Les Français se détournent massivement des OPCVM

Les épargnants ont commencé à fuir ces placements bien avant la crise de cet été. En cause, le manque de conseil pendant et après la vente.
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La décollecte sur les OPCVM a atteint 20 milliards d'euros en septembre, 50 milliards en octobre, selon l'Efama*. Inquiétant. Car cette désaffection des épargnants pour les OPCVM, ces fonds de placements ou Sicav éligibles par exemple à un plan d'épargne en actions ou à un compte titres, est un manque à gagner pour les sociétés de gestion d'actifs. Il est ainsi estimé, en termes de chiffre d'affaires, à 1,8 milliard d'euros pour les sociétés de gestion européennes, selon une étude du cabinet McKinsey. Pour ces sociétés, les OPCVM dédiés aux particuliers ont en effet représenté 49 % de leurs revenus en 2010. « Depuis environ quatre ans, on assiste à une décollecte massive sur les OPCVM », constate Matteo Pacca, directeur associé chez McKinsey. Avant d'ajouter que « plusieurs facteurs peuvent aggraver ce mouvement de décollecte : les besoins de liquidités des groupes bancaires et le fait que ces produits soient considérés comme spéculatifs, qui les dessert quand les marchés vont mal ».

Si la crise amplifie ce phénomène, elle n'est pas la raison première de ce désamour. Le cabinet de conseil a réalisé une étude auprès de 30.500 investisseurs particuliers en France, Allemagne et Italie. Dans ces trois pays, le constat est le même : le manque de pédagogie au moment de la vente et tout au long de la durée de détention des OPCVM joue pour beaucoup.

Vision réaliste

« Au-delà de la crise, il existe un décalage entre les attentes et les besoins des investisseurs particuliers, et les produits proposés par les sociétés de gestion d'actifs », ajoute Matteo Pacca. D'abord, les conseillers de clientèle des réseaux bancaires qui distribuent les produits, tout comme les sociétés de gestion qui les fabriquent, devraient prendre en compte le fait que les particuliers ont des attentes peu rationnelles en termes de rendement et de durée de détention. « Les investisseurs n'arrivent pas à corréler durée de détention et rendement des OPCVM, et n'ont pas de vision réaliste du rendement moyen de ce type de placement », déclare Matteo Pacca. L'étude démontre ainsi que 61 % des investisseurs individuels visent un rendement au moins supérieur de 5 % à l'inflation. Par ailleurs, 38 % des Français ne lient pas le rendement au niveau de risque d'un placement. Les conseillers de clientèle et les sociétés de gestion doivent faire oeuvre de pédagogie pour regagner la confiance des souscripteurs d'OPCVM. Car 63 % des épargnants (et 72 % en France) qui se sont désengagés de leurs placements en OPCVM n'ont pas alerté leur conseiller avant de le faire.

Au final, plus de la moitié des investisseurs particuliers en OPCVM affirment qu'ils ne souscriraient pas une nouvelle fois ce type de placement s'ils avaient 10.000 euros à investir. « Les sociétés de gestion peuvent essayer de mieux comprendre leur client final, même si elles sont dans une relation intermédiée. Et améliorer le « service après-vente » et le conseil sont des pistes de travail importantes », suggère Matteo Pacca.

(*) Efama : European Fund and Asset Management Association.

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