Dans un contexte concurrentiel électrique, Ericsson continue sa marche en avant. L'équipementier télécoms suédois a levé le voile, ce mercredi, sur ses résultats au titre du premier trimestre. Entre janvier et mars, le groupe a réalisé un bénéfice net de 3,19 milliards de couronnes (314 millions d'euros), en forte hausse de 48% sur un an. Ses ventes se sont, elles, stabilisées à 49,78 milliards d'euros. Ericsson profite du déploiement de la 5G, qui s'accélère aux États-Unis, en Chine, et dans une moindre mesure en Europe. « Les ventes de réseaux ont connu une croissance organique de 15%, malgré une baisse des revenus des licences DPI (droits de propriété intellectuelle, Ndlr) » de 68% sur un an, a commenté Börje Ekholm, le PDG du groupe.
Les revenus des licences DPI ont diminué notamment en raison « de l'expiration de contrats en cours de négociation pour leur renouvellement, et de la baisse des volumes avec un titulaire de licence ». Fin 2020, Ericsson a déposé plainte aux États-Unis contre le géant sud-coréen Samsung. Il l'accuse d'avoir violé ses engagements contractuels concernant des licences de brevets, et avait déjà annoncé anticiper un effet du litige sur ses revenus à court terme. Le groupe suédois avait prévenu que le litige pourrait grever son résultat opérationnel de 1 à 1,5 milliard de couronnes par trimestre, à compter du premier trimestre 2021, notamment à cause de retards sur des revenus liés à des brevets.
« La demande en matière de 5G est très dynamique »
Malgré la concurrence du finlandais Nokia et du chinois Huawei, Ericsson continue d'engranger les contrats 5G. Aujourd'hui, il affirme en avoir signé 136 avec des opérateurs à travers le globe. « La demande mondiale en matière de 5G est très dynamique et les principaux marchés progressent à un rythme élevé, ce qui nous donne l'occasion de développer notre activité principale », indique le groupe dans son rapport d'activité.
Ericsson, qui considère que l'Europe prend du retard en matière de 5G vis-à-vis de la Chine et des États-Unis, espère que le Vieux Continent va passer à la vitesse supérieure. « En Chine il y a actuellement 800.000 stations de base 5G déployées, indique une source proche de l'équipementier. Et ils en déploient 15.000 par semaine. En Corée-du-Sud, il y a 130.000 stations de base 5G déployées. 90% de la population est couverte. Aux États-Unis, il y a 110.000 stations de base 5G déployées. Et en France, nous sommes à 2.000 [dans la bande de fréquences 'cœur' de la 5G, celle des 3,5 GHz, Ndlr]... » Selon cette source, le risque, c'est que les géants du Net de demain, ceux qui pourraient éclore sur les infrastructures 5G, soient tous chinois ou américains...
« En Chine, tout continue à bien se passer »
Ericsson semble, également, profiter des déboires de Huawei. Accusé d'espionnage par Washington, le groupe de Shenzhen s'est fait exclure, plus ou moins officiellement, de nombreux marchés européens, comme le Royaume-Uni ou la France, pour des raisons sécuritaires et géopolitiques. Dans ces pays, Ericsson est donc bien positionné pour accroître ses parts de marché... Cependant, les choses ne sont pas si simples. Toujours selon notre source, Huawei aurait tendance à baisser ses prix dans les pays où il n'a pas été banni pour y augmenter sa présence. Ce qui constitue, forcément, un problème pour le groupe suédois.
En outre, la Suède, patrie d'Ericsson, a pris des mesures, l'an dernier, pour chasser Huawei. L'industriel s'inquiète de possibles mesures de rétorsion de Pékin à son égard sur le marché chinois. Dans l'Empire du Milieu, Ericsson est, selon notre source, le dernier équipementier européen présent. En matière de 5G, il disposerait d'une part de marché d'environ 12%. Si celle-ci devait être revue à la baisse, ce serait fatalement un gros coup dur pour l'équipementier... Mais pour l'heure, « tout continue à bien se passer », a assuré ce mercredi Börje Ekholm, cité par l'agence de presse TT. « Nous continuons à honorer nos contrats, nous avons gagné des parts de marché en Chine », a-t-il renchéri.
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