Le Brexit, en marche arrière ?

Le Brexit, voté il y a tout juste un an par référendum, a marqué le début de la vague populiste qui a aussi conduit Donald Trump à la Maison-Blanche. L'élection d'un europhile à l'Élysée avec Emmanuel Macron donne un coup d'arrêt à ce mouvement. Mais il est encore bien trop tôt pour espérer que le Royaume-Uni fasse marche arrière, même si l'affaiblissement de Theresa May rend la posture de négociation du pays de plus en plus difficile.
Philippe Mabille

Little big Britain ou Great small Britain. La Grande-Bretagne avait l'habitude d'avoir à l'égard de l'Europe un pied dedans, un pied dehors. Avec le vote du Brexit, il y a très exactement un an, ses partisans ont rêvé d'avoir un pied dehors tout en gardant un pied dedans. Las, les douze derniers mois l'ont montré, l'Europe ne se négocie pas à la petite semaine, comme l'a rappelé Emmanuel Macron dans son long entretien au Figaro et à plusieurs journaux européens (dont le Guardian, journal partisan du Remain...). Et pour Theresa May, qui avait cru son heure venue pour devenir la Dame de Fer d'un « hard Brexit », ou Brexit dur, les dernières élections ont apporté un cruel revers. Affaiblie par son absence de majorité dans le « hung parliament » (parlement pendu), sa position a d'autant plus de mal à tenir que les Européens du continent n'ont pas varié d'un iota face aux espoirs des Brexiters. Non, il n'y aura pas d'Europe à la carte. La Grande-Bretagne est désormais un pays isolé, aux portes d'une Europe qu'une petite moitié de Britanniques ne veut pas quitter, mais une moitié insuffisante pour inverser le cours de l'histoire.

Divisé à l'intérieur, même si pour le moment l'Écosse et l'Irlande du Nord n'ont pas envisagé sérieusement de faire sécession, la première pour rester dans l'UE, la seconde pour ne pas décrocher de l'Irlande du Sud si une frontière devait à nouveau traverser l'île, le Royaume-Uni flotte, tel un bateau ivre. Et certains se prennent à rêver à la pièce de Giraudoux '(La guerre de Troie n'aura pas lieu ») : et si le Brexit n'avait pas lieu. L'espoir d'un nouveau référendum, seul moyen d'annuler le résultat du 23 juin 2016 reste toutefois un simple espoir, très improbable.

Certes, le Royaume-Uni n'a pas encore « Brexité » : le gouvernement, avec l'accord du Parlement, a simplement enclenché la procédure de l'article 50 qui ouvre un countdown de deux ans de négociations avant la sortie. Comme le dit Emmanuel Macron, « une porte est ouverte jusqu'au moment où on la franchit. À partir du moment où les choses s'engagent avec un calendrier et un objectif, il est très difficile de revenir en arrière ». Une position dure, pour celui qui pense que « l'Europe n'est pas un supermarché » et qui exclut toute discussion bilatérale entre le Royaume-Uni et tel ou tel pays contraire aux intérêts de l'UE.

Sauf sur un point, crucial il est vrai alors que Donald Trump place l'Europe au pied du mur pour organiser elle-même sa propre sécurité, sur les questions de défense. Sur le terrorisme et le risque de guerres, « c'est le pragmatisme qui régira nos relations », reconnaît le président français.

