données des mobinautes pour connaître leurs usages (comme les sites visités, les appli utilisées...) et leurs profils - via une armada d'ingénieurs spécialisés. Aux yeux de Christophe Collet, le créneau constitue une mine d'or :

"Depuis longtemps, je suis persuadé que le mobile devient de plus en plus notre 'carte d'identité numérique', explique-t-il. Contrairement à un ordinateur fixe, le téléphone est un outil individuel : on ne prête pas son mobile à sa femme !"

Ainsi, le smartphone concentre des monceaux de données propres à son utilisateur, permettant de cerner sa consommation, ses habitudes, ses usages et ses goûts de manière très pointue. « Aujourd'hui, on traite 10 milliards de données par jour, assure Christophe Collet. En France, on dispose d'informations sur environ 25 millions d'individus. »

Mais là où la solution se démarque, c'est qu'elle permet d'avoir des retours en temps réel de l'impact d'une campagne. « Une fois lancée, nous disposons donc d'outils pour savoir précisément ce que fait le mobinaute », décrypte Christophe Collet. En fonction des premières données collectées, la solution permet de réorienter la campagne vers des supports plus porteurs pour la marque. Selon S4M, cette logique d'optimisation permet de maximiser le retour sur investissement de ses clients. « Pour une marque, l'important, c'est le niveau d'engagement, poursuit Christophe Collet. Pour Renault, une campagne doit donc se concrétiser par des demandes d'essais de voitures. Et pour la FDJ, par des prises de paris... »

100 collaborateurs d'ici à la fin 2015

Aujourd'hui, S4M revendique un portefeuille avoisinant les 150 clients. En 2014, la société a réalisé un chiffre d'affaires proche de 8 millions d'euros, et assure être à l'équilibre financier. Récemment, elle a ouvert des bureaux à Singapour, New York, Berlin, Londres et São Paulo. Avec la manne de sa levée de fonds, la société espère séduire étoffer sa clientèle et améliorer son produit. Avec le renfort attendu de commerciaux et d'ingénieurs, la société devrait presque doubler ses effectifs, et approcher la barre des 100 collaborateurs d'ici à la fin de l'année.

Confiant dans sa pépite, Christophe Collet se prend à rêver d'un avenir à la Criteo, le fleuron français du « reciblage publicitaire » sur Internet, coté au Nasdaq depuis 2013. Pour le patron de S4M, voici venu le temps « des années mobiles », dans le sillage de la démocratisation de la très rapide 4G. Il faut dire que la publicité sur smartphone constitue un gâteau appétissant. Selon le cabinet eMarketer, ce secteur pourrait peser plus de 100 milliards de dollars en 2016. Ce qui correspond à une progression de près de 48% en un an !

Des opportunités en France

Un créneau que Christophe Collet connaît bien. En 2003, alors fraichement diplômé de Sub de Co Bordeaux, il intègre PromoGolf, une société d'événementiel sportif. A l'époque, l'Internet mobile en est à ses balbutiements. SFR se lance dans le WAP, qui permet de consulter de façon rudimentaire des pages Web sur mobile. Dans ce bouillon, Christophe Collet se retrouve à développer ses premiers services exclusivement pour téléphone. « On a même développé un service de golf dating, rigole-t-il. C'était les années Meetic... » Plus tard, il fonde sa propre société de marketing mobile, Adenyo, qu'il revendra en 2011 à une société américaine pour 100 millions de dollars. Avec S4M, il poursuit donc son bonhomme de chemin.

Reste que dans l'Hexagone, les opportunités ne devraient pas manquer. De fait, les annonceurs français sont quelque peu à la traîne sur ce segment. Selon eMarketer, la publicité mobile devrait peser 1 milliard de dollars l'an prochain, contre 7 milliards au Royaume-Uni.

Pierre Manière

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