Il faut sauver le soldat Air France

La compagnie nationale a beaucoup d'atouts. L'Etat doit jouer un rôle important dans son redressement. Par Marc Rochet, président Du Directoire d'Air Caraïbes

Le soldat Air France est blessé, sans doute gravement et si rien n'est fait il peut en mourir comme ses collègues déjà disparus. Les raisons de cette situation sont complexes, issues de l'histoire de la compagnie mais aussi liées aux terrains sur lesquelles se déroulent les opérations.
Le soldat Air France est, n'en doutons pas, plutôt bien qualifié, patriote, motivé et fier de servir son drapeau mais il n'a pas été préparé, ni physiquement ni psychologiquement au combat réel, celui de notre époque et de la concurrence. Il s'est même un peu endormi au gré de ses longues nuits de garde, lui laissant croire qu'il n'y avait pas danger ! Il ne peut non plus que dénoncer sans ambiguïté ceux qui le lundi 5 Octobre ont déshonoré l'uniforme de son unité.

Non, la situation n'est pas désespérée

Bien sûr on peut nier la notion de concurrence, et même déclamer qu'elle est nocive et qu'il faut s'en protéger par tous les moyens. Mais lorsque l'on a parcouru les escales du monde entier depuis des décennies, on n'a pas le droit non plus d'être aveugle sur ce qui se passe ailleurs que chez nous, qui se voit tous les jours et s'adapte, change à vive allure.
La situation médicale du soldat Air France est-elle pour autant désespérée ? Je ne le crois pas, car soldat Air France est né sous une bonne étoile : celle des atouts nombreux, ô combien nombreux de notre pays dans le domaine de l'aviation commerciale : notre capitale Paris 1ere ville visitée dans le monde, la France un barycentre géographique et économique, des infrastructures aéroportuaires de qualité mais qui restent encore à améliorer, le développement continu du transport aérien surtout dans ses composantes touristiques et voyages d'affaires, notre culture dans l'aérien, notre savoir-faire industriel, etc...
Autant d'armes puissantes qui doivent favoriser le développement, la croissance, l'innovation et l'audace.

Un diagnostic sérieux est nécessaire

Tout ceci n'est pour autant que peu efficace, insuffisant, voire trompeur, pour croire que cela suffira à le protéger comme une ligne Maginot digitale pour être de notre temps.
Je ne doute pas un seul instant que tous veulent sauver le soldat blessé, à terre, tellement faible d'impuissance devant ceux qui ont su s'adapter plus tôt, plus vite, et mieux, notamment certains compagnons d'arme, proches de lui, comme Iberia par exemple.
Il n'y a pas de solution miracle, encore mois de solutions dictées, imposées ou forcement contestées. Il n'y pas non plus de solutions où l'on s'enferme dans son bunker. En médecine, dans les cas graves, il n'y a pas de traitement efficace sans diagnostic fiable, expliqué et accepté en respectant le patient. A défaut le mauvais traitement, peut-être rejeté comme on l'a vu cette semaine, peut devenir un poison, et dans certain cas se révéler mortel.
Il faut, avant même toute solution et tout traitement, revenir d'urgence à la nécessité de poser un diagnostic sérieux, fait en équipe, à plusieurs, accepté par tous et impartial. La condition de survie du soldat passe par le partage et l'acceptation courageuse de ce diagnostic avec une information complète, respectueuse et précise

L'Etat doit faciliter le choses


Ensuite, mais ensuite seulement peut venir le temps des choix à mettre en œuvre. Il ne faut pas nier qu'ils peuvent être difficiles, nécessiter de l'aide extérieure, voire passer par une phase opératoire avec de la sueur et des larmes mais combien peut être belle la guérison.
Le soldat n'abandonnera pas ses camarades aux affres du chômage mais doit encore partager alors avec courage et lucidité la solidarité au sein de son escadron.
Alors de nouveau, le soldat Air France pourra repartir au combat, oubliant ses fantasmes ou ses arrogances du passé, fier de conquérir de nouvelles clientèles, de nouveaux marchés car si on veut qu'il puisse se rétablir encore faut-il lui écrire ce que sera son avenir.
Dans ce contexte, l'État n'est pas médecin, il n'est pas stratège du commerce, des choix de réseaux, ou des modèles d'exploitation. Ce n'est pas, ce n'est plus son rôle ! Pour autant, il ne peut ignorer l'effort énorme que le soldat va devoir faire pour se soigner, pour s'en sortir, pour sauver sa peau. Il ne doit pas rendre cette mission encore plus difficile, plus compliqué car in fine l'État a aussi besoin de soldats.


