Luxe : toujours plombé par Gucci, Kering prévient que ses profits pourraient s'effondrer

Le groupe de François-Henri Pinault a annoncé une baisse de 10% de son chiffre d'affaires au premier trimestre, ce mardi, et a surtout prévenu que son résultat opérationnel pourrait s'effondrer de 40% au premier semestre sur un an. Une mauvaise nouvelle qui provient d'un résultat toujours plus mauvais de sa maison phare Gucci et de la consommation chinoise.
« La performance de Kering s'est fortement détériorée au premier trimestre », a reconnu ce mardi François-Henri Pinault.
« La performance de Kering s'est fortement détériorée au premier trimestre », a reconnu ce mardi François-Henri Pinault. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Le géant du luxe Kering continue de boire la tasse. Le groupe, dirigé par François-Henri Pinault, a prévenu , ce mardi, que « compte tenu de la dégradation des tendances de chiffre d'affaires, le groupe anticipe désormais un recul de son résultat opérationnel courant du premier semestre 2024 de l'ordre de 40% à 45% par rapport au premier semestre 2023 ».

Un propos tenu lors de la présentation de ses résultats trimestriels. Ce serait alors bien pire que la baisse constatée l'année dernière, où le groupe de luxe a fait état d'une chute de 15% du bénéfice opérationnel, et de 4% de son chiffre d'affaires. D'ailleurs, pour les trois premiers mois de l'année, Kering a déjà enregistré un chiffre d'affaires de 4,504 milliards d'euros, soit en baisse de 10% en données comparables par rapport aux revenus du premier trimestre 2023. Un chiffre qui dénote fortement avec celui de son concurrent LVMH, qui a affiché une hausse de ses revenus de 3%.

Surtout, Kering fait moins bien que le consensus des analystes qui tablaient sur une baisse de 9% selon UBS. « La performance de Kering s'est fortement détériorée au premier trimestre », a reconnu François-Henri Pinault. A noter : entre janvier 2023 et janvier 2024, le titre boursier du groupe avait perdu 28%. Pour comparaison, sur la même période son concurrent LVMH n'avait perdu que 2%.

Et ce mercredi matin, l'action Kering chutait de 8,47% à 320,55 euros vers 09h08 (heure de Paris), son plus bas niveau depuis six ans, dans un marché en légère baisse de 0,06%. Depuis le début de l'année, l'action de Kerin a dévissé de près de 20%.

Gucci et la Chine pointés du doigt

Cette contre-performance montre les difficultés du groupe sur des marchés clés, en particulier la Chine. Là-bas, le secteur du luxe espérait une reprise rapide après la levée des restrictions sanitaires, mais ces anticipations ont été douchées par la crise immobilière dans le pays et le taux de chômage élevé chez les jeunes. Mais l'avertissement de Kering illustre surtout la forte perte de vitesse de sa marque Gucci.

Lire aussiLuxe : relancer Gucci, le grand défi de Kering pour revenir dans la course

« Nous prévoyions un début d'année difficile, les conditions de marché, notamment en Chine, et le repositionnement stratégique de certaines de nos maisons, à commencer par Gucci, ont accentué la pression sur notre chiffre d'affaires », a commenté le PDG de Gucci. Les ventes de la maison phare, qui représente près de la moitié des ventes du groupe et les deux tiers de son résultat d'exploitation, ont ainsi diminué de 18%, à 2,079 milliards d'euros. Ce, alors que le consensus attendait 14% pour Gucci.

« Compte tenu de ce recul et de notre détermination à continuer d'investir sélectivement dans la désirabilité et l'exclusivité de nos marques sur le long terme, nous anticipons une baisse significative du résultat opérationnel courant au premier semestre. Nous travaillons sans relâche pour surmonter les défis actuels et recréer les conditions nécessaires à une croissance durable à long terme », a ajouté le PDG du groupe.

Grand ménage chez Gucci

Face aux difficultés de Gucci, sa maison-mère a décidé de lancer un plan de relooking. Après s'être séparé du créateur artistique de Gucci, Alessandro Michele, en janvier 2023, auquel Sabato de Sarno a succédé, François-Henri Pinault a nommé l'un de ses plus proches collaborateurs à la tête de la marque italienne, Jean-François Palus, directeur général délégué de Kering.

Le groupe a aussi indiqué, lors de la présentation de ses résultats annuels en février dernier, vouloir mettre en place « une stratégie d'élévation » (montée en gamme). « Elle implique de continuer à investir pour nos marques dans le long terme », et non à chercher le retour à la croissance l'année prochaine, a expliqué la directrice financière de Kering Armelle Poulou, lors d'un échange téléphonique avec les agences de presse.

« Ce type de stratégie est vertueuse pour les marques à moyen-long terme mais requiert généralement beaucoup de temps et d'investissement avant de porter ses fruits », avait commenté pour La Tribune Charles-Louis Scotti, analyste chez Kepler Cheuvreux, responsable de la recherche dans le secteur du luxe, en février.

Dans un tel contexte, « notre investissement continu dans nos maisons pèsera à court terme sur nos résultats », avait déjà prévenu toujours en février, François-Henri Pinault. Une note salée qui devrait donc surtout peser sur le premier semestre.

(Avec agences)

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Commentaires 7
à écrit le 24/04/2024 à 10:58
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Pinault devrait pourtant être bien placé pour savoir ce qui plaît aux acheteurs de luxe. Il lui suffirait de faire une petite enquête de marché au sein de sa proche communauté de milliardaires. Apparemment, il ne suffit pas que cela soit cher pour se...

le 24/04/2024 à 18:44
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"pour savoir ce qui plaît aux acheteurs de luxe" s'il y en a de moins en moins en Chine, comment voulez-vous que les ventes croissent ? Les richesses ça se fait et se défait parfois (là ils vendent leurs articles de luxe qui ne se démodent pas pour s...

à écrit le 24/04/2024 à 8:32
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Il serait peut-être temps de générer de nouvelles entreprises du luxe non ? On doit pouvoir faire ça nous autres français.

le 24/04/2024 à 18:49
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voire générer de nouveaux riches qui vont vouloir s'équiper en produits haut de gamme. Des entreprises luxueuses concurrentes, ça ne démultipliera pas les dépenses des riches (en nombre limité). Achetons du luxe, en empruntant à la banque ! :-) Aidon...

le 25/04/2024 à 8:44
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Le luxe est le dernier crédit des riches, le tout dernier ils ne reposent plus que sur ça Si on leur enlève ils ne sont plus rien du tout, déjà qu'ils ne sont pas grand chose...

à écrit le 24/04/2024 à 8:03
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Il n'y a guère de secteurs industriels compétitifs en France , le luxe est un des rares, si il s'effondre 👎 Et tout cela à cause des méchants chinois qui n'achètent plus 🤣

à écrit le 23/04/2024 à 19:40
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des SUPERPERTES!!!!!!!!!!!! il faut obliger la Nupes a prendre ses responsabilites en compensant ca a l'euro pret, avec une taxe qui lutte contre le rechauffement climatique sur le salaire des profs! ca sera bienveillant et ca reduira les inegalites

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