Alcool : le gouvernement britannique serre la vis, les fabricants accélèrent leur lobbying

Au Royaume-Uni, les pouvoirs publics ont abaissé le seuil au-dessus duquel une consommation de boissons alcoolisées est jugée à risque. Les plus grands fabricants d'alcool se sont regroupés en lobby pour que "le débat autour de l'alcool et des abus d'alcool reste équilibré".
Jean-Yves Paillé
Les fabricants d'alcool génèrent 23,7 milliards de livres (28 milliards d'euros) de chiffre d'affaires annuel rien qu'en Angleterre.

Pendant plusieurs années, le gouvernement britannique a seriné que boire une petite quantité d'alcool pouvait apporter des bénéfices cardiovasculaires à certaines personnes. Mais dans son rapport publié en janvier sur les risques de l'alcool sur la santé, il a changé radicalement de discours et a abaissé le seuil au-dessus duquel une consommation de boissons alcoolisées est jugée à risque. Depuis 1995, le gouvernement la fixait à 21 unités hebdomadaires pour les hommes et à 14 pour les femmes. Désormais, le curseur est placé à 14 unités pour les deux sexes. Rester en dessous de ce seuil, c'est avoir moins de 1% de chance de mourir d'une maladie liée à l'alcool, juge les autorités sanitaires.

En outre, ce document sous-entend que quelle que soit la quantité bue, une boisson alcoolisée est quoi qu'il arrive mauvaise pour la santé. Les mois suivants, le gouvernement a lancé une consultation publique pour formuler de nouvelles recommandations visant à inciter les Britannique à adopter une consommation raisonnable.

Il faut dire que, ces derniers mois, plusieurs études ont certifié le lien entre cancer et consommation de boissons alcoolisées. La plus récente, publiée en juillet par la revue scientifique Addiction, avance le lien entre l'alcool et sept formes de cancer, dont celui du sein. La publication a été relayée le lendemain par la NHS (sécurité sociale britannique).

Un lobby industriels consacré au débat sur la consommation d'alcool

En réaction à la nouvelle position des pouvoirs publics britanniques, les plus grands fabricants d'alcool se sont regroupés pour créer un nouveau lobby mercredi 7 septembre: l'Alcohol Information Partnership (association d'information sur l'alcool, en français). Ce groupe est notamment composé de Pernod Ricard, Diageo (Guinness), Rémy Cointreau, SA LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE et Davide Campari-Milano (Aperol) . Son objectif est de faire en sorte que "le débat dans la société britannique autour de l'alcool et des abus d'alcool reste équilibré", avance le lobby.

Celui-ci aura pour mission de critiquer les études publiées sur l'alcool et dont les conclusions seront jugées faussées par le lobby. Ce groupe de pression s'exprimera pour souligner les évolutions positives sur la consommation d'alcool au Royaume-Uni en publiant des données gouvernementales, rapporte le Wall Street Journal. D'autres lobbies comme le Spirits Trade Association tentent déjà de peser sur le débat. Mais, à la différence de ce dernier, l'Alcohol Information Partnership se consacrera uniquement au débat sur la consommation d'alcool. "Trop souvent les faits ont été dramatisés ou exagérés dans le but d'effrayer les gens et de fausser le débat", assure Dave Roberts, directeur général du mouvement, dont les propos sont relayés par le quotidien économique américain.

Selon le Guardian, les fabricants d'alcool génèrent 23,7 milliards de livres (28 milliards d'euros) de chiffre d'affaires annuel rien qu'en Angleterre.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 11
à écrit le 09/09/2016 à 11:17
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La grosse biture à l'anglaise en voie de disparition ? Tout fout le camp, ma bonne dame !

à écrit le 09/09/2016 à 10:50
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ne fait rien contre la consommation d'alcool ? Disons que les pouvoirs publics l'encadrent depuis toujours et la règlementent maintenant en ce qui concerne l'alcoolisme de nombreuses personnes c'est un peu comme les suicides, notre société et leu...

le 09/09/2016 à 12:27
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c'était une réponse au commentaire de "physicien".

à écrit le 09/09/2016 à 10:47
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Un gros lobby que cela doit être parce que par chez nous qu'est-ce qu'ils achètent e consomment comme quantité d'alcool les anglais !

à écrit le 09/09/2016 à 9:34
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Et pendant ce temps, en France, le gouvernement ne fait RIEN ...

à écrit le 09/09/2016 à 9:24
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Moi, ce sont les donneurs de leçons et les trop raisonnables sur tout qui me font mourrir d'ennui.

à écrit le 08/09/2016 à 21:18
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'''''.......Pendant plusieurs années, le gouvernement britannique a seriné que boire une petite quantité d'alcool pouvait apporter des bénéfices cardiovasculaires à certaines personnes '''''Il n'a jamais été dit nulle part que l'alcool ,quel qu'en so...

à écrit le 08/09/2016 à 19:56
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"moins de 1% de chance de mourir d'une maladie" très mathématique, dans la vie, on dirait "moins de 1% de risque de mourir d'une maladie" :-) "souligner les évolutions positives sur la consommation d'alcool " suis curieux de savoir lesquelles. Le Fr...

le 09/09/2016 à 10:37
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@Photo73: sauf que l'eau, avec tous les produits chimiques qu'elle contient, n'est pas non plus la panacée. Alors, mieux vaut mourir heureux sans se priver que mourir malheureux en se privant, n'est-ce pas :-) De toute manières, toutes ces études se ...

à écrit le 08/09/2016 à 18:58
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Toute exagération est néfaste et tout le monde n'est pas constitué de la même façon. Donc, fixer un niveau ne veut rien dire. La solution, à mon humble avis, réside par conséquent dans la taxation forte de l'alcool et non dans son interdiction :-)

à écrit le 08/09/2016 à 18:22
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en theorie une calorie c'est une calorie, et un gramme d'alcool c'est un gramme d'alcool........... en partique au bout de 50 ans les gens ont realise qu'une calorie d'aliment, ca ne sera pas tjs la meme chose alors que la valeur energetique est rig...

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