Accord en vue entre Air France-KLM et KLM sur la gouvernance ?

Selon nos informations, un compromis sur la gouvernance du groupe s'est dégagé vendredi. Il doit néanmoins être validé par le conseil d'administration d'Air France-KLM.
Fabrice Gliszczynski
Benjamin Smith, le directeur général d'Air France-KLM et Pieter Elbers, le président du directoire de KLM
Benjamin Smith, le directeur général d'Air France-KLM et Pieter Elbers, le président du directoire de KLM (Crédits : DR)

Fin du psychodrame en vue à Air France-KLM ? Peut-être. Alors que l'émotion autour du maintien de Pieter Elbers à la tête de la compagnie néerlandaise KLM a atteint son paroxysme cette semaine aux Pays-Bas, la situation semble en passe de se débloquer. Pour rappel, le mandat du président du directoire de KLM arrive à échéance fin avril et les relations glaciales qu'entretiennent le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, et Pieter Elbers, ainsi que les divergences sur l'organisation du groupe qui opposent non seulement les deux hommes mais aussi Pieter Elbers et une partie du conseil d'administration d'Air France-KLM, posaient la question du maintien ou pas de Pieter Elbers dans ses fonctions. Pour résumer, alors que Ben Smith cherche à accentuer la coopération des deux compagnies, Pieter Elbers est partisan d'une autonomie de la compagnie néerlandaise.

Projet de nouvelle organisation du groupe

Selon nos informations, un compromis s'est dégagé sur la gouvernance du groupe entre les différentes parties, plaçant le renouvellement de Pieter Elbers à la tête de KLM en ballotage favorable. Vendredi dernier, au cours du conseil de surveillance de KLM auquel étaient présents Ben Smith et les membres du comité des nominations d'Air France-KLM, le dirigeant néerlandais a en effet, selon nos informations, donné son accord au schéma d'organisation du groupe présenté par Ben Smith. Celui-ci renforce la coopération d'Air France et de KLM sur plusieurs secteurs clés comme la flotte, sans toucher aux structures d'organisation actuelles. Autrement dit, contrairement à plusieurs projets présentés dans le passé, le projet de Ben Smith ne prévoit pas de remontées de certains postes des compagnies vers le groupe.

Deux DGA d'Air France-KLM : Pieter Elbers et Anne Rigail

Ben Smith entend par ailleurs renforcer le "comité des CEO" d'Air France-KLM, une sorte de mini-directoire d'Air France-KLM qui regroupait jusqu'ici les patrons d'Air France-KLM, de KLM et d'Air France, et propose la nomination de Pieter Elbers et de la directrice générale d'Air France, Anne Rigail, au poste de directeur général adjoint d'Air France-KLM, en plus de leurs fonctions au sein de leur compagnie.

Outre Pieter Elbers, le comité exécutif d'Air France-KLM et les membres du conseil d'administration d'Air France-KLM qui ont eu le projet entre les mains, sont également favorables au projet de Ben Smith. Reste au conseil d'administration d'Air France-KLM de trancher après avoir entendu la présentation de la vision de Ben Smith pour le groupe et analysé dans le détail la position de Pieter Elbers.

Conseil d'administration mardi 19 février

Le fera-t-il lors du conseil d'administration prévu ce mardi 19 février, la veille de la publication des résultats financiers, ou ultérieurement?

"La vraie deadline, c'est fin avril', explique-t-on au sein d'Air France-KLM, faisant allusion à la date de fin du mandat de Pieter Elbers.

Pour autant, sauf nouveau coup de théâtre dans ce dossier explosif, le schéma de gouvernance proposé par Ben Smith est, selon une autre source, en bonne voie pour être présenté ce mardi au conseil d'administration d'Air France-KLM.

Interrogé, un porte-parole d'Air France-KLM n'a pas souhaité faire de commentaire.

Anne-Marie Couderc au conseil de KLM ?

La question de l'entrée de Ben Smith au conseil de surveillance de KLM, qu'a toujours refusée KLM, ne serait encore pas encore tranchée, la priorité étant de trouver une solution au "dossier" Pieter Elbers. Pour autant, le principe de l'entrée d'un membre du "holding" d'Air France-KLM au conseil de surveillance de KLM semble acquis. Selon certaines sources, le choix d'Anne-Marie Couderc, la présidente non-exécutive d'Air France-KLM et présidente du comité de nominations, tient la corde.

Soutien des salariés de KLM à Pieter Elbers

Les doutes sur le renouvellement de Pieter Elbers a suscité des réactions surréalistes aux Pays-Bas. Plus de 1.000 employés de KLM ont manifesté jeudi au siège de la compagnie, près de l'aéroport international Schiphol d'Amsterdam, pour apporter leur soutien à Pieter Elbers. Ils ont remis une pétition signée par 25.000 employés, brandissant des pancartes où était notamment inscrit "KLM a besoin d'Elbers", cerné de coeurs bleus. Ce vendredi, Ben Smith a rencontré Wopke Hoekstra et Cora van Nieuwenhuizen, respectivement ministre des Finances et ministre de l'Infrastructure du gouvernement hollandais.

 "En notre qualité de ministres, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir les intérêts futurs de KLM ", a déclaré Wopke Hoekstra à la presse après ces entretiens. "Les discussions ont été intenses", a-t-il souligné.

Le premier ministre Mark Rutte a même été interpellé sur le sujet. S'il a souligné que KLM était extrêmement importante pour l'économie des Pays-Bas et qu'il est essentiel qu'elle soit bien dirigée, il s'est refusé à commenter les discussions lors de son point de presse hebdomadaire à l'issue de la réunion de son cabinet

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 5
à écrit le 19/02/2019 à 8:32
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Sans KLM AF est à la rue ! La méga pépite ne se laisse pas faire, autant dire qu'AF n'a pas le choix, bravo KLM et à ceux qui les défendent .

le 20/02/2019 à 5:40
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Suffit d'arreter d'alimenter le hub de Schipol et on reviendra a la situation anterieure... i.e la faillite de KLM

le 20/02/2019 à 17:23
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Avec une fiscalité Hollandaise, AF serait plus profitable que KLM grâce à son marché.... Car c'est bien KLM qui était à la rue en 2003 et ne doit sa survie qu'à l'accès au marché d'AF. Mais la mariée Hollandaise, opportuniste, ne souhaite pas mettre...

à écrit le 18/02/2019 à 9:56
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ah si le gouvernement français avait su se battre ainsi pour imposer la majorité à Siemens face à Alstom...

à écrit le 17/02/2019 à 18:29
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S'il n'y a pas d'accord de gouvernance, il faut mettre fin à la fusion. Dans un couple quand il y a mésentente, il vaut mieux divorcer même s'il est toujours difficile de se reconstruire, mais c'est un renouveau .

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