Le principal argument de ceux qui pensent que le Brexit est réversible, c'est d'ailleurs l'élection d'un europhile en France en la personne d'Emmanuel Macron, comprise à l'étranger comme le premier coup d'arrêt aux populismes. The Economist titrait la semaine dernière sur « Europe's saviour ? », avec un point d'interrogation bien justifié. Emmanuel Macron himself reconnaît qu'il serait « présomptueux de dire dès à présent que la France exerce un nouveau leadership européen ». Ce que l'on peut espérer, c'est un nouvel équilibre entre les deux « M », Macron et Merkel, pour redonner une dynamique au moteur franco-allemand pour construire une relance de l'Europe sur les principes et les valeurs qui l'ont fondé, qui vont à l'encontre des égoïsmes nationaux.
C'est la raison sans doute pour laquelle l'Europe a accueilli fraichement les propositions de Theresa May au sommet européen posant les bases de la négociation du Brexit. En particulier, l'idée de Theresa May d'offrir un « statut particulier » aux 3 millions d'expatriés qui vivent au Royaume-Uni, en particulier à Londres a été vilipendée au motif qu'elle risque d'aggraver la situation des ressortissants européens au Royaume-Uni après le Brexit. Cette offre risque « de réduire les droits » et « notre rôle est de réduire ce risque » a répondu le président du Conseil européen Donald Tusk à la proposition britannique qualifiée « d'équitable et sérieuse » par Theresa May.

La position de la Première ministre britannique est donc de plus en plus intenable. Elle doit présenter lundi des propositions plus précises, mais face à un front commun des 27 et à un Royaume-Uni divisé, elle est en difficulté politique alors qu'il ne s'agit que du début de longues et sans doute très difficiles négociations sur tous les sujets. C'est quand il s'agira de l'avenir de la City de Londres que l'on verra si le Royaume-Uni est capable d'aller au bout ou bien calera en route avant la date fatidique du 30 mars 2019.

Pour l'instant, il n'y a pas de réel impact économique visible du Brexit. Quoique : la chute de la livre sterling, 15% depuis un an, commence à peser sur l'inflation et donc l'inflation au Royaume-Uni, dont la croissance ralentit, quand celle de l'Europe du continent accélère. Pour les Brexiters, trompés par des élites aveugles et des tabloïds gavés de fake news, l'heure de la retraite a, peut-être, sonné !

| DOSSIER : Brexit, un an après le référendum, où en sommes-nous ?

Philippe Mabille

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Commentaires 23
à écrit le 25/06/2017 à 20:31
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ils ont toujours pas pigé, les britons qu'on peut pas sortir de cette taule sauf les pieds devant.... c'est junker, le maton chef qui l'a dit .

à écrit le 24/06/2017 à 11:31
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Pourquoi faudrait-il garder la GB au sein de l'Europe ? Ils ne jouent pas le jeu, paient une contribution réduite et sabotent systématiquement, et depuis toujours, tous les projets qui visent à faire avancer les choses. Les bâtisseurs de l'Europe ...

à écrit le 24/06/2017 à 10:49
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L'UKIP est désintégrée depuis le brexit mais pour vous cela reste encore une vague "populiste". Au secours. Vous n'avez pas honte c'est bien mais cela ne reste que de la fabrique à opinion et non de l'information, indigne de la qualité régulière ...

le 25/06/2017 à 5:35
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Personne nevous oblige a lire la Tribune. Essayez le Monde, c'est plus consensuel.

le 25/06/2017 à 15:48
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@matins calmes: Le Monde est trop consensuel, il préfère l'Humanité :-)

le 25/06/2017 à 16:43
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L'avantage d'un site économique c'est que l'on ne peut pas raconter tout le temps n'importe quoi, le désavantage d'un journal généraliste qui laisse énormément de place à du grand n'importe quoi du coup voyez dans quel état déplorable se trouve le fi...

le 26/06/2017 à 8:36
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padetrikb: bien entendu votre commentaire étant hors sujet, comme à chaque fois, de l'article et de mon commentaire tout en exprimant comme d'habitude vos ressentiments d'un ennui abyssal, je vous signale. Merci de me confirmer que vos propos son...

