Canicule : EDF pourrait encore diminuer sa production nucléaire

EDF pourrait être contraint d'abaisser sa production nucléaire à partir du 6 août et même arrêter un réacteur de la centrale du Tricastin (Drôme) en raison des températures élevées des fleuves, alors que la France traverse une nouvelle canicule.
La centrale de Tricastin dans la Drôme (26).
La centrale de Tricastin dans la Drôme (26). (Crédits : Wikipedia)

Coup dur pour EDF. Alors que plus de la moitié des 56 réacteurs nucléaires sont déjà à l'arrêt pour cause de maintenance ou de problèmes de corrosion, l'électricien pourrait être contraint d'abaisser encore sa production nucléaire ces prochains jours et même arrêter l'un des quatre réacteurs de la centrale du Tricastin (Drôme) en raison des températures élevées des fleuves. Ceci alors que la production d'électricité nucléaire est aujourd'hui « au plus bas depuis des années avec 290 térawattheure » (contre une capacité 460 TW en temps normal), rappelait récemment Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie.

Restrictions à partir du 6 août

« En raison des prévisions de températures élevées sur le Rhône, des restrictions de production sont susceptibles d'affecter le site de production nucléaire de Tricastin à partir du 6 août 2022 pouvant aller jusqu'à l'arrêt d'une tranche », indique le producteur d'électricité. « Cependant une production d'au moins 400 MW devra être assurée avec le maintien de 2 tranches couplées pour contraintes réseau », précise le groupe.

Tricastin compte 4 réacteurs de 900 MW chacun.

Pour rappel, les réacteurs nucléaires pompent de l'eau dans les cours d'eau ou les mers pour leur refroidissement, et rejettent de l'eau réchauffée, rejets soumis à des limites de température pour préserver la biodiversité aquatique. Il arrive à EDF de réduire la puissance de ses réacteurs - voire de les arrêter - pour préserver la température des cours d'eau.

Depuis vendredi dernier, EDF tirait la sonnette d'alarme en prévenant que la production de la centrale pourrait être affectée en raison de l'échauffement des cours d'eau, utilisés pour refroidir les réacteurs.

« A date, seul le réacteur n°2 de Tricastin a modulé sa puissance afin de respecter son arrêté de rejets (à deux reprises durant quelques heures le 29 et le 31 juillet) », indiquait un porte-parole à l'AFP mardi après-midi.

D'autres centrales pourraient être concernées

Par ailleurs, EDF a également mis en garde sur de possibles « restrictions de production » à la centrale de Saint-Alban (Isère), elle aussi sur les bords du Rhône, avec toutefois une production minimale également prévue. De telles restrictions sont également envisagées à la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) en raison, cette fois, de prévisions de températures élevées pour un autre fleuve, la Garonne.

Depuis 2006, chaque centrale a ses propres limites réglementaires de température de rejet de l'eau à ne pas dépasser, afin de ne pas échauffer les cours d'eau environnants et d'en protéger la faune et la flore. Les centrales pompent en effet l'eau pour le refroidissement des réacteurs, avant de la rejeter. La réglementation prévoit de possibles dérogations temporaires sur certains sites pour qu'ils puissent fonctionner pendant les fortes chaleurs et garantir le fonctionnement des infrastructures.

Les restrictions s'accélèrent en 2022

Alors qu'elles n'avaient jusqu'ici été utilisées qu'une fois, en 2018 pour la centrale de Golfech, et ce pour 36 heures, de telles dérogations aux règles environnementales montent en flèche cette année. Avec une chaleur précoce cette année, EDF a déjà dû réduire la puissance d'un réacteur pendant quelques heures en mai au Blayais, puis en juin à Saint-Alban. Mi-juillet, des dérogations ont été accordées jusqu'au 24 juillet aux centrales, de Golfech, du Blayais (Gironde), de Saint-Alban, et du Bugey dans l'Ain.

Les centrales les plus exposées au risque de dépassement des limites thermiques de rejet de l'eau sont Golfech, Le Blayais, et sur le Rhône Bugey, Saint-Alban et Tricastin. S'y ajoute Chooz, dans les Ardennes, du fait d'un accord franco-belge sur le débit de la Meuse, avait indiqué EDF début juillet.

Mi-juin, EDF expliquait que depuis 2000, les pertes pour cause de température élevée ou de faible débit des fleuves ont représenté en moyenne 0,3% de la production annuelle du parc. Pour autant, selon RTE, les canicules ont déjà provoqué des indisponibilités simultanées de réacteurs atteignant près de 6 GW, soit environ 10% de la capacité installée, et ce problème devrait s'accroître dans les années qui viennent.

Outre leur impact sur la biodiversité, le débat sur les dérogations interpelle quand des turbines à combustion au fioul sont appelées en renfort pour répondre à la hausse de la demande et non de l'électricité nucléaire, comme cela s'est produit récemment.

Lire aussiDu fioul plutôt que du nucléaire pour produire de l'électricité en temps de canicule : un choix qui interpelle

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Commentaires 9
à écrit le 04/08/2022 à 11:56
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Il faut faire comme les Allemands réouvrir les centrales au charbon ,les écolos ne disent rien contre les Allemands ils diront contre la France .

à écrit le 04/08/2022 à 1:22
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Des décennies d'un modèle économique dévastateur, des dirigeants politiques qui connaissaient les rapports du GIEC mais qui ont préféré ne rien faire ..... et ça continue. Nos élites politiques ont failli. Alors en qui pourrions-nous avoir confiance...

à écrit le 03/08/2022 à 19:48
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Doit on en conclure que ce n'est que le début des problèmes et continuer a croire que le nucléaire c'est encore l'avenir? Réfléchissons a supprimer le moteur électrique pour tout nos gadgets! ;-)

à écrit le 03/08/2022 à 18:42
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Il est temps de réfléchir à un autre modèle de centrale nucléaire si le refroidissement pas eau est inopérant . . Ce qui semble être la tendance voir l avenir …

le 03/08/2022 à 18:58
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C est pas le refeoidissement par eau le pb mais le rejet de l eau chaude. Bref t as un autre moyen de produite 900 Mw sans faire un champ eolien ou solaire qui tournent pas sans vent ou la nuit ? Non aucun. Merci au revoir

le 03/08/2022 à 20:06
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@Marc. Les centrales du futur doivent être construite en bord de mer! La France a des milliers de km de côtes,on doit pouvoir trouver un coin.

le 03/08/2022 à 20:37
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Mais oui! Les japonais ont su le faire, pourquoi pas nous?

le 04/08/2022 à 11:46
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Ou surdimensionner les aéroréfrigérants pour tenir compte du réchauffement climatique !

le 04/08/2022 à 18:08
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@ @fg Quand j'écris "en bord de mer",ça ne veut pas dire sur la plage!

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