
La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Ce mardi, les journalistes des Echos ont appris que leur chef de file et directeur de la rédaction depuis dix ans, Nicolas Barré, serait bientôt remplacé. D'après La Lettre A, c'est Bernard Arnault, première fortune de France, patron de LVMH et actionnaire du quotidien économique, qui « a décidé de le destituer ». La lettre professionnelle précise que les relations entre les deux hommes « étaient tendues » depuis quelques mois « au sujet des choix éditoriaux » du titre.
Le départ prochain de Nicolas Barré a été confirmé aux journalistes des Echos par Pierre Louette, le PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, en fin d'après-midi. Le dirigeant a indiqué que son « remplacement » était en discussion, affirme la Société des journalistes (SDJ) des Echos dans un communiqué publié mardi soir, et qu'il serait « appelé à d'autres fonctions ». Pierre Louette a toutefois nié tout lien entre ce départ et la publication d'articles qui auraient fait grincer des dents Bernard Arnault. D'après une source au sein du journal, le patron du groupe Les Echos-Le Parisien a évoqué « plusieurs raisons [au départ de Nicolas Barré, Ndlr], dont des raisons personnelles », et que celui-ci « va conserver un rôle très important dans le journal ». Selon La Lettre A, c'est François Vidal, directeur délégué de la rédaction des Echos, qui « devrait le remplacer ».
Des articles auraient déplu à Bernard Arnault
Cela dit, « évidemment personne », au sein du titre, « ne croit » aux justifications avancées par Pierre Louette, ajoute notre source. Celle-ci évoque au moins deux articles récents qui auraient, semble-t-il, déplu à Bernard Arnault. L'un concernerait « des perquisitions fiscales chez LVMH », et l'autre serait une critique du livre de l'académicien Erik Orsenna sur les méthodes de Vincent Bolloré, le milliardaire à la tête du géant des médias Vivendi, qui a récemment racheté Lagardère.
Dans son communiqué, la SDJ des Echos s'est montrée, pour sa part, « très inquiète pour l'indépendance du journal », dont Nicolas Barré est, à travers ses fonctions, « le garant ». Elle estime que Pierre Louette n'a donné « aucun motif précis et solide » pour justifier son « départ ». La SDJ « ne peut s'empêcher de s'interroger sur le lien entre ce départ et la publication, ces dernières semaines, de plusieurs articles qui auraient déplu à l'actionnaire », insiste-t-elle. Interrogé par La Tribune, LVMH ne fait « aucun commentaire ». Également contacté, Nicolas Barré n'a pas donné suite à nos sollicitations.
Quand Arnault démentait tout objectif d'« influence »
Cette affaire intervient alors que les critiques vis-à-vis des empires médiatiques des milliardaires et industriels, comme Bernard Arnault, n'ont jamais été aussi fortes. En janvier 2022, le propriétaire de LVMH s'était présenté comme un simple mécène de la presse française, lors d'une audition au Sénat sur la concentration dans les médias. Il avait, alors, démenti tout objectif d'« influence » via ses titres, précisant que cette activité n'était « pas [sa] spécialité ». Et qu'il n'y consacrait « que peu de temps ».
- Lire aussi : Concentration des médias : Bernard Arnault dément tout objectif d'« influence » via ses journaux
Sujets les + commentés