Je suis le soldat Air Caraïbes, petit concurrent d'Air France, plutôt en bonne santé parce que je n'ai pas cru que le changement n'était que ponctuel mais au contraire devait être permanent, obstiné et partagé. Paradoxalement, je n'ai pas intérêt non plus à voir disparaitre, mon copain le soldat Air France car ce serait un terrible échec collectif pour notre pays béni des dieux en matière de transport aérien.
Marc Rochet
Président Du Directoire d'Air Caraïbes

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Commentaires 14
à écrit le 09/10/2015 à 16:10
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Marc Rochet est un homme du transport aérien. Air Inter puis l'Aeromaritime et PDG d' AOM il sait de quoi il parle. Pour sauver le soldat Couvelaire, on l'a envoyé à l'ANPE (pole emploi de l'époque) et AOM rachetée par Air Liberté pour donner Air L...

à écrit le 09/10/2015 à 12:58
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Pas du tout d'accord ! Il faut s'empresser de revendre AF à qui en veut pour éviter le coup de la SNCM . L'Etat actionnaire y à dilapidé des milliards pour rien pendant que des syndicalistes travaillaient à la mise en faillite de l'entreprise.

à écrit le 09/10/2015 à 8:15
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Air France ne peut être sauvée tant que l'état en est actionnaire. L'état devrait céder ses 16% au personnel de la compagnie. A charge pour eux de se mobiliser réellement pour la sauver....

à écrit le 08/10/2015 à 18:01
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Sacré soldat Air Caraïbes... Il se souvient sans doute avoir été le soldat Aéromaritime.. Vous savez bien, celui que le soldat Air France a mené au poteau d'exécution parce qu'il ne rentrait pas dans la ligne Maginot. et en plus pensait qu'il avait r...

à écrit le 08/10/2015 à 17:39
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Venant de Marc Rocher on en peut que rire à ses conseils manageriaux ! Quand au diagnostic il est posé ; air France est trop chère par rapport à ses concurrents ! Les solutions sont aussi posées : amélioration du service (en cours) réduction des coût...

le 08/10/2015 à 18:12
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Ah c'est sûr, Rochet n'a aucune des compétences requises...Déjà, il n'est pas ignorant de ce qu'est une compagnie aérienne, c'est ennuyeux. Pire, il aurait une certaine expérience du sujet et encore pire, serait doté d'un cerveau, qui plus est doublé...

à écrit le 08/10/2015 à 17:13
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Pour sauver Air France et toute notre industrie, il faudrait financer les retraites par une taxe sur l'énergie. Cela favoriserait la protection du climat.

le 08/10/2015 à 21:07
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???? Quoi toi vouloir dire ????

le 09/10/2015 à 8:05
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à @Gépé. Il faut accepter d'augmenter le prix de l'énergie pour retrouver la croissance et réduire le chomage. Tout est écrit page 12 de la note n°6 du CAE. Merci.

le 09/10/2015 à 8:05
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à @Gépé. Il faut accepter d'augmenter le prix de l'énergie pour retrouver la croissance et réduire le chomage. Tout est écrit page 12 de la note n°6 du CAE. Merci.

à écrit le 08/10/2015 à 17:01
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Air France doit respecter les règles fiscales et sociales françaises, très différentes des règles internationales. Ce sont ces différences qu'il faut analyser, en particulier le régime des retraites.

le 08/10/2015 à 17:44
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Revoir le régime des retraites n'a de sens que si l'on accepte de réduire comme aux USA les montants versés et de passer de la répartition à la capitalisation ce qui n'est pas la tradition FRancaise ni ce que virulent les salariés, tout le monde trou...

le 08/10/2015 à 17:44
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Revoir le régime des retraites n'a de sens que si l'on accepte de réduire comme aux USA les montants versés et de passer de la répartition à la capitalisation ce qui n'est pas la tradition FRancaise ni ce que virulent les salariés, tout le monde trou...

le 09/10/2015 à 8:15
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Réponse. Nous confions aux entreprises le financement des retraites. Cela est valable pour une économie fermée. Mais avec la mondialisation, les clients ne veulent pas payer. Il faut réduire les charges des entreprises en finançant les retraites sur ...

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