Aux Etats-Unis, la 5G est enfin bienvenue près des aéroports

Les opérateurs télécoms du pays de l’Oncle Sam ont désormais le feu vert pour déployer, de manière plus importante, la nouvelle génération de communication mobile autour des aéroports. Mais avec certaines restrictions, afin de garantir la sécurité des atterrissages.
Pierre Manière
Inquiètes pour la sécurité des avions au moment de l’atterrissage, les compagnies américaines avait poussé les opérateurs télécoms à reporter la mise en service de certaines fréquences 5G sur leurs réseaux.
Inquiètes pour la sécurité des avions au moment de l’atterrissage, les compagnies américaines avait poussé les opérateurs télécoms à reporter la mise en service de certaines fréquences 5G sur leurs réseaux. (Crédits : Reuters)

Le bras de fer entre l'industrie de l'aviation et celle des télécoms concernant la 5G prend progressivement fin. Ce vendredi, les mastodontes du mobile AT&T et Verizon ont décroché le feu vert de l'autorité américaine de l'aviation (FAA) pour déployer davantage d'antennes dédiées à cette technologie près des aéroports. « Grâce à une collaboration technique continue, la FAA, Verizon et AT&T se sont mis d'accord sur des mesures qui permettront à plus d'avions d'utiliser en toute sécurité les principaux aéroports tout en activant plus d'antennes pour leurs réseaux 5G », s'est félicité la FAA dans un communiqué. Mais des restrictions demeurent. Elles concernent quelques modèles d'avions, et quelques pistes d'aéroports à faible visibilité. Et ce, afin d'éviter de possibles dérèglements des altimètres des avions par certaines fréquences 5G au moment de l'atterrissage. Le problème semble en passe d'être réglé. D'ailleurs, ce jeudi, la FAA a autorisé environ 90% de la flotte d'avions américains à atterrir dans la majeure partie des cas.

De quoi réchauffer un peu les relations entre les compagnies aériennes et les opérateurs télécoms. Ces dernières semaines, ils se sont livrés une féroce bataille concernant le déploiement de la 5G. Inquiètes pour la sécurité des avions, les compagnies aériennes, dont le lobby est très puissant au pays de l'Oncle Sam, a convaincu le gouvernement d'appeler les opérateurs télécoms à reporter la mise en service de certaines fréquences sur leurs réseaux. L'industrie de l'aviation avait un bel argument à faire valoir : si elle était contrainte de clouer ses avions au sol pour des raisons de sécurité, les conséquences auraient été désastreuses pour l'économie du pays.

Le coup de gueule des opérateurs

La manœuvre a suscité l'ire des opérateurs télécoms, et en particulier de Verizon et d'AT&T. Peu disposés à accepter un report de déploiement de la 5G, leurs dirigeants ont estimé que leurs réseaux étaient « tout aussi essentiels à la vitalité économique, à la sécurité publique, et aux intérêts nationaux [du] pays ». Surtout, ils ont déploré « l'inaction » du secteur aéronautique, qui aurait dû anticiper l'arrivée de la 5G et ses conséquences sur les avions. Finalement, un compromis a été trouvé. Les opérateurs ont accepté, mi-janvier, de commencer à déployer leurs réseaux 5G, mais en différant l'activation des tours installées près de certains aéroports.

La France, elle, n'a pas été confrontée à de telles passes d'armes. Pourquoi ? C'est en premier lieu une affaire de bandes de fréquences 5G. Aux Etats-Unis, la bande C utilisée par les opérateurs, celle qui pose problème, se situent entre 3,4 et 4 GHz. Ce qui s'avère assez proche de la fréquence 4,2 GHz, à partir de laquelle fonctionnent les altimètres des avions. Mais en France, le spectre de cette bande C utilisé par les opérateurs se situe bien en-dessous, de 3,4 à 3,8 GHz, nous précise-t-on à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

La France a réglé le problème très en amont

Malgré cela, l'Agence nationale des fréquences (ANFR) a tout de même demandé aux opérateurs de respecter certaines « contraintes de puissance et de direction » pour leurs antennes situées à proximité des aéroports, a récemment expliqué Gilles Brégant, le directeur général de l'ANFR, à L'Usine Nouvelle. Car l'ennui, c'est que certains altimètres présentent des défauts. « Certains ont été dotés de filtres insuffisant vis-à-vis des fréquences inférieures, poursuit Gilles Brégant. C'est pourquoi ils peuvent être aveuglés par des antennes 5G proches. » Ce travail de l'ANFR a, quoi qu'il en soit, permis à la France d'éviter un violent conflit entre le monde des télécoms et celui de l'aviation.

Pierre Manière

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