Pourquoi Alitalia ne gagne jamais d'argent

Plus de quatre ans après sa faillite, la compagnie italienne n'a toujours pas gagné d'argent et se retrouve aujourd'hui en difficulté, malgré une structure de coûts parmi les plus faibles du secteur. Sous la pression du train à grande vitesse et des low cost, elle ne parvient pas à augmenter ses recettes. En 2012, les pertes d'exploitation se sont creusées à 119 millions d'euros.
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Un creusement des pertes et de la dette en 2012; un administrateur délégué débarqué; des actionnaires sollicités pour renflouer la trésorerie : plus de quatre ans après son redécollage dans la foulée de sa faillite en 2008 et sa fusion avec Air One, Alitalia est à nouveau en difficulté. Comme c'est le cas chaque année depuis son redécollage en 2009 et plus généralement depuis la fin des années 90-début 2000.

La dette représente près du tiers du chiffre d'affaires
Lundi soir la compagnie italienne, dont Air France-KLM détient 25% du capital, a annoncé a avoir enregistré en 2012 une perte opérationnelle de 119 millions d'euros contre un exercice quasiment à l'équilibre en 2011 (- 6 millions). Ceci pour un chiffre d'affaires en hausse de 3,3% à 3,594 milliards d'euros. Le résultat net est quant à lui passé de 69 millions en 2011 à 280 millions d'euros en 2012, en partie en raison d'une charge de 91 millions. Contesté par ses actionnaires, Andrea Ragnetti, l'administrateur du transporteur italien, a démissionné. Il sera remplacé provisoirement par le président du groupe, Roberto Colaninno. Fin 2012, l'endettement s'est creusé de 175 millions pour dépasser le milliard d'euros (1,028 milliard).

Prêt de 150 millions d'euros
En outre, la compagnie a besoin de renflouer sa trésorerie. « Il y avait besoin d'une trésorerie supplémentaire qui va se concrétiser par un prêt des actionnaires. Air France-KLM y participe à hauteur de sa participation jusqu'à un maximum de 37,5 millions d'euros », a précisé vendredi Jean-Cyril Spinetta, le PDG du groupe français. Alitalia a indiqué que le seuil minimum de 95 millions d'euros du prêt de 150 millions que doivent lui accorder ses actionnaires a été atteint.
Plus de quatre ans après sa restructuration, Alitalia est donc toujours à la peine, même si l'équilibre opérationnel enregistré au quatrième trimestre est encourageant.

Le moyen-courrier, le problème
Alors qu'à l'époque les problèmes d'Alitalia concernaient le réseau long-courrier avec un système pénalisant de double hub (Milan et Rome) qui ne permettait pas de générer des recettes suffisantes,  ils se concentrent aujourd'hui sur le réseau court et moyen-courrier, concurrencé par le train à grande vitesse et les compagnies à bas coûts. Avec là encore cette incapacité à augmenter les recettes, malgré des coûts très bas. « Alitalia a les coûts unitaires parmi les plus bas du marché en Europe, mais ne parvient pas à élever ses recettes », explique-t-on chez Air France. En raison de cette faiblesse des coûts, les marges de manœuvre pour rebondir sont donc réduites.

Marché fragmenté

"Alitalia a longtemps gagné beaucoup d'argent sur son réseau domestique grâce la ligne Milan-Rome, mais l'arrivée des low cost sur cet axe l'an dernier, explique ses difficultés à augmenter les prix", indique-t-on chez Air France-KLM. Un point d'autant plus critique que le marché italien, pourtant à très fort potentiel (au nord notamment) souffre avec la crise. En outre, Alitalia paye son incapacité à maîtriser de son réseau intérieur sur ce marché fragmenté et compliqué avec des flux de trafic affaires partants de Milan et des flux de trafic loisirs entrants par Rome. Après la suppression du hub de Milan en 2008, le long-courrier n'a plus le même périmètre et afficherait des pertes limitées. Alitalia a décidé d'arrêter Pékin et en se concentrant sur le Japon et l'Amérique latine, « il peut être sauvé », dit-on chez Air France.

