Smart City : à Lille, SunRise teste les enjeux urbains de demain

Ils viennent du Qatar, de Chine, du Maroc ou du Liban pour étudier cette smart city grandeur nature. À Villeneuve-d'Ascq, dans le Nord, une centaine de kilomètres de réseaux d'eau, d'assainissement et de chauffage du campus de l'université de Lille 1 sont équipés de capteurs. Ce qui en fait un site exceptionnel, sans équivalent dans le monde, pour mettre en pratique la smart city.
Université de Lille 1

L'expérience, commencée en 2011 avec l'aide du Conseil régional, de la Métropole européenne de Lille et de la Communauté d'agglomération de Béthune et des opérateurs d'énergies et de télécom, a très vite porté ses fruits. « Dès 2012, nous avons été labellisés démonstrateur européen », se souvient Isam Shahrour, professeur à l'Université de Lille 1, à la tête de ce laboratoire baptisé « génie civil et géo-environnement » (LGCgE) qui a fait naître le projet SunRise.

SunRise, c'est aujourd'hui un terrain de jeu équivalent à un territoire de 25.000 habitants et près de 150 bâtiments. En croisant l'activité de recherche avec des formations et des projets d'acteurs économiques, SunRise a d'abord relevé le challenge d'équiper judicieusement ce périmètre de capteurs, avec l'aide d'une vingtaine de doctorants.

« Nous savons désormais où placer les capteurs pour récupérer la bonne information : mieux vaut un capteur situé au bon endroit que dix autres mal installés », souligne le professeur.

Détecter les fuites

Parmi les réseaux analysés, l'eau. Le laboratoire a travaillé avec de nombreux opérateurs de pays européens basés aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Espagne ou bien sûr en France. « Comme notre campus universitaire date des années 60, il possède un réseau très ancien. Grâce aux comparaisons faites entre les volumes entrants et rejetés, nous avons pu recenser un nombre impressionnant de fuites », souligne Isam Shahrour. Suite aux réparations, 300 m3 d'eau ont ainsi pu être économisés, représentant une économie... de 1.200 euros par jour !

« Nous sommes aujourd'hui capables de surveiller la qualité de l'eau, pour détecter des contaminations ou des inondations, par exemple. Nous travaillons aussi sur des projets concernant l'assainissement ».

surize

Question de l'électricité...

Le laboratoire mène actuellement une expérience similaire avec l'électricité, dans le cadre des recherches d'un étudiant américain. Là encore, face aux installations vieillissantes, des capteurs permettent de relever la consommation heure par heure, de définir le profil d'un bâtiment et de détecter des anomalies comme des lumières restées allumées la nuit ou un appareil mal réglé.

« À partir de la bonne information, il est ensuite facile de mettre en place des solutions ».

En matière d'électricité, la question des pics de consommation devient cruciale. D'autant qu'avec l'avènement des énergies renouvelables, les possibilités d'approvisionnement en électricité se sont multipliées.

« La production d'énergie renouvelable nécessite désormais de savoir où on peut aller puiser de l'énergie quand on en a besoin : dans mon véhicule électrique, vers ceux qui produisent, chez mon voisin, etc. Il faudra savoir faire les bons choix ».

Et de gouvernance

Aujourd'hui, SunRise s'intéresse justement de très près à l'interaction entre les différents réseaux. Isam Shahrour pose notamment la question de la gouvernance de ces villes intelligentes.

« Personne n'a encore mis en place une approche globale de la smart cité. Dans tous les projets, on s'aperçoit que les couches décisionnelles se superposent, que les acteurs ont souvent peu de visibilité sur qui est en charge de quoi, ce qui freine les évolutions », détaille cet ingénieur Ponts et Chaussées.

Le but du jeu est de savoir par exemple ce qu'une intervention sur un réseau électrique peut avoir comme répercussions sur les autres réseaux. « Avec les nouvelles technologies, cette information est disponible, reste à savoir en tirer le meilleur parti ».

Bientôt mobilité et sécurité

Prochains challenges du laboratoire de recherche lillois : la question de la mobilité au sein de la ville mais aussi l'organisation de la sécurité et des secours.

« Comment les technologies vont informer sur la manière de combiner les transports ? Comment la technologie va permettre de mieux organiser les secours ? Le principe est toujours le même, à savoir mixer des données différentes pour en faire extraire une information pertinente ».

Avoir la bonne information au bon moment et pourquoi pas prévoir et prédire... Si Amsterdam, Barcelone ou Singapour ont démarré leur expérimentation de la smart city il y a une dizaine d'années, il semblerait que Lille, avec seulement six ans de recul, soit en passe de les rattraper.

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