Scandale Cambridge Analytica : Meta va payer 725 millions de dollars pour mettre fin au procès, un record

L’entreprise américaine de Mark Zuckerberg, Meta (ex-Facebook), a annoncé jeudi qu’elle allait débourser 725 millions de dollars pour mettre fin au procès l’accusant d’avoir vendu les données de ses utilisateurs sans leur consentement à la firme Cambridge Analytica. Cette dernière les aurait ensuite utilisées pour favoriser la campagne de Donald Trump. Il s'agit du montant le plus élevé jamais payé pour mettre fin à un procès collectif sur les données privées.
Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, a accepté de verser 725 millions de dollars à la justice américaine pour enterrer le procès lié au scandale Cambridge Analytica. (Image d'illustration de Mark Zuckerberg)
Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, a accepté de verser 725 millions de dollars à la justice américaine pour enterrer le procès lié au scandale Cambridge Analytica. (Image d'illustration de Mark Zuckerberg) (Crédits : Leah Millis)

Le géant américain Meta, ex-Facebook, s'est finalement résolu à payer. Le groupe de Mark Zuckerberg, valorisé à 310 milliards de dollars à la bourse américaine, a accepté de payer 725 millions de dollars à la justice américaine pour mettre fin à un procès collectif réclamant des dommages et intérêts au réseau social accusé d'avoir laissé des tiers avoir accès aux données privées des utilisateurs, à l'instar de la société Cambridge Analytica.

Ce procès, lancé en 2018, aura donc fait plier le géant américain. « Les 725 millions proposés par l'accord constituent le montant le plus élevé jamais atteint dans un procès en nom collectif sur les données privées et jamais payé par Facebook pour mettre fin » à ce type de poursuite, ont affirmé les avocats de la défense dans un document judiciaire déposé auprès d'un tribunal de San Francisco, publié jeudi soir.

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En conséquence, Meta n'a reconnu aucune infraction et ne devrait pas être condamné, selon les termes de cet accord qui doit encore être approuvé par un juge. « Nous avons cherché un accord car cela allait dans notre intérêt et celles des parties prenantes. Ces trois dernières années, nous avons totalement revu notre approche concernant la vie privée et mis en place un programme pour en améliorer la protection », a déclaré Dina El Kassaby Luce, porte-parole de Meta.

Cet accord avait déjà été annoncé en août 2022 aux termes d'une conclusion préliminaire, alors que Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg, directrice générale qui a annoncé sa démission en juin après 14 ans dans l'entreprise, devaient témoigner devant la justice en septembre, dans le cadre de ce scandale. Toutefois, le montant demandé à Meta n'avait jusque-là pas été rendu public.

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Le scandale qui a fait de l'ombre à Facebook

À l'origine de ce procès retentissant : des poursuites engagées en 2018 par plusieurs utilisateurs de Facebook qui accusaient le réseau social d'avoir enfreint les règles de protection de la vie privée. D'après eux, la société Cambridge Analytica aurait collecté, exploité puis partagé les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs de Facebook, et ce sans leur accord. Plus grave encore, d'après le collectif, Cambridge Analytica, aujourd'hui fermé, aurait utilisé ces données pour influencer la campagne présidentielle américaine de 2016. Ces informations auraient en effet été utilisées pour élaborer un logiciel utilisé pour orienter le vote des électeurs américains en faveur de Donald Trump, le candidat républicain.

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En juillet 2019, les autorités fédérales avaient déjà imposé à Facebook une amende de 5 milliards de dollars pour avoir « trompé » ses utilisateurs, ainsi qu'un contrôle indépendant de sa gestion des données personnelles.

Le scandale a fortement impacté la vision de Facebook auprès du grand public. Depuis, le réseau social a supprimé l'accès à ses données à des milliers d'applications, soupçonnées d'en abuser, restreint la quantité d'informations accessibles aux développeurs en général et facilité, pour les utilisateurs, le calibrage des restrictions en matière de partage des données personnelles.

En Europe aussi, Meta est attaqué

Meta est aussi dans le viseur de la justice européenne. La firme de Mark Zuckerberg a aussi été sanctionné fin décembre 2021 par la Commission nationale information et liberté (Cnil) en France, qui lui a infligé une amende de 60 millions d'euros pour non-respect du Règlement général de protection des données (RGPD). En septembre 2022, au nom de l'Union Européenne, le régulateur irlandais a infligé une amende record de 405 millions d'euros à Instagram, filiale du groupe Meta, maison mère de Facebook, pour des manquements au traitement des données des mineurs. Enfin, en novembre dernier, Meta a écopé d'une amende de 265 millions d'euros auprès du même régulateur, agissant toujours pour le compte de l'UE, pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de ses utilisateurs.

Et les ennuis ne semblent pas terminés pour le géant américain, puisque le Comité européen à la protection des données (CEPD, qui rassemble les 27 autorités nationales de protection des données de l'UE, dont la Cnil française) a adopté trois décisions concernant l'entreprise, mardi 6 décembre. D'après le Wall Street Journal, le groupe des Cnil européennes considère que ses pratiques violent le RGPD, et demande ainsi une sanction financière conséquente et des changements rapides.

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D'après Politico, Meta aurait provisionné 3 milliards d'euros en anticipation des sanctions, même si le groupe estime officiellement que les textes adoptés le 6 décembre ne sont « pas la décision finale » et qu'il est « trop tôt pour spéculer ». Le montant de l'amende infligée par la Cnil ne sera en revanche connu qu'en janvier 2023.

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