Le patron de Telecom Italia s’en va sur fond de brouille avec Vivendi

Flavio Cattaneo, le Pdg de l’opérateur historique italien, est en passe de quitter la tête du groupe. Depuis plusieurs semaines, ses relations avec Vivendi, le principal actionnaire de Telecom Italia, s’étaient tendues.
Pierre Manière
D’après une source proche du dossier citée par l’AFP, le ton récemment employé par le Pdg avec le gouvernement italien aurait particulièrement déplu à Vivendi.

Chambardement en vue à la tête de Telecom Italia. Flavio Cattaneo, l'actuel Pdg de l'opérateur historique, devrait ce lundi officialiser son départ, au terme d'une réunion du comité des nominations et rémunérations, suivie d'une réunion du conseil d'administration. Dans un communiqué publié vendredi, le géant transalpin des télécoms a précisé que ses instances dirigeantes examineraient « une proposition de fin consensuelle de la relation entre le groupe et M. Flavio Cattaneo ». Celui-ci devrait filer avec une grosse indemnité de départ, inférieure à 40 millions d'euros, selon plusieurs sources citées par Reuters.

La nouvelle n'a guère surpris les observateurs. Il faut dire que depuis plusieurs semaines, les rumeurs d'un départ de Flavio Cattaneo sont allées crescendo, sur fond de tension avec Vivendi, le principal actionnaire de l'opérateur historique italien. D'après une source proche du dossier citée par l'AFP, le ton récemment employé par le Pdg avec le gouvernement italien aurait particulièrement déplu au géant français des médias. Concrètement, Flavio Cattaneo était en conflit avec Rome concernant un projet de déploiement du très haut débit dans les zones rurales, jugées non-rentables.

Désaccord avec Rome sur le très haut débit

Telecom Italia avait, un temps, affirmé son intention de ne pas y installer ses infrastructures. Ce qui a obligé le gouvernement italien à subventionner certains appels d'offres. Mais au mois de mars, Telecom Italia s'est dit finalement prêt à déployer le très haut débit dans les zones concernées, estimant que les conditions de marché avaient changé. Un revirement qui a profondément agacé Rome, dans la mesure où il fragilisait les appels d'offres en cours. Telecom Italia a ensuite adouci sa position, jusqu'à, d'après Reuters, geler son projet de très haut débit dans les zones rurales.

Sous ce prisme, le départ de Flavio Cattaneo pourrait permettre à Vivendi de se rabibocher avec le gouvernement italien. Et ce, alors que la Consob, le gendarme de la Bourse italienne, enquête sur le rôle du groupe français vis-à-vis de l'ancien monopole d'Etat. La semaine dernière, l'institution a notamment téléguidé des perquisitions dans les bureaux de Telecom Italia à Rome et à Milan. D'après Le Monde, « si l'institution venait à prouver que Vivendi exerce un contrôle de fait sur l'opérateur italien, elle pourrait lui demander de consolider dans ses comptes tout ou partie de sa dette ». Ce qui constituerait « un risque financier majeur pour Vivendi ».

Un trio de dirigeants à la tête de l'opérateur ?

En outre, selon La Repubblica, Flavio Cattaneo était aussi en désaccord avec le groupe français, qui voulait lui adjoindre un directeur des opérations. Quoi qu'il en soit, d'après l'AFP, un trio de dirigeants pourrait vraisemblablement remplacer le Pdg. Celui-ci serait constitué d'Amos Genish, responsable de la convergence chez Vivendi, de Giuseppe Recchi, l'actuel vice-président, et d'Arnaud de Puyfontaine, l'actuel président de l'opérateur.

(avec agences)

Pierre Manière

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