Edition du génome : un rapport parlementaire prône une stratégie de défense contre le bioterrorisme

Pour se prémunir au mieux des risques d'une utilisation des technologies de découpage ADN dans un terrorisme recourant à des agents biologiques pathogène ou à des produits chimiques, un rapport parlementaire demande plus de collaborations entre les institutions et les pays.
Jean-Yves Paillé
Ce n'est pas la première fois que la crainte de la menace bioterroriste induite par l'édition du génome inquiète au sommet de l'Etat. Outre-Atlantique, un rapport de la CIA déclassifié prenait très au sérieux cette menace au début de l'année. En 2016, un conseiller de Barack Obama, alors président des Etats-Unis, insistait sur la nécessité d'agir en urgence contre l'utilisation de CRISPR à des fins terroristes.

Il aura fallu 15 mois de travail, deux auditions publiques et plusieurs missions en France et à l'étranger, pour qu'un rapport complet de l'Assemblée nationale sur les technologies d'édition du génome voie le jour. Ce rapport parlementaire provisoire de plus de 290 pages, publié mardi 28 mars, a été réalisé sous l'impulsion de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Il intègre une vingtaine de recommandations sur des questions éthiques, scientifiques, l'utilisation des technologies de découpage ADN dans les domaines thérapeutiques, du développement durable et de l'agriculture. On y trouve également des recommandations pour lutter contre de potentielles dérives dans l'utilisation de l'édition du génome. Il prône "une stratégie de défense contre le bioterrorisme", c'est-à-dire un terrorisme recourant à des agents biologiques pathogènes ou à des produits chimiques.

Ce qui inquiète les rapporteurs, notamment, c'est la facilité d'utilisation des technologies de "découpage" de l'ADN telle que CRISPR-Cas9 pour transformer des virus ou des bactéries et en faire de véritables armes chimiques, et pouvant se concevoir par une "biologie de garage".

Plus de coordination entre les institutions et les pays impliqués dans la question

Pour lutter contre cette menace potentielle, les rapporteurs réclament une meilleure coordination des travaux entre les universités, les établissements publics scientifiques et techniques et les établissements militaires. Ou encore, un travail en "amont sur une panoplie de stratégies de défense qui pourrait être mises en œuvre dans des scénarios d'attaques bioterroristes"

Il préconise également plus d'interaction entre les institutions des différents pays actifs sur la question. Un point doit être "fait au niveau européen et international sur les risques accrus d'utilisation malveillante des biotechnologies", est-il écrit.

Des points positifs dans la lutte contre les dérives bioterroristes

En parallèle de ces recommandations, le rapport souligne de nombreux points positifs. Il se félicite des "moyens nouveaux mis en place par la direction générale de l'armement du ministère de la Défense sur les techniques de détection rapide permettant de repérer la présence d'agents pathogènes" susceptibles être utilisés pour fabriquer des armes bactériologiques.

Ou encore, les rapporteurs jugent que "les règles de biosécurité des laboratoires de recherche sont suffisantes".

Ce n'est pas la première fois que la crainte de la menace bioterroriste induite par l'édition du génome inquiète au sommet de l'État. Outre-Atlantique, un rapport déclassifié de la CIA prenait très au sérieux cette menace au début de l'année. En 2016, un conseiller de Barack Obama, alors président des États-Unis, insistait sur la nécessité d'agir en urgence contre l'utilisation potentielle de CRISPR à des fins terroristes.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 31/03/2017 à 13:10
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Il est rassurant de constater que les élus de la République travaillent sur ces risques nouveaux à l'évolution fulgurante et imprévisible. Il est rassurant qu'il ait pris acte qu'il est désormais possible de produire des armes extrêmement nocives ...

à écrit le 31/03/2017 à 9:37
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Par contre que les investisseurs fassent n'importe quoi avec, à savoir les plus fortes probabilités, ils en ont rien à faire.

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