L'ex-patron d'une usine endommage ses machines avant leur vente

Dans le catalogue de la vente, prévue mardi à Epinal, certains équipements de ce qui fut longtemps la plus vieille usine en activité en France portent la mention "cylindres percés" : les acheteurs éventuels sont ainsi dûment avertis que les appareils concernés vaudront surtout pour leur poids en métal.
À l'ancienne usine de Docelles, les cylindres de ce type sont désormais endommagés et inutilisables.

"Ils ont tout fait pour qu'il n'y ait pas de reprise d'activité." L'ancien délégué CDFT de l'ex-usine UPM de Docelles, Gildas Bannerot, jette un regard amer sur l'action de l'ex-propriétaire de l'endroit où il a travaillé 37 ans. Fermée en 2014 après cinq siècles d'activité, l'ancienne papeterie vosgienne doit voir ses machines être vendues aux enchères mardi. Le problème ? Elles ont été endommagées pour éviter qu'elles ne puissent être rachetées par des concurrents, a appris dimanche l'AFP de sources concordantes.

Dans le catalogue de la vente, prévue mardi à Epinal, certains équipements de ce qui fut longtemps la plus vieille usine en activité en France portent la mention "cylindres percés" : les acheteurs éventuels sont ainsi dûment avertis que les appareils concernés vaudront surtout pour leur poids en métal.

La société qui a acheté en juin le site de Docelles - et qui souhaite se débarrasser des machines cette semaine aux enchères - était parfaitement au courant que les appareils étaient hors d'usage, assure-t-il. Ce dossier n'est donc pas celui d'un "patron voyou qui viendrait détruire en cachette l'outil de travail", souligne auprès de l'AFP Jean Kubiak, l'actuel représentant en France du groupe UPM et avant-dernier directeur du site vosgien, de 2008 à 2012.

Les anciens salariés voulaient racheter l'usine

Après la fermeture de l'usine, qui avait laissé 162 personnes sur le carreau en janvier 2014, certains anciens salariés s'étaient battus en justice, mais en vain, pour reprendre l'usine: le propriétaire du site, le groupe finlandais UPM, avait refusé de le leur céder à un prix raisonnable.

"Ils ont tout fait pour qu'il n'y ait pas de reprise d'activité", commente Gildas Bannerot.

Les anciens propriétaires "auraient mieux fait de tout vendre directement à des ferrailleurs, plutôt que de les casser comme ça", se désole l'ancien ouvrier de maintenance, qui reconnaît toutefois que "sur le fond, ça n'aurait pas changé grand chose".

Si Jean Kubiak reconnaît que cette mise hors d'usage des anciennes machines "crée une émotion compréhensible", elle doit selon lui être considérée "en fonction du contexte économique".

"Effectivement, les rouleaux de la machine à papier ont été percés, afin d'éviter qu'un concurrent puisse les utiliser", a expliqué l'ancien directeur du site vosgien. Et d'ajouter :

"Je ressens cette charge émotionnelle. J'étais dans cette usine. Je sais ce que ça signifie, cet attachement à un outil industriel. En même temps je sais ce que c'est de devoir vendre une tonne de papier et d'être en concurrence avec le marché mondial."

(avec AFP)

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Commentaires 17
à écrit le 24/10/2017 à 16:48
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Quand ce sont des salariés qui bloquent le transfert des machines de leur usine vouée à la fermeture ,le gouvernement envoi aussitôt des CRS."Qu'est-ce qui devient ex-propriétaire ?

à écrit le 24/10/2017 à 8:20
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Des choses très sensées sont exposées dans cet article. A savoir qu'une usine dont il ne reste rien ne peut plus faire de concurrence à ses survivants. Et pourtant, dans ces Vosges qui ont perdu des pans entiers d'économie dans le bois, le papier...

le 24/10/2017 à 9:10
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Trop d'outils de production et de capitaux dans trop peu de mains, peu agiles qui plus et, du coup ces premiers sont détruits par leurs propriétaires incompétents et bourrés de ressentiments. On espérait mieux comme économie du troisième millénai...

à écrit le 23/10/2017 à 17:23
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"La société qui a acheté en juin le site de Docelles - et qui souhaite se débarrasser des machines cette semaine aux enchères - était parfaitement au courant que les appareils étaient hors d'usage" Mais pas les salariés, donc : "Les anciens salari...

à écrit le 23/10/2017 à 13:22
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Cet article sent le non-dit. Je connais un peu le site pour avoir proposé une reutilisation tres partielle, sans doute trop modeste pour interesser qui que ce soit. Quoi qu'il en soit detruire un bien est passible de poursuites et j'imagine tres mal...

à écrit le 23/10/2017 à 13:13
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une entreprise petite ou pas n'est pas qu'un objet, c'est l'investissement d'une personne, son idée, sa sueur même dans les pires moments. C'est une part de cette personne.

à écrit le 23/10/2017 à 13:10
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combien se suicide aussi dans l'indifférence générale.

à écrit le 23/10/2017 à 13:09
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Relire la triste histoire de Mr Charles Goodyear à qui vous devez tous le caoutchouc. a vécue dans la pauvreté et la misère. humilié et volé au final de sa propre invention. C'est la vérité sur la vrai vie des véritables travailleurs...

à écrit le 23/10/2017 à 13:05
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De la part d'un liquidé judiciaire qui a plus d'expérience que les bados qui parlent sans savoir. Il est normal de vouloir tout détruire quand c'est le fruit d'un dur travail parfois de toute une vie ! Quand le Tribunal ment et ne protège pas les ent...

à écrit le 23/10/2017 à 12:08
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personne ne doute que les ouvriers voulaient bien racheter a prix gratuit, ce qui facilite des prix bas a la revente des produits vu qu'il n'y a pas les investissements initiaux ( en microeconomie on dit qu'on peut meme facturer au cout marginal san...

le 23/10/2017 à 13:36
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Le niveau 0 de l'intelligence illustré en beaucoup trop de lignes...

le 23/10/2017 à 15:17
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j'apprecie votre intelligence, et votre deni de la realite; recoltez ce que vous avez seme en pleurnichant, si ca peut vous rendre service! vous cherchez des imbeciles pour payer vos factures et votre etonnement a ne trouver personne pour resoudre ...

à écrit le 23/10/2017 à 12:01
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et oui des patrons voyous ça existe mais ils ne sont jamais condamnés

à écrit le 23/10/2017 à 11:52
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Le patron a peut être voulu que son usine ne tombe pas aux mains de ceux qui l'avait faite fermer... Quant à l'abus de "biens sociaux" dont parle skevin, je lui conseille de revoir les lois sur la propriété : le propriétaire fait ce qu'il veut de se...

le 23/10/2017 à 13:38
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Non, le propriétaire ne fait pas ce qu'il veut de ses biens parce que déjà, vu ses dettes, ces biens ne lui appartiennent plus. Mais ce n'est pas grave : la réduction de dettes que la vente aurait pu lui permettre n'aura pas lieu et les poursuites po...

à écrit le 23/10/2017 à 11:20
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Il n'y a aucun peine prévue pour ces voyous? Après tout c'est de l'abus de bien social.

le 25/10/2017 à 18:08
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Non, c'est de la stratégie économique. Tu ne vas pas donner à tes concurrents les moyens de te nuire. Quand je quitte une entreprise, j’emmène mon cerveau avec moi, je ne le laisse pas sur place :)

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