Comment la filiale d'assurance de BNP Paribas prête de l'argent aux PME

BNP Paribas Cardif, la filiale d'assurance vie du groupe bancaire, va consacrer 280 millions d'euros pour accorder des crédits à des entreprises via un fonds de spécialement créé, BNP Paribas France Crédit.
Eric Lombard, Pdg de BNP Paribas Cardif et président du nouveau fonds stratégique de participations

Les assureurs vie cherchent à diversifier le placement de leurs liquidités. Après avoir largement investi sur les actions et obligations des grandes entreprises, ils s'orientent vers le financement des PME. Cardif, filiale d'assurance vie du groupe bancaire BNP Paribas ne fait pas exception. La compagnie annonce qu'elle consacre 280 millions d'euros pour financer des entreprises de taille intermédiaire durant les trois prochaine années.

Création d'un fonds de placement ad hoc

Concrètement, un fonds de placement baptisé BNP Paribas France Crédit a été créé au sein du groupe. Il sera exclusivement alimenté par un investisseur, la société d'assurance Cardif qui financera des PME par son intermédiaire. "Cette création va nous permettre d'élargir notre horizon de placement, d'investir durablement dans l'économie française, et de répondre à ses besoins de rentabilité tout en servant les intérêts de nos assurés», estime Eric Lombard, président directeur général de BNP Paribas Cardif.

La gestion du fonds est confiée à la filiale de gestion d'actifs du groupe BNP Paribas Investment Partners qui aura aussi la responsabilité d'analyser les dossiers de crédit des entreprises et de les sélectionner selon les objectifs de rendement et de sécurité fixé par Cardif.

Le groupe se dit prêt à créer un ou des fonds analogue pour d'autres investisseurs. "Nous sommes assez optimistes sur le fait de pouvoir collecter un milliard d'euros supplémentaire sur des instruments similaires", a déclaré le directeur général de BNP Paribas asset management, Christian Dargnat.

Prêter directement aux entreprises

Le principal mode d'intervention du fonds se fera en " titres de créance de maturité inférieure à 6 ans, acquis sur le marché primaire, dans le cadre de crédits syndiqués pour l'essentiel", indique BNP Paribas. Sur le principe, le fonctionnement ressemblera à ce que pratique le groupe d'assurance Axa depuis le mois d'août (Lire La Tribune Hebdo du 2 novembre page 18).

Le fonds prendra une part majoritaire, par exemple 70 à 80%, d'un crédit accordé à une PME dans le cadre d'un montage réalisé par une banque d'investissement. Dans le cas des prêts accordés par Axa, il s'agit de Société Générale Corporate Investment Banking ou Crédit Agricole Investment Banking; dans le cas du fonds de Cardif, il s'agit de BNP Paribas Corporate investment banking. Dans tous les cas, la banque réalise le prêt initial, elle en cède la majeure partie au fonds et en conserve la part résiduelle, par exemple 20 à 30% dans ses comptes.

Axa France a déjà accordé environ 160 millions d'euros de prêt à des entreprises de taille intermédiaire (Sonepar et Neopost) et espère atteindre 500 millions d'ici à la fin de l'année.

Souscrire à des obligations en placement privé

Le fonds BNP Paribas France Crédit a la possiblité de financer les PME par une autre voie. Il peut "intervenir dans le cadre de placements privés obligataires d'entreprises émettant pour la première fois sur les marchés de capitaux. L'ordre de grandeur typique de chaque investissement du fonds est de 10 à 20 millions d'euros", explique BNP Paribas. Le groupe n'exclut cependant pas de participer dans l'avenir à des émissions groupées réunissant des entreprises de taille plus modeste qui n'auraient besoin que d'une fraction de ce montant.

L'émission en placement privé d'obligation d'entreprises non notées est courante en Allemagne (marché du Schuldschein) ou aux Etats-Unis mais elle est nouvelle en France, elle a débuté en septembre dernier avec l'émission d'obligations Bonduelle (lire La Tribune Hebdo du 28 septembre 2012 page 18). Certains assureurs, comme Prédica, la filiale d'assurance vie du Crédit Agricole, sont d'ores et déjà très friands de ce type d'émissions, qui se vont multiplier.

Se préparer à Solvabilité 2

Dans l'environnement de taux obligataire bas actuel, le crédit aux entreprises de taille intermédiaire apparaît comme attractif pour les assureurs car mieux rémunéré. De plus, les compagnies d'assurance cherchent à organiser leurs placements de la manière la moins coûteuse en fonds propres dans le cadre des nouvelles régles de solvabilité prévues par la directive Solvabilité 2.
Même si son application initialement prévue pour 2013 est repoussée à 2014, voire à une date utlérieure, les préparatifs se poursuivent. Les prêts aux entreprises, de long terme  (6 ans maximum pour le fonds BNP Paribas Crédit France, 5 à 7 ans pour ceux accordés par Axa) sont considérés comme moins volatils. Ils nécessitent donc de mobiliser moins de fonds propres que les obligations d'entreprises.

BNP Paribas Cardif prend par ailleurs d'autres initiatives pour anticiper l'application de Solvabilité 2, comme celle de regrouper ses participations en actions au sein d'un fonds commun avec trois autres compagnies d'assurance travaillant pour des groupes bancaires (Predica du groupe Crédit Agricole, Sogecap du groupe Société Générale, et CNP Assurances).  L'objectif est, là encore, de réduire les fonds propres à mobiliser pour faire face à ses investissements en actions dans la mesure où ils seront considérés, une fois regroupés au sein du fonds commun, comme des "participations stratégiques".

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Commentaires 3
à écrit le 06/11/2012 à 10:56
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Pas de levier sur les subprimes non plus. Et je pense connaitre le sujet bien mieux que baucoup et pour cause ...

à écrit le 05/11/2012 à 20:54
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Bien les assureurs achètent les crédits montés par la banque d'investissement de leur groupe ou du voisin et refilent le truc aux investisseurs. Ça s'appelle de la titrisation, comme l'étaient les subprimes. On peut supposer que BNP, SG et les assure...

le 06/11/2012 à 9:39
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ce commentaire est le signe d'une totale méconnaissance du sujet....il n'y a aucun levier dans ces financements et fort heureusement nos sociétés françaises ont un profil de risque nettement plus sain et pérenne que ces fameux emprunteurs dits "subp...

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