Election présidentielle et économie numérique : un rendez-vous à ne pas rater

Le numérique est la clé du retour à la croissance. Mais les conditions de son développement doivent être réunies. Un vrai débat pour la présidentielle. Par Bruno Walther, président-fondateur de Captain Dash.

L'élection présidentielle de mai 2017 est, semble-t-il, marquée par un degré d'incertitude inhabituellement élevé. Non pas qu'en la matière notre pays soit toujours l'exception que l'on veut bien croire. A cet égard, nul ne conteste que l'année récente a été riche en surprises électorales : décision surprise des britanniques de quitter l'Union européenne, élection assez inattendue de Donald Trump.

Numérique, clé du retour de la croissance

 Ces incertitudes politiques étant ce qu'elles sont, qu'il nous soit permis, entrepreneurs de l'économie numérique, de formuler une conviction forte et un souhait résolu. Nous avons la conviction que le numérique est la clé de la restauration d'une croissance digne de ce nom dans notre pays, capable de faire enfin durablement reculer le chômage. Notre souhait, c'est que les autorités politiques que les français choisiront regardent le numérique non pas comme une menace pour nos emplois, nos libertés, voire notre souveraineté, mais comme ce qu'il est : une fantastique opportunité. Nos expériences nous en convainquent : la France dispose d'atouts clés pour faire naître les futurs leaders de l'économie numérique et tirer parti des immenses bénéfices que le numérique est capable d'apporter.

 Des efforts importants

Naturellement, une telle évolution ne se fera pas de manière spontanée. Elle nécessite des efforts importants, au moins dans deux directions.

 En premier lieu, la France doit se rendre attractive. N'en déplaise aux thuriféraires du protectionnisme, la France, et en son sein les différentes villes labellisées French Tech, sont en compétition féroce avec d'autres pays et villes d'Europe. A ce jeu, Londres, Stockholm ou Berlin se sont mises au diapason. Elles attirent start-uppers, capitaux-risqueurs, chercheurs : en un mot elles ont su créer des écosystèmes numériques incitatifs et innovants. En fait d'attractivité, la France dispose aussi d'atouts incontestables : un niveau d'éducation très élevé, des ingénieurs pointus, une qualité très grande des infrastructures, une connectivité très haut débit à des coûts parfaitement compétitifs, etc.

Mauvais signaux

 Pourtant, ce tableau positif a son revers. Les dirigeants français ont envoyé quantités de signaux aux effets désastreux pour l'attractivité de la France. Parmi eux, citons, entre autres, le rachat bloqué de Dailymotion, les discours agressifs à l'égard d'acteurs numériques internationaux majeurs dont le seul tort était d'être étrangers. Citons également l'opiniâtreté à cadenasser le numérique dans des dispositifs fiscaux hasardeux comme la fameuse « taxe Google ». Citons toujours la taxe « robots » chère à Benoit Hamon.

Ce recours incessant à la taxe, comme solution à tous les maux, est désastreux. En ce qui concerne les robots, qui arrivent dans quantités de métiers, qui ne voit pas qu'il s'agit d'un vecteur essentiel de modernisation, dont nous ne devons pas avoir peur, et qui, à l'évidence, apportera de nouvelles richesses, et in fine plus d'emplois ? Naturellement, comme toute innovation majeure, pour être socialement acceptés, la valeur ajoutée créée, qu'elle le soit par le numérique ou par les robots doit faire l'objet d'un partage socialement équitable. Mais il conviendrait de porter sur cette nouvelle économie un regard neuf plutôt que de la contraindre à se fondre dans un cadre fiscal ancien.

Offrir un cadre législatif favorable

En second lieu, la France, et l'Europe dès lors que les mesures envisagées entrent dans le cadre de la régulation communautaire, doit s'efforcer d'offrir un cadre législatif favorable à l'économique numérique. Le propre de l'action normative est de s'adapter à une réalité économique en évolution permanente. Dans le cas du numérique, les mutations se succèdent à un rythme effréné dont il faut tenir compte. Des principes simples plutôt que des formules toutes faites sont nécessaires en la matière.

 D'abord, la circulation des données doit être libre. L'on conçoit immédiatement le cortège d'objections qu'une telle position de principe suscite. Pourtant la donnée n'est rien d'autre qu'une information. Imagine t'on bloquer ou taxer la circulation de l'information. Vouloir bloquer la circulation des données démontre soit l'illettrisme numérique de nos dirigeants soit une pensée profondément liberticide. La liberté de circulation de la donnée doit être garantie au même titre que liberté de circulation de l'information.

 Ensuite, la création d'un environnement interconnecté et ouvert. L'espace numérique est, par nature, ouvert, plastique, en perpétuelle mutation. C'est un lieu de rencontre et d'échange, un bouillon de culture pour les créateurs de tous horizons qui viennent proposer leurs idées et s'enrichir des idées des autres. Un tel espace doit être interconnecté et ouvert afin que tout un chacun puisse partager et aller vers les contenus en ligne qui l'intéressent. C'est la raison pour laquelle certaines idées telles que le contrôle éditorial sur les plateformes d'hébergement, qui fleurent bon le temps de l'ORTF, sont tout simplement obsolètes.

 On le voit, le chantier est immense et prometteur. A l'heure où les candidats à la présidentielle font assaut de modernité, nous formons le vœu que tous et toutes comprennent que cadenasser l'économie numérique n'apporterait que des déconvenues et viendrait gâcher le formidable potentiel de la France en la matière.

Par Bruno Walther, président-fondateur de Captain Dash

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