Satellites télécoms militaires : Thales et Airbus vont se partager Comsat-NG

Le contrat du programme de satellites de télécoms militaires de nouvelle génération Comsat-NG devrait être notifié en fin d'année aux deux industriels, Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space.
Michel Cabirol
Les deux satellites de télécoms militaires français devront être lancés à l'horizon 2020

Après bien des péripéties et des batailles de chiffonniers entre Airbus Defence and Space (ADS) et Thales Alenia Space (TAS), les deux industriels se sont finalement mis en ordre de marche pour présenter une offre commune pour le programme Comsat NG, qui porte sur la fabrication de deux satellites de télécoms militaires de nouvelle génération. Sous la pression du ministère de la Défense, notamment de la direction générale de l'armement (DGA), Airbus DS et TAS ont "trouvé un accord entre industriels" en fin d'année dernière, a annoncé à "La Tribune" le PDG de TAS, Jean-Loïc Galle. "Avec Airbus, nous avons eu beaucoup de discussions et nous pouvons faire une proposition commune à la DGA", a-t-il précisé.

Il était temps. Condamnés à s'entendre, ils y sont parvenus. Car faute d'accord, la DGA était prête à ouvrir une compétition ouverte aux deux seuls constructeurs de satellites tricolores. Elle était même à deux doigts de le faire. "Cette compétition aurait pu être fatale au vaincu dans ce domaine, estime un très bon observateur du dossier. Ils ont été raisonnables in fine". Il était temps aussi pour tenir le calendrier ambitieux du programme, pour ne pas dire tendu. Un programme qui devait être lancé en 2013. Capables de résister à des brouillages à toute épreuve, les deux satellites, qui doivent succéder au système Syracuse 3, devront être lancés à l'horizon 2020.

Les deux satellites de télécoms devront répondre d'une part à l'augmentation des débits liée à la numérisation croissante du champ de bataille et apporter la capacité SATCOM à de nouveaux utilisateurs, notamment les drones, les stations terrestres en mouvement et les porteurs aéronautiques.

Un partenariat public privé exclu

Les deux constructeurs présentent une offre très classique pour réaliser ce programme conformément à la demande de la DGA. Une procédure d'acquisition via un partenariat public privé a été exclue. "C'est passé de mode", confie-t-on à La Tribune. Les modalités d'acquisition des capacités de Comsat NG ont été décidées fin 2014, note le CNES dans son programme 2015. Le programme devrait être notifié en fin d'année, explique-t-on par ailleurs à La Tribune. Le ministère de la Défense a intégré dans le cadre du projet de loi de finances pour 2015, conformément à la Loi de programmation militaire (LPM), le démarrage de Comsat NG mais, souligne-t-on, l'enveloppe budgétaire consacrée à ce programme est très juste. 800 millions d'euros d'autorisations d'engagement sont prévus pour 2015.

Pour atteindre les performances visées, le CNES développe le démonstrateur FAST afin de maîtriser certains composants clés. C'est un projet à caractère dual destiné à lever certains risques technologiques et techniques de la prochaine génération de satellites de télécoms commerciaux civils et par la même, de la capacité militaire post Syracuse 3. Il inclut en particulier le développement de puces nouvelles générations communes aux programmes spatiaux civils et défense. Pour les bandes de fréquences duales Ka, il a engagé les travaux sur le projet Telemak dans le prolongement du programme franco-italien Athena-Fidus, qui offre des services de télécoms haut débit pour les forces militaires et les services de la Sécurité civile français et italiens.

Un coordonnateur pour rapprocher Airbus DS et TAS

Pour avoir une offre commune de TAS et Airbus DS, le ministère de la Défense n'a pas lésiné sur les moyens. Il a nommé un coordonnateur chargé d'arbitrer les relations tumultueuses entre les deux constructeurs, qui se sont régulièrement chamaillés sur ce dossier. Très clairement, il avait été nommé pour aider à la convergence et donner son avis. La DGA ainsi que le CNES suivaient le dossier de près. Une coopération souhaitée entre les deux impétrants pour gagner du temps. Car le vaincu se serait lancé dans des procédures très longues (trop ?) pour revenir dans la partie.

En septembre 2012, la DGA avait également tenté de rapprocher les deux industriels. TAS s'était vu confier une étude de dimensionnement des capacités militaires de télécoms spatiales. Cette étude s'inscrivait dans le cadre de la préparation du renouvellement des deux satellites Syracuse 3 fabriqués par TAS et en complément des deux satellites Sicral 2 et Athena Fidus, développés eux aussi par TAS et réalisés en coopération avec l'Italie. La DGA avait également notifié à Airbus Space Systems (alors Astrium) un contrat similaire. Comsat NG devrait fournir, outre les capacités de communication en bande X de Syracuse III, de nouvelles capacités en bande militaire Ka et en bande UHF.

Au vu des besoins militaires exprimés, TAS et Airbus Space Systems devront "expliciter les options possibles, tant en termes de solutions techniques que d'organisations industrielles, avec le souci permanent d'optimiser les coûts", avait à l'époque expliqué la DGA. "Leurs résultats permettront d'éclairer les orientations du programme Comsat NG en prenant en compte le potentiel de coopération avec des partenaires européens, en particulier le Royaume-Uni et l'Italie". A priori, cette dernière requête semble avoir été oubliée par tout le monde.

L'échec de Nectar

Les deux groupes s'étaient très violemment affronté entre 2010 et 2012 sur le fameux projet Nectar. Le ministère de la Défense voulait vendre dans le cadre d'un partenariat public privé (PPP) deux satellites de télécoms militaires (Syracuse 3) exploités actuellement par l'armée de l'air à un groupe privé, qui lui devait se rémunérer ensuite en vendant les communications spatiales au ministère de la Défense et à des clients tiers. Fort de son expérience avec Paradigm en Grande-Bretagne, Airbus poussait ce projet tandis que TAS freinait des quatre fers... avec la bienveillance de la DGA, hostile au projet Nectar.

La DGA avait décidé en mai 2012 de "classer sans suite la procédure relative à l'opération de cession de l'usufruit des satellites Syracuse et à l'acquisition de services de communications spatiales". Aujourd'hui, la DGA souhaite réellement une entente entre les deux constructeurs. "Nous avons déjà dû abandonner l'instrument du PPP pour de nombreux autres programmes - notamment dans le domaine des télécommunications -, car l'intérêt économique n'existait que pour le prestataire, et pas pour l'État", avait expliqué, en octobre 2013 à l'Assemblée nationale, le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 07/01/2015 à 9:39
Signaler
En France y a pas que Airbus et Thales ...! Il y a aussi des sociétés française qui ne sont pas au CES et qui développent des produits remarquable ! un exemple squareway by vivaction france est un petit boitier qui se connecte a 3 devices ( smart ph...

le 07/01/2015 à 10:18
Signaler
où est le rapport avec l'article? en tout cas vous avez vraiment un mauvais commercial si vous croyez que poster votre pub sur un commentaire d'un article de la tribune va vous apporter des clients.

le 07/01/2015 à 18:29
Signaler
entre acheter un telephone thales 6000 euros développé aux frais du contribuable et 150 euros le choix est vite fait !l état a donné thales a dassault alors qu EADS était mieux disant sur l opa c est la gestion de nos impôts que je critique ! les re...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.