Les inégalités : résultante d'une politique active et volontaire ?

Il est de notoriété publique que la distribution des revenus n'a plus rien à voir avec le mérite! Avez-vous noté comme il est de bon ton de compter sur la «main invisible» pour soulager les inégalités et pour résorber le chômage tandis qu'au même moment les interventions, manipulations et pressions diverses qui tendent à gonfler les hauts revenus et à majorer les fortunes existantes ne sont jamais, pour leur part, remises en question. Par Michel Santi, économiste (*).
Michel Santi.

Les économistes, politiques, analystes «mainstream» ont beau stigmatiser la régulation comme toutes les interventions de l'Etat visant à protéger les plus vulnérables. Ils sont muets dès lors que les banques sont secourues, et lorsqu'il s'agit de sauver les spéculateurs embourbés dans leurs multiples bulles. En fait, le concept est simpliste car si la régulation est vouée aux gémonies dès qu'elle menace les profits, elle est encensée si et quand elle permet de renflouer des financiers-pirates sur le point de chavirer. Du reste, les marchés financiers -dont les sorties de route depuis 2001 ont tant coûté en croissance et en emplois à nos économies réelles- ont été les premiers bénéficiaires et récipiendaires de la générosité des fonds publics sans que leur fonctionnement, que leurs excès ou que leur capacité de nuisance n'aient jamais fondamentalement été remis en question. Acceptable dès qu'il autorise le maintien du statut quo et des pouvoirs économiques en place, l'interventionnisme devient intolérable dès qu'il envisage de soulager les plus fragiles.

Une politique active et volontaire

De nos jours, les inégalités ne sont donc plus tant la résultante de la passivité, de l'incompétence ou de la malchance que d'une politique active et volontaire visant précisément à les attiser. Ces principes sacro-saints violemment opposés à toute régulation, à toute politique monétaire expansionniste, à toutes mesures visant à promouvoir la consommation, à toute intervention lissante des pouvoirs publics ne sont-ils pas en même temps les plus ardents défenseurs des mécanismes sauvages de marché qui ne favorisent évidemment que le plus puissants et les plus riches? Au risque de me montrer répétitif: toute politique cherchant à équilibrer le budget de l'Etat et à résorber intégralement les déficits a également pour objectif inhérent de maintenir un chômage élevé.

Cette main n'est donc pas si invisible qu'on le prétend car elle guide sûrement et fermement les intérêts des élites économico-financières et elle asservit les marchés à leur seul avantage. Que l'on arrête donc de nous asséner que les revenus sont le fruit de la productivité, car il se pourrait bien que le chômage soit un choix délibéré.

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(*) Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et Directeur Général d'Art Trading & Finance.

Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique" et de "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.

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Commentaires 11
à écrit le 11/06/2017 à 8:03
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Notre chomage est lié en partie par l'effet de la démographie correspondant au baby boom. Il faut adapter notre économie à cet effet du baby boom.

à écrit le 09/06/2017 à 13:45
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Le "chomage" est en fait du temps de travail libéré par les gains de productivité liés au progrès technique. Nous ne sommes plus au moyen age. Il faut le rémunérer par une contribution de l'énergie. Voir la note n°6 du CAE, page 12. Est ce vraiment s...

à écrit le 07/06/2017 à 18:35
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Merci beaucoup, je ne sais pas combien de temps vous allez pouvoir tenir à nous parler vrai mais félicitations pour votre courage qui fait de vous un véritable professionnel, celui qui ne se laisse pas guider par des dogmes, celui qui prend du recul ...

à écrit le 07/06/2017 à 17:28
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Le chômage un choix délibéré, certes, puisque des esclaves à l'autre bout de la planète produisent plus que nous ne pouvons consommer. Nos "pauvres" n'ont rien à envier aux classes moyennes des pays en voie de développement. Avec une balance commerci...

à écrit le 07/06/2017 à 15:51
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Le chômage comme "choix délibéré : ce point de vue original courageux de Michel Santi devrait être développé dans un article qui irait plus loin.

le 07/06/2017 à 17:53
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Pas besoin de long discours sur le sujet : cela fait 30 années que le taux de chômage oscille entre 8 et 10%. Si on avait voulu corriger le tri, cela aurait déjà été fait depuis longtemps. Mais bon, pour les hommes politiques, c'est à l'insu de leur ...

le 09/06/2017 à 13:54
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Le chômage est la variable d'ajustement qui reste si on refuse de toucher aux salaires et aux coûts salariaux... En ce sens, oui, la France a fait le choix du chômage. On y produit au niveau de qualité, d'innovation et de technicité espagnol mais ave...

à écrit le 07/06/2017 à 11:56
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Que de poncifs et de vieilles lunes : il est clair si on regarde un peu partout autour de soi en Europe que les pays qui ont un budget équilibré ou presque ont un taux de chômage bas, et qu'en général le sérieux budgétaire (qui interdit l'excès d'int...

le 07/06/2017 à 14:07
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@bruno_bd Vous croyez VRAIMENT à ce que vous écrivez? Essayez d'aller plus loin et de regarder VRAIMENT ce qui se passe sur le terrain. La précarité est partout, la pauvreté pas loin derrière. Le "spectaculaire redressement Allemand" a laissé derriè...

le 09/06/2017 à 14:05
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Cher Bruno, le chomage est dû à la démographie (le baby boom), et au progrès technique. Il doit être rémunéré par une contribution de l'énergie. Il faudrait pouvoir en discuter.

à écrit le 07/06/2017 à 11:56
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les syndicats sont pour les politiques monetaires expansionnistes ""payees par personne"", comme le dit l'adage ultra keynesien evidemment, quand l'inflation revient, ils sont contre le fait que les salaires soient mis au tas par l'inflation, hein ...

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