Les constructeurs auto japonais candidats aux prochaines alliances

Après l'alliance GM-PSA, deux constructeurs nippons restent isolés : Mazda et Mitsubishi. Ils dépendent trop de leurs usines dans l'archipel. Suzuki pourrait aussi chercher un autre allié que Volkswagen.
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General Motors veut pousser plus avant son alliance avec PSA conclue fin février, affirme son PDG Dan Akerson, dans un entretien au "Wall Street Journal". Dévoilé par "latribune.fr", ce rapprochement transatlantique est le dernier en date des grandes alliances automobiles.

Douze ans presque jour pour jour après le mariage Renault-Nissan, trois ans après l'annonce des fiançailles Fiat-Chrysler, la question se pose : à qui le tour ? Quels seront les prochains constructeurs à convoler ? Chaque nouvelle alliance crée en effet un effet de cliquet,  entraînant dans son sillage de nouveaux rapprochements. Une loi largement avérée ces dernières décennies.

Toyota, Hyundai-Kia, Ford, seuls mais puissants

Certains groupes automobiles restent isolés mais leur énorme taille les met à l'abri du besoin (Toyota, Hyundai-Kia, Ford). D'autres, comme Honda, sont de taille moyenne mais se trouvent présents sur tous les grands marchés mondiaux avec une rentabilité satisfaisante.

Enfin, la spécialisation dans un haut de gamme très profitable préserve BMW et Daimler (Mercedes), ce dernier étant d'ailleurs un grand groupe puisqu'il est le premier producteur mondial de... poids-lourds.

Mazda et Mitsubishi sur la sellette

En fait, seuls deux constructeurs généralistes de voitures particulières (hors Chine) sont aujourd'hui vulnérables du fait de leur taille insuffisante : les japonais Mazda et Mitsubishi. Leurs volumes annuels restent insuffisants - autour d'un million de véhicules, soit plus de trois fois moins que PSA.

Ils sont donc les candidats naturels à de prochaines alliances. Lâché par Ford, qui a été pendant des décennies son actionnaire de référence (à hauteur de 33,4 %), Mazda cherche d'ailleurs des partenaires pour des coopérations techniques, avait indiqué à la mi-février son PDG, Takashi Yamanouchi. S'il parvenait à rompre avec Volkswagen, Suzuki pourrait être aussi partie prenante à de nouvelles fiançailles.

Comptes dans le rouge

Mazda, qui a récemment annoncé un appel au marché pour lever jusqu'à 163 milliards de yens (1,5 milliard d'euros) de capitaux via l'émission de nouvelles actions, est dans le rouge. La firme de Hiroshima a enregistré une énorme perte nette lors des neuf premiers mois de son exercice fiscal 2011-2012, en raison notamment d'une baisse de ses ventes et de la flambée du yen. Ce lourd déficit a contraint Mazda à abaisser ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice (clos le 31 mars 2012) à une perte nette de 100 milliards de yens (1 milliard d'euros).

« Il nous faut accroître de 40 % notre production à moyen terme. Et, pour éviter l'impact du yen, nous devons fabriquer plus en Chine, nous construisons une usine au Mexique et étudions une production en Russie», nous affirmait le PDG du groupe en décembre dernier, lors du salon de Tokyo. Mais tout cela coûte cher. Mazda vend dans le monde entier mais sa présence est faible partout. Et ce, malgré l'excellente réputation de ses produits. Il produit essentiellement au Japon et ne dispose d'aucune usine en Europe ou en Amérique du sud.

Mitsubishi souffre en Europe

MMC (Mitsubishi Motors), dont Daimler-Chrysler avait pris le contrôle en 2000 avant de le lâcher quelques années plus tard, est aussi en posture délicate. Avec une production limitée, également centrée sur le Japon, Mitsubishi pâtit du renchérissement du yen. Sa production en Europe, dans la vieille usine néerlandaise de Daf, va même s'arrêter à la fin de cette année. Elle était, il est vrai, dérisoire. Mitsubishi souffre sur le Vieux continent, mais aussi en Amérique du nord, où sa présence est assez anecdotique. Il est quasiment absent d'Amérique du sud et son implantation en Russie (avec le français PSA) reste marginale.

Faute de capacités d'investissement, il reste en outre trop concentré sur certains types de véhicules, notamment les 4x4 ou pick-ups. Il démarre certes actuellement la fabrication en Thaïlande d'une petite voiture à bas coûts (avec des capacités initiales de 150.000 véhicules). Mais ce modèle d'entrée de gamme, qui arrivera en Europe fin 2012 à moins de 10.000 euros, ne sera guère suffisant pour relancer la présence de la marque hors d'Asie.

Mitsubishi Motors est trop petit pour réaliser de vraies économies d'échelle. Les coûts unitaires sont donc relativement élevés. Ses discussions pour une alliance capitalistiques avec PSA ont échoué il y a deux ans. Certes, MMC fait partie du grand conglomérat Mitsubishi Corp, aux larges ressources. Il n'empêche. Avec un bénéfice net très faible (13,6 milliards de yens seulement, soit une centaine de millions d'euros sur les neuf premiers mois de son exercice fiscal 2001-2012), MMC risque de ne pouvoir demeurer longtemps seul.

Suzuki en mal de divorce

Suzuki est bien moins vulnérable. Le constructeur de deux roues et de mini-véhicules japonais n'est pas un si petit constructeur puisqu'il a vendu 2,5 millions de véhicules l'an dernier. La firme est en outre très présente dans les pays émergents comme l'Inde, où elle occupe traditionnellement la moitié du marché grâce à sa co-entreprise Maruti.

En outre, Suzuki est régulièrement bénéficiaire. Sur les neuf premiers mois de son exercice 2011-2012 (avril à décembre 2011), il n'a quand même dégagé qu'un petit profit net de 40,6 milliards de yens (400 millions d'euros). Toutefois, il y a longtemps que Suzuki recherche des alliances. A près avoir été lié à GM (qui détenait 20 % de son capital), la firme nippone s'est rapprochée de Volkswagen, qui possède 19,9 % de ses actions.

Mais, les deux groupes s'entendent... mal. Le torchon brûle et Suzuki veut rompre ce partenariat. Le 24 novembre dernier, il a même demandé l'arbitrage d'un tribunal international à Londres pour forcer son allié à revendre sa participation. Cet arbitrage devrait être rendu en 2013. Si les deux groupes distendent leurs liens, Suzuki pourrait être amené à se rapprocher d'un tiers. Le groupe nourrit ainsi d'excellentes relations de coopération avec Fiat, à qui il achète des moteurs diesel depuis des années.

Fiat en embuscade

L'administrateur délégué de Fiat, Sergio Marchionne, a d'indiqué, début mars, que le groupe italien discutait avec Suzuki... et Mazda. Sans donner d'autres précisions. Mais, n'oublions pas que les alliances ne sont pas la panacée.

Beaucoup ont en effet échoué (Daimler-Chrysler, Daimler-Chrysler-Mitsubishi, Fiat-GM, BMW-Rover, Renault-Volvo...). Additionner les difficultés ne permet pas toujours de... les résoudre. Seule à ce jour l'Alliance Renault-Nissan a réellement prouvé sa viabilité.

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Commentaire 1
à écrit le 23/03/2012 à 10:42
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Dans dix ans il ne restera qu'une poigné de constructeurs automobiles: GM,Toyota,VW,Nissan,Hyundai, et un chinois ou deux tant que la dictature dure! Au fait presque un par continent! Après le reste ce seront des épiciers ou maroquiniers de luxe comm...

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