Rachat de Lagardère : Vivendi sous la menace d’une amende pour ne pas avoir attendu l’avis de la Commission européenne

La Commission européenne a annoncé, ce vendredi, qu’elle enquête sur le rachat de Lagardère par Vivendi, soupçonnée de prise de contrôle anticipée. Si cette accusation est avérée, la commission pourrait infliger une amende allant jusqu’à 10% du chiffre d’affaires du Vivendi.
Vivendi pourrait écopper d'une amende de la Commission européenne si celle-ci juge que l'entreprise a fait une prise de contrôle anticipée.
Vivendi pourrait écopper d'une amende de la Commission européenne si celle-ci juge que l'entreprise a fait une prise de contrôle anticipée. (Crédits : Charles Platiau)

Carton rouge pour Vincent Bolloré ? Alors que son entreprise Vivendi est sur le point d'absorber son ancien rival Lagardère et que ce rachat a été autorisé par la Commission européenne le 9 juin, les choses se corsent pour le géant de l'édition et des médias.

En effet, la Commission européenne soupçonne le groupe de ne pas avoir attendu son feu vert pour lancer l'opération de rachat, ce qui est contraire aux règles de l'Union européenne et passible d'une amende.

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« Concernant le dossier Vivendi/Lagardère, la Commission a été informée d'allégations de prise de contrôle anticipée (gun jumping), rapportées dans la presse. La Commission peut confirmer qu'elle examine la question », a indiqué une porte-parole à l'AFP, sans donner plus de détails, soulignant qu'il ne s'agissait pas à ce stade d'une enquête formelle. Or, si une fusion de dimension européenne est mise en oeuvre avant d'obtenir le feu vert de la Commission, qui veille au respect de la concurrence dans l'UE, cette dernière peut imposer des amendes allant jusqu'à 10% du chiffre d'affaires total réalisé par les entreprises concernées.

Reporters sans frontières appelle l'UE à être plus regardant à l'égard de Vivendi

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a réclamé une enquête approfondie.

« Compte tenu des nombreux signaux attestant d'une emprise croissante de Vincent Bolloré sur les médias du groupe Lagardère avant même la validation du rachat, il est étonnant qu'une enquête pour prise de contrôle anticipée n'ait pas été lancée plus tôt », a estimé le secrétaire général de RSF Christophe Deloire. L'ONG pointe « les changements importants intervenus notamment dans les rédactions du Journal du Dimanche (JDD) et de manière plus prégnante encore à Paris Match ».

Vivdendi obligé de céder Editis et Gala pour absorber Lagardère

Après trois ans d'un bras de fer acharné, Vivendi, le groupe du milliardaire Vincent Bolloré, a été autorisé au niveau national et européen à absorber son ancien rival Lagardère. Mais la transaction ne se fera qu'à deux conditions : Vivendi doit céder sa filiale Editis, géante de l'édition, ainsi que le magazine Gala. L'opération devrait être actée d'ici la fin de l'année, et elle ferait passer le géant de l'édition et des médias dans une nouvelle dimension, avec un poids renforcé à l'international. Le groupe a d'ailleurs annoncé ce vendredi avoir conclu un accord en vue de la vente de 100% de sa filiale d'édition Editis à l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky. Cette cession, annoncée dans un communiqué sans précision de montant et qui doit « avoir lieu au plus tard (...) début octobre ».

Les cessions demandées à Vivendi ont pour objectif d'empêcher d'éventuelles pratiques anticoncurrentielles. Bruxelles redoutait que l'opération, telle que prévue initialement, « nuise à la concurrence » dans l'édition tout au long de la chaîne de valeur du livre, où Editis et Hachette se partagent presque à eux seuls certains segments, ainsi que dans la presse magazine, où Lagardère est bien implanté avec l'hebdomadaire Paris Match. Editis, acquis en 2019 par Vivendi, n'est autre que le numéro deux français de l'édition. On retrouve dans son pavillon des grands noms comme Robert Laffont, Nathan, Le Robert ou encore Pocket. Lagardère détient quant à lui le troisième éditeur mondial, Hachette Livre.

Vincent Bolloré et ses enfants, qui contrôlent Vivendi et sa cascade de holdings, avaient accepté dès l'été 2022 de se délester d'Editis. Le groupe s'est également engagé à vendre l'hebdomadaire d'actualité des célébrités Gala, qui se trouve sur le même segment d'information que Paris Match. Le titre « fait d'ores et déjà l'objet de nombreuses marques d'intérêt », d'après Vivendi. L'entreprise espère finaliser les deux opérations d'ici la fin octobre.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 17/06/2023 à 11:00
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Et fait les chèques aux bons dirigeants européens, oui ça ils n'aiment pas ça en UERSS empire prévu pour durer mille ans !

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