David Cameron dans la tourmente du scandale Murdoch

Le Premier ministre britannique, très proche du groupe Murdoch, voit sa légitimité sérieusement écornée.
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David Cameron a raccourci son voyage en Afrique du Sud. Il a également retardé d'une journée la fermeture de la session parlementaire afin de pouvoir s'exprimer mercredi, au lendemain de l'audition programmée ce mardi de Rupert Murdoch et de son fils James par le comité de la Chambre des communes. Le chef du gouvernement ne peut plus s'en cacher : le scandale des écoutes illégales du groupe News International est en train de faire vaciller son navire.

L'an dernier, sa proximité avec la famille Murdoch a sans doute facilité son élection grâce au soutien sans faille qui lui a été accordé à travers les journaux du groupe. Aujourd'hui, les photos et témoignages de ses dîners, de ses rencontres et même de ses escapades à cheval avec l'ancienne directrice du groupe de médias britanniques Rebekah Brooks, incarcérée quelques heures dimanche, mettent en cause son indépendance.

Cette relation n'est pourtant pas nouvelle. Conscient de l'influence au Royaume-Uni des médias du groupe News International, David Cameron, qui n'était alors que le chef de l'opposition et à propos de qui Rupert Murdoch avait dit en 2006 ne pas penser "grand-chose", a pris soin de se rapprocher de celui qui a longtemps été perçu comme un faiseur de roi. Après avoir été convié dans l'une de ses demeures, il est ainsi invité plusieurs fois en 2008, vols en jet privé offerts, sur son yacht pour des discussions privées, dont le contenu n'a jamais filtré. En 2009, le ministre travailliste Peter Mandelson l'accuse d'avoir signé un contrat moral avec Rupert Murdoch en échange de son soutien lors de l'élection de mai 2010. Même si David Cameron nie avec véhémence, "The Sun" apporte, peu de temps après, son soutien au parti conservateur, une première depuis 1997. Avec le résultat que l'on sait.

Son choix de nommer en 2007 Andrew Coulson comme son conseiller en communication quatre mois après sa démission de la direction de la rédaction de "News of the World" met également en question sa capacité de discernement. Même si David Cameron a assuré au Parlement accepter "l'entière responsabilité" de cette embauche, les Britanniques ne l'ont pas vraiment absous et l'arrestation d'Andrew Coulson a fini de semer le doute. Sa légitimité émiettée, sa capacité d'action future se retrouve désormais entre guillemets.

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