La fin annoncée de News of the World embarrasse Murdoch et Cameron

Alors que Rupert Murdoch a annoncé la suppression de l'hebdomadaire historique, l'affaire retarde le rachat par News Corp. de BSkyB, tandis que David Cameron lui-même est affaibli par ce scandale.
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"The big stories start here", les grosses affaires commencent ici? Avec ce slogan, le plus ancien des hebdomadaires britanniques ne croyait pas voir si juste. Les événements s?enchaînent après l?annonce jeudi par James Murdoch, fils de Rupert, magnat mondialement connu des médias, de la fermeture du journal News of the World, qui publiera son dernier numéro ce dimanche.

"Un stratagème cynique"

La décision a été prise de façon abrupte, après qu?un nouveau scandale d?écoutes illégales a éclaboussé l?hebdomadaire, qui avait justement fait des scandales en tous genres sa spécialité ? révélations chocs, faits divers glauques, scandales sexuels etc. Surtout, l?affaire menace de gonfler : plus de quatre mille personnes auraient été mises sur écoute.

La situation est devenue en très peu de temps quasi-intenable pour le journal, duquel les principaux annonceurs se sont retirés. Mais la presse britannique analyse ce vendredi que le "sacrifice" de News of the World a été effectué aussi et surtout pour sauver le rachat de BSkyB, bouquet satellitaire hautement rentable, qui a dégagé 878 millions de livres de bénéfices net sur l?exercice clos fin juin 2010, contre "seulement" 10 millions pour le journal.

"Murdoch se bat pour maintenir le rachat de BSkyB sur les rails", avance le Daily Telegraph. "C?est un stratagème cynique pour tenter de se débarrasser des problèmes", a renchéri Lord Prescott, ex-vice-premier ministre, sur la BBC. Résultat : le rachat de 61% des parts de BSkyB, qui devait être finalisé dès la semaine prochaine, a été reporté au mois de septembre. L?action de BSkyB a chuté ce vendredi de 7,5% cette semaine.

Ce scandale est une véritable aubaine pour les "anti-Murdoch", qui voient d?un mauvais ?il l?extension toujours plus grande de l?empire médiatique du richissime homme d?affaires. Le ministre de la Culture, Jeremy Hunt, avait pourtant donné son feu vert fin juin sur ce rachat. Mais à la vue du scandale, le gouvernement britannique a demandé à l?Ofcom, le gendarme des communications, de revoir si l?offre de News Corp., le groupe de Rupert Murdoch, est "bonne et acceptable".

David Cameron entaché par l?affaire

L?affaire pourrait en rester là si Andy Coulson n?avait pas été embauché par David Cameron comme directeur de sa communication. Avant d?être recruté, il était rédacteur en chef de News of the World jusqu?en 2007, date à laquelle il avait dû démissionner, déjà pour des atteintes à la vie privée commises par plusieurs journalistes de sa rédaction.

Toujours en raison de ce même scandale, il avait dû démissionner à nouveau de Downing Street en janvier 2011. Il a été arrêté ce vendredi, a annoncé le chef de Scotland Yard, car les affaires des écoutes auraient été largement sous-estimées.

Contraint de se justifier, David Cameron a tenté de limiter la casse : "les choses doivent changer (?) Rien ne sera laissé de côté", a-t-il promis lors d?une conférence de presse improvisée. Le chef du gouvernement a aussi dû se justifier sur la proximité qu?on lui prête avec Rupert Murdoch : "la vérité est que nous sommes tous concernés: la presse, les hommes politiques, les dirigeants des partis - et je m'inclus dans ce nombre. Nous n'avons pas pris cette affaire à bras le corps", a admis David Cameron.

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