à écrit le 24/06/2017 à 10:19
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L'inénarable Philippe Mabille presque aussi drole que son cousin Bernard, nous pond encore une fois une papier ecrit a l'eau tiède, plein de fantasmes européistes et qui a n'en pas douter fera plaisir a celui qui lui signe sa feuille de paie. Ah si l...

le 24/06/2017 à 10:51
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"Il n'y a pas d'alternative démocratique aux traités européens". Juncker Les médias ont déjà validé l'autoritarisme comme mode de fonctionnement normal. Au secours

à écrit le 24/06/2017 à 9:39
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Négociation ou pas, elle devra sortir! C'est l'UE, cette zone administrative, qui part en marche arrière parce les peuples ne sentent aucune progression!

à écrit le 24/06/2017 à 8:42
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La £ devait s'effondrer,la bourse de Londres aussi ,le PIB anglais aussi ,le chomage exploser ext.....Force est de constater qu'il n'en est rien ,et c'est bien ça qui met mal à l'aise les europhiles .Il a été estimé que le brexit pourrait couter entr...

le 24/06/2017 à 10:29
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Le problème est que le Brexit n'est toujours pas rentré en vigueur. Attendez quand les agriculteurs anglais ne recevront plus leurs subventions européennes, quand les produits finis seront taxés quand ils voudront les vendre eu europe, quand les banq...

le 24/06/2017 à 13:42
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Pour l' instant, le pouvoir d'achat des britanniques a baissé, le reste (croissance et autres indices pmi) n'est que de la littérature.

à écrit le 23/06/2017 à 22:35
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Cet article est affligeant de mauvaise foi. Pourquoi faut-t-il toujours que les européistes, journalistes compris, souhaitent que le Royaume-Uni revienne sur sa décision. On croirait revivre le référendum français de 2005 sur la constitution européen...

le 24/06/2017 à 4:49
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La democratie dans votre Europe n'est qu'un mot vide de sens. Le leitmotiev est l'argent. Ne vous illusionnez pas. Le bismuth vous a donne l'exemple.

à écrit le 23/06/2017 à 22:06
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le ru fera... ce qui est bon pour lui! may l'a clairement dit... si l'accord n'est pas bon y aura pas de sortie, et ca tombe bien, c'est plutot tres mal engage! comme par hasard le vote recent n'a pas donne le resultat ' escompte'! ha ben merdeles ...

à écrit le 23/06/2017 à 21:44
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Macron fait le job , Barnier est solide , Le Drian est retors donc aucune raison de ne pas y croire .

à écrit le 23/06/2017 à 20:24
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Pour moi, il suffit d'avancer dans les négociations avec les britanniques, sans rien lâcher ! Parallèlement, il convient de rappeler que , une fois les conditions du Brexit connues, les citoyens britanniques seraient en droit de demander à revoter......

le 24/06/2017 à 10:49
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Bien sur qu'on lachera comme eux le ferront, mais vous n'en serrez rien du tout ;La seule chose qui compte dans ces negociations ce sont les droits de douanes car il faut pas oublier que beaucoup de produits européens surtout français rentrent en Ang...

à écrit le 23/06/2017 à 20:23
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L'Ecosse dans la zone euro ?!

à écrit le 23/06/2017 à 19:52
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"Et si le Brexit n'avait pas lieu? " Amusant car je viens de réagir à un autre article de La Tribune. un "No Brexit" est l'hypothèse qui est exposé dans le lien que j'ai partagé (et que je partage à nouveau). Evidemment, il s'agit d'une hypothèse à u...

à écrit le 23/06/2017 à 19:45
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Il faut reconsidérer depuis le début la soumission française à Bruxelles cad à l' Union européenne made in Usa .. Faire une lecture ou relecture de l' étonnant "qui gouverne la France et l' Europe" du formidable pédagogue qu' est Asselineau demeur...

à écrit le 23/06/2017 à 19:38
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Ah qu' est-ce qu' il est embêtant le Ru avec son Brexit, et si les autres venaient à s' échapper de la prison européenne parce qu' il a donné l' exemple....? Ce n'est pas Barnier qui me contredira car avec son petit salaire...

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