BERLIN (Reuters) - Angela Merkel rencontrait dimanche les dirigeants de l'Union chrétienne sociale (CSU), alliée bavaroise de son parti chrétien-démocrate (CDU), afin d'harmoniser les points de vue entre les deux formations, en préalable à des négociations avec d'autres partis pour former une coalition gouvernementale.

"Nous devons former un gouvernement rapidement (...). Un accord sur une position commune est nécessaire et possible", a déclaré samedi le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière lors d'une réunion des jeunes de la CDU à Dresde.

Angela Merkel entame son quatrième mandat affaiblie par le résultat des élections législatives du 24 septembre, marquées par une nette baisse du bloc CDU-CSU et la percée du parti d'extrême droite AfD.

La chancelière envisage de constituer une alliance entre son bloc conservateur, les libéraux du FDP et les écologistes.

Cette coalition "Jamaïque" (les couleurs distinctives des trois partis, le noir pour la CDU-CSU, le jaune pour le FDP et le vert pour les écologistes, forment le drapeau jamaïcain) est expérimentée dans le land du Schleswig-Holstein depuis les élections régionales du mois de mai mais n'a jamais été tentée au niveau fédéral.

Le principal point de désaccord entre la CDU et la CSU porte sur l'immigration.

La CSU reproche à Angela Merkel d'avoir ouvert les frontières aux réfugiés en 2015. Depuis, le parti bavarois insiste pour limiter le nombre de réfugiés arrivant en Allemagne à 200.000 par an.

Angela Merkel a jusqu'ici exclu de fixer un plafond, arguant que la Constitution allemande garantit à quiconque le droit de demander l'asile en cas de persécution politique.

La CSU, qui redoute de perdre de nombreuses voix au profit de l'AfD lors des élections en Bavière de 2018, n'en démord pas.

L'enjeu est d'autant plus important que le chef de la CSU Horst Seehofer joue sa survie politique, alors que son parti est tombé à 6,2% des voix au niveau national contre 7,4% en 2013.

Angela Merkel a reconnu devant le mouvement des jeunes de la CDU que les discussions seraient difficiles tout en implorant les deux partis de parvenir à un compromis.

Une loi sur l'immigration qui ferait la distinction entre migrants économiques et réfugiés trouve un certain écho auprès des conservateurs, des libéraux et des écologistes et pourrait servir de base à un terrain d'entente.

(Madeline Chambers; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)