L’Arcep inflige une amende de 300.000 euros à Free Caraïbe

Le gendarme des télécoms sanctionne l’opérateur de Xavier Niel pour ne pas avoir respecté ses obligations concernant le déploiement de son réseau mobile à très haut débit en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin.
Pierre Manière
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free).
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free). (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Le régulateur des télécoms a fini par sévir. L'Arcep a annoncé ce mardi qu'il sanctionnait Free Caraïbe, l'opérateur de Xavier Niel en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. L'institution dirigée par Laure de La Raudière reproche au « trublion des télécoms » de ne pas avoir tenu ses promesses concernant le déploiement son réseau 3G/4G. « Les obligations de déploiement, par territoire, visant à couvrir la population en accès mobile à très haut débit, n'ont pas été respectées par Free Caraïbe », souligne l'Arcep dans son communiqué.

Dans les départements et régions d'outre-mer concernés, Free s'est vu attribuer, il y a plusieurs années, des fréquences pour lancer ses services mobiles. Celles-ci se situent dans les bandes 800 MHz, 900 MHz, 1800 MHz, 2,1 GHz et 2,6 GHz. En contrepartie, l'opérateur était censé, au 22 novembre 2018, fournir la téléphonie mobile et un accès Internet mobile à très haut débit à 50% de la population de la Guadeloupe, à 30% de la population de Guyane, à 50% de la population de la Martinique, à 75% de la population à Saint-Barthélemy et à 75% de la population de Saint-Martin.

« L'ingratitude est fille du bienfait »

Or d'après l'Arcep, Free n'a pas tenu le délai et a manqué à ses obligations. L'opérateur a d'abord été mis en demeure de les respecter. Mais cela n'a pas suffi. Le 12 avril 2022, l'Arcep a constaté que Free n'était toujours pas dans les clous. Le régulateur « lui a notifié ces griefs », et a finalement décidé de le sanctionner d'une amende de 300.000 euros. Celle-ci tient notamment compte, précise l'Arcep, « de l'évolution des déploiements réalisés par la société Free Caraïbe depuis l'échéance de sa mise en demeure, du lancement de ses offres depuis le 17 mai 2022, ainsi que des investissements déjà effectués et à venir dans son réseau ».

Dans un communiqué publié ce mardi, Free ne nie pas ses manquements. Mais il tire à boulet rouge contre la décision l'Arcep. « L'Arcep a sanctionné Free Caraïbe pour des retards de déploiement, sans prendre en compte les extrêmes difficultés de déploiement et l'impact de la crise sanitaire », s'agace l'opérateur. Surtout, celui-ci estime que cette sanction est quelque peu injuste, alors que sans lui, juge-t-il, les prix pratiqués dans les départements et régions d'outre-mer seraient toujours bien plus élevés qu'en métropole. « Mais comme le dit le proverbe populaire: "l'ingratitude est fille du bienfait" », canarde Free.

Un camouflet pour l'opérateur de Xavier Niel

Même si cette amende paraît peu élevée, il s'agit tout de même d'un sacré camouflet pour l'opérateur de Xavier Niel, dont l'image risque d'en souffrir. Au printemps dernier, Free Caraïbe n'a pas hésité a cassé les prix pour siphonner des abonnés à ses rivaux Orange, SFR, Digicel et Dauphin Telecom. Il a notamment proposé un forfait mobile avec voix, SMS illimités et plus 120 Go de données au prix choc de 9,99 euros par mois. Le tout, comme d'habitude avec Free, sans engagement.

A cette occasion, Xavier Niel s'est fait un plaisir de taper sur la concurrence. « Notre offre est soutenable et va durera-t-il déclaré. Cela montre à quel point les autres opérateurs se sont goinfrés sur ce sujet. » Le milliardaire a, au passage, endossé son costume préféré de défenseur du pouvoir d'achat, comme il l'avait fait en métropole en 2012, au lancement de Free Mobile. « L'idée, c'est d'arriver ici avec des prix qui vont permettre de donner du pouvoir d'achat », a-t-il claironné.

« Nous avons toujours le pouvoir de sanction »

Aux yeux de Laure de La Raudière, cette sanction démontre que l'Arcep sait toujours, au besoin, taper du poing sur la table. « Cela montre que nous avons toujours le pouvoir de sanction, et que nous n'hésitons pas à l'utiliser quand la régulation ne débouche pas sur des résultats », nous affirme la présidente de l'institution.

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 19/10/2022 à 1:27
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Le revers du marketing 5G...

à écrit le 19/10/2022 à 0:08
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Un opérateur que je ne choisirai jamais ! Faudra qu il m explique comment il a eu mon numéro de tel pour que ses services m emmerde avec ses propositions de ventes sur la box… je raccroche tout le temps!

le 19/10/2022 à 12:00
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Je suis chez eux depuis les débuts ( et plus via la box ) et pas prêt d'en changer.. m'étonnerais qu'il fasse du démarchage.. ce n'est ni Bouygues ni SFR ni Orange business qui eux sont à donf là dedans..

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