Une compagnie classique peut-elle gagner de l'argent en Italie?
Il n'empêche, si une low cost peut réussir en Italie, la question est moins évidente pour une compagnie classique combinant des activités court et long-courriers. « Opérer une compagnie aérienne de plein exercice profitable en Italie est en effet un véritable défi», explique-t-on chez Air France-KLM où l'on est bien content d'avoir été éconduit en 2008 lors de la tentative l'OPA sur Alitalia.
 

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Commentaires 13
à écrit le 28/02/2013 à 9:53
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Les "grandes compagnies aériennes" perdent beaucoup de passagers par rapport au trafic développé par des compagnies low-coast qui remplissent des appareils "turbo-propulseurs" depuis des aéroports régionaux et sur des distances moyennes...C'est parto...

à écrit le 26/02/2013 à 20:34
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Et concernant les aides d'Etat dont a bénéficé maintes fois AZ, on a pas trop entendu AF criait au scandale.

à écrit le 26/02/2013 à 18:29
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Vous racontez n importe quoi. Je pense que votre incompétence dans le domaine est a la hauteur de votre envie d y être. Mais il fallait être pilote ou a la limite PNC!!!

à écrit le 26/02/2013 à 18:20
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un article assez marrant qui se base un peu trop sur la mauvaise compréhension par Air France KLM de leur propre industrie. Les low costs sont un modèle formidable que les français ont raté uniquement à cause des syndicats qui ne brillent pas par l'i...

le 26/02/2013 à 23:35
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@ TTT ou toto, je vous propos de condenser le propos: Pour gagner de l'argent une compagnie aerienne ne doit pas avoir de syndicats. Le contre argument serait Pourquoi ne pas retablir l'esclavage. Et voila comme ca les choses sont simples, evidentes!

le 27/02/2013 à 13:48
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Comme toujours le Francais critique toujours sa propre compagnie. Pour répondre à ttt, j'ai été témoin à l'Ile de la Réunion d'un problème. À l'époque une compagnie low cost s'était trouvée en difficulté par un problème sur un de leurs avions. Ne pou...

le 27/02/2013 à 14:45
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Faut voir la tête des syndicats aussi.... Pourquoi les syndicats latins coulent nos boîtes? Pourquoi pas les syndicats allemands ou nordiques? c'est quoi la différence, juste un question de changement de climat, de température? Faut pas nous prendre ...

à écrit le 26/02/2013 à 16:04
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Pourquoi Alitalia ne gagne jamais d'argent ? Ah ah ah la bonne blague ! Bon alors je résume ( un peu comme Air France, mais en pire ) : salaires des pilotes, du PNC et des "Direttore" pharaoniques, embauche des "copains" à des postes sur-payés, serv...

à écrit le 26/02/2013 à 15:22
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L'avion n'a aucun avenir sur les courts et moyens courriers car il coûte bien trop cher en carburant pour s'élever dans les airs sur de courtes distances pour un gain de temps négligeable (embarquement/débarquement compris). D'ailleurs en période de ...

le 27/02/2013 à 8:02
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Je signale en passant que les low cost, qui ne font que du moyen ou du court courrier sont des entreprises très profitables. Les dogmes, c'est bien, mais quand ils sont en contradiction avec la réalité, il faut peut- être se poser des questions ! All...

à écrit le 26/02/2013 à 15:19
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Pour la même raison qu'Air France. Il faut passer par une faillite et une nouvelle companie qui reprend l'activité avec de nouvelles personnes qui ont envie de travailler dans l'aviation.

le 26/02/2013 à 15:39
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oui mais c'est ce qu'ils ont déjà fait cez AZ et ca marche pas

le 26/02/2013 à 16:48
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l aerien ça s improvise pas on peut difficilement etre directeur d une ministre de l economie incompetente et connaitre les enjeux du transport aerien, ces fluctuations, et croire qu en maintenant des pilotes avec des salaires d emirs on puisse rent...

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