BPCE, ou les vertus de la bancassurance à la française

La banque mutualiste, qui a présenté ses résultats annuels jeudi 19 février, veut devenir un bancassureur de plein exercice. L’assurance représente un relais de croissance et joue un rôle de stabilisateur pour les banques.
Christine Lejoux
BPCE entend devenir le deuxième bancassureur français d'ici à 2020, derrière le Crédit agricole.

A la manière d'un couple, BPCE (Banque Populaire Caisse d'Epargne) et CNP Assurances font évoluer leur relation. A l'occasion de la présentation de ses résultats annuels, jeudi 19 février, le groupe bancaire mutualiste a annoncé avoir signé avec l'assureur les accords définitifs relatifs à leur nouveau partenariat. Dans le cadre de ces accords, qui entreront en vigueur le 1er janvier 2016, pour une durée initiale de sept ans, renouvelable par périodes de trois ans, BPCE et CNP Assurances collaboreront dans les domaines de l'assurance des emprunteurs collective, de la prévoyance collective et de la prévoyance individuelle. En revanche, CNP Assurances perdra la gestion des contrats d'assurance-vie distribués par le réseau des Caisses d'Epargne.

Lors de la présentation de son plan stratégique 2014/2017, en novembre 2013, BPCE avait en effet annoncé sa décision d'intégrer la production des contrats d'assurance-vie commercialisés par l'Ecureuil au sein de sa filiale cotée Natixis, laquelle fabriquait déjà les contrats vendus par le réseau des Banques Populaires. L'objectif de cette intégration de la production des contrats d'assurance-vie au sein de BPCE étant de "mieux maîtriser la chaîne de valeur en assurance", de "devenir un bancassureur de plein exercice", avait expliqué à l'époque François Pérol, président du directoire de BPCE. Ce modèle vers lequel tend BPCE n'est ni plus ni moins que celui de la bancassurance à la française, ainsi nommé parce que les banques françaises figurent parmi celles qui ont poussé le plus loin la logique de la bancassurance, en refusant d'être de simples distributeurs des contrats gérés par les assureurs et en souhaitant donc endosser le rôle de producteurs.

Le Crédit Mutuel, pionnier de la bancassurance en France

C'est le Crédit Mutuel qui a défriché le marché de la bancassurance en France, dès le début des années 1970, et bien d'autres lui ont emboîté le pas, à commencer par le Crédit agricole, l'actuel numéro un du marché. Des pionniers dont l'assise ne donne aucun complexe à BPCE : "Nous avons certes débuté l'assurance plus tard que le Crédit Mutuel et le Crédit agricole, entre autres, mais cela nous donne un potentiel de développement plus important", a redit François Pérol, jeudi 19 février. Un potentiel qui pourrait mener BPCE à la deuxième place du marché français de la bancassurance en 2020, selon la feuille de route du groupe mutualiste.

D'ici là, si tout se déroule comme prévu, le groupe aura équipé 28% des clients particuliers des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires en produits d'assurance dommages, prévoyance et santé en 2017, contre 22,3% au 31 décembre 2014. Le chiffre d'affaires du périmètre assurance dommages, prévoyance et santé, ressorti à 1,42 milliard d'euros au 31 décembre 2014, devrait ainsi croître de 7,5%, bon an mal an, d'ici à 2017, pronostique BPCE. BNP Paribas et le Crédit agricole affichent eux aussi de grandes ambitions en la matière. La première table sur une croissance de plus de 4% du produit net bancaire (l'équivalent du chiffre d'affaires) de ses activités d'assurance d'ici à 2016, et le second vise une hausse de 12% sur la même période.

L'assurance, un relais de croissance pour les banques

Si BPCE, à l'image de ses concurrentes, fait de l'assurance un axe stratégique de son développement, c'est d'abord parce que ce métier est très proche de celui de la banque, assureurs et banquiers s'adressant peu ou prou aux mêmes clients. Ensuite, les activités d'assurance, moins consommatrices de fonds propres que les activités bancaires, jouent un rôle de stabilisateur pour les banques, contraintes par les nouvelles réglementations de renforcer toujours plus leurs ratios de solvabilité. Enfin, l'assurance représente "un complément de revenu", affirme sans détours François Pérol.

Un relais de croissance bienvenu, à l'heure où la faiblesse des taux d'intérêt menace les revenus de la banque de détail, au point de contraindre BPCE à "retravailler les prévisions financières" de son plan stratégique, a prévenu François Pérol. Un plan qui prévoit pour le moment un bénéfice net de 4 milliards d'euros au moins en 2017, contre un résultat de 2,9 milliards en 2014, et ce, pour des revenus des métiers "cœur" attendus à 23 milliards d'euros environ en 2017, contre 22 milliards en 2014. Sans oublier, toujours au même horizon, un ratio de solvabilité dit de "common equity tier 1" (fonds propres de grande qualité, rapportés aux actifs pondérés des risques) supérieur ou égal aux 12% déjà atteints l'an dernier.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 24/02/2015 à 16:38
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"A la Française?" Rien que cette expression me fait fuir.... Ça sent la taxe, la morale et l'hypocrisie.

à écrit le 24/02/2015 à 13:23
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C'est bien gentil, la bancassurance : çà maximise le PNB par guichetier. Mais je n'ai pas très envie d'avoir affaire à un banquier le jour où ma maison brûle.

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