Du QI au QE...

À la suite du carnage de Charlie Hebdo, les manifestations spontanées au soir du 7 janvier, puis les manifestations monstres de dimanche 11 janvier, ont été le signe des rages intérieures, individuelles et collectives. Elles sont rassurantes.
“Her” est une histoire d’amour moderne entre un homme et son ordinateur.

Un signal faible en naît... J'ai développé dans cette chronique que nous passons de l'ère où l'homme domine la nature - l'Anthropocène -, à l'ère où le robot sera l'égal de l'homme la Robotcène. Cette rupture fait peur. Peur du robot qui remplace l'homme, peur de la rivalité. Or le robot est le fruit d'algorithmes. Et l'homme n'est PAS un algorithme !

Ce sont les hommes qui créent - pour l'instant - les algorithmes des robots. Grâce à son QI, son quotient intellectuel, l'homme met en oeuvre le système du robot. Le QI est du registre du quantitatif standardisé, lié à l'intelligence abstraite. L'homme peut améliorer son QI. À terme, le QI est en concurrence avec le robot. Or, le QI ne mesure pas l'ouverture d'esprit, la créativité. Il y a un vide. Au cours des années 1990, le QE, le quotient émotionnel (ou IE, intelligence émotionnelle) est théorisé. Le QE porte sur les émotions et les sentiments.

Que ce soient les siens ou ceux des autres

Le QE est social lorsque le QI est individuel. Le robot, s'il sait lire les émotions, n'en a pas - tout au moins pour l'instant. Il ne réagit pas avec d'autres robots par émotions, ne crée pas, n'invente pas. Le film Her de Spike Jonze, sorti en 2014, illustre bien cette limite du robot. Nous sommes dans un futur proche.

La merveilleuse voix de Scarlett Johansson est le système d'un ordinateur. Le système connaît et anticipe les actions de l'utilisateur, car il dispose de l'historique des faits et peut anticiper. Aux deux tiers du film, la voix dit à l'utilisateur - l'acteur Joachim Phoenix amoureux de la voix -, qu'elle n'a pas d'émotion. Et l'utilisateur se rend alors compte que des milliers de personnes utilisent le même système... et la même voix. Le système est un robot.

La différence entre le système, le robot, le big data... et l'homme, est là. Le système est algorithme, lit le passé (surtout) et le présent vécu. L'homme est émotion et invente son présent (non vécu) et son avenir comme ses relations avec les autres qu'il connaît ou ne connaît pas encore. L'époque dans laquelle nous entrons donnera de l'avance aux porteurs d'un QE éprouvé. Les manifestations spontanées du 7 au 11 janvier ne sont pas programmées par des robots, des QI.

Elles sont du registre du QE. Du registre de l'émotion, voire spontanément de l'irrationnel. Les algorithmes ne nous dominent pas encore...

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.

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Commentaires 4
à écrit le 14/07/2015 à 10:41
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MON MINUSCULE Q.I. DE 65 Moi, j’ai un Q.I. de 65. Largement au-dessous de la moyenne qui se situe aux alentours de 90. Pourtant avec mon petit 65, je vis heureux. Il y en a qui se pavanent et se sentent au-dessus de la mêlée parce qu’ils ...

à écrit le 09/02/2015 à 16:01
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Pourquoi le QI si décrié, nié, pourfendu mais quantifiable devrait-il laissez la place à un concept si abstrait ?

le 09/02/2015 à 23:40
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Les tests de QI sont conçus pour faire 100 en moyenne et suivre la courbe en cloche. Par contre, les tests de QI ne sont pas exacts à 100%, ils sont approximatifs : c'est un test empirique.

le 23/02/2015 à 19:13
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De plus, on peut s'entrainer pour améliorer son teste de QI. pas pour le test de QE.

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