
Avec leurs épaisses combinaisons, leurs harnais, mousquetons et piolets, ils ont davantage l'allure d'alpinistes que de techniciens télécoms. Mais leur terrain de jeu, particulièrement haut perché, justifie cet équipement. Ce vendredi 25 juin, c'est sur l'Aiguille du Midi (Haute-Savoie), à 3.842 mètres d'altitude, que Paul Rindone, chef d'équipe chez Orange, et ses deux techniciens, viennent réparer les réseaux. Ce jour-là, ils interviennent sur des installations de l'opérateur historique essentielles pour apporter l'Internet à très haut débit en haute montagne. C'est grâce à elles qu'une fois sortis du téléphérique, touristes et randonneurs peuvent envoyer leurs photos du Mont-Blanc via la connexion 4G de leurs smartphones.
L'opération n'a rien d'une promenade de santé : à cette altitude, l'air contient moins d'oxygène, et le corps se fatigue beaucoup plus vite. Avec son équipe, Paul Rindone vient réparer des infrastructures de faisceau hertzien. Cette technologie sans fil est souvent utilisée en montagne, lorsqu'il est impossible - ou bien trop coûteux - de tirer des liaisons en fibre optique par voie terrestre. Des paraboles ont été déployées à la fois sur l'aiguille et tout en bas, sur le central téléphonique de Chamonix. Ces « gamelles » correspondent par ondes radios. Toutes les communications de l'aiguille, des coups de fils aux paiements par carte bancaire des commerces, transitent par ce biais.
L'aiguille, centre névralgique des télécoms
L'ennui, c'est qu'à très haute altitude, les infrastructures télécoms sont soumises à des conditions climatiques extrêmes. A la longue, elles souffrent de la neige comme du gel. Ce jour-là, c'est un « guide d'onde » qui pose problème. Il s'agit d'un câble en cuivre qui relie une antenne à son équipement radio, situé dans le local technique dédié aux télécoms. Après inspection de l'antenne, nichée sur une corniche au-dessus du téléphérique de l'aiguille, les techniciens d'Orange constatent que le guide d'onde est tordu. « Un bloc de glace est sans doute tombé dessus », affirme l'un d'eux. Comme ces câbles, fragiles, ont la particularité d'être creux pour permettre aux ondes d'être correctement réfléchies, le moindre dommage se paye cash. « Le service est très dégradé, constate Paul Rindone. Nous avons perdu la moitié du signal sur une antenne, qui permet normalement de transporter 500 mégabits par seconde (Mbps). » Le travail de son équipe va consister à retirer le guide d'onde défectueux, puis d'installer l'équipement radio, jusqu'alors situé dans le local technique, à proximité de l'antenne.
Le problème est pris très au sérieux. Il faut dire que l'Aiguille du Midi constitue le centre névralgique des télécommunications dans cette partie de la montagne. Les communications de plusieurs autres sites, qui y sont directement raccordés, dépendent de son bon fonctionnement. Il y a d'abord une antenne 4G qui couvre la célèbre vallée Blanche, très prisée des randonneurs. Les refuges du Lac Blanc et du Couvercle, au cœur du massif du Mont-Blanc, sont également connectés à l'aiguille par le biais d'antennes râteaux. Une partie des communications des habitants de Vallorcine, une station située à la frontière franco-suisse, à une dizaine de kilomètres de là, transitent par ce même sommet. Une antenne 4G est directement reliée à l'aiguille par faisceau hertzien. Les pérégrinations des communications électroniques n'ont, décidément, parfois rien à envier à celles des alpinistes les plus chevronnés.
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