Atlantic BIO GMP habilité à produire les médicaments de demain

A Nantes, Atlantic bio GMP vient d'être agréé pour produire des médicaments de thérapie innovantes sous statut public. Piloté par l'EFS, Atlantic bio GMP doit permettre de démultiplier et d'accélérer la recherche sur le traitement des maladies rares et souvent incurables.
Quatre ans après sa création, Atlantic Bio GMP devient l'une des toutes premières plateformes européennes publiques habilitée à produire des médicaments de thérapie innovante (MTI)

C'est le premier établissement pharmaceutique de statut publique français, agréé par l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Quatre ans après sa création, Atlantic Bio GMP devient l'une des toutes premières plateformes européennes publiques habilitée à produire des médicaments de thérapie innovante (MTI), utilisés pour le traitement de maladies rares comme l'amaurose congénitale de Leber, maladie génétique entrainant une cécité précoce chez l'enfant. Elle concerne 2000 personnes en France.

"Notre objectif est d'obtenir rapidement la preuve des concepts thérapeutiques", précise Sophie Derenne, directrice d'Atlantic Bio GMP. Autrement dit, garantir les meilleurs standards de qualité et de sécurité à moyen et long terme pour une utilisation chez l'homme en évitant les effets collatéraux indésirables. Les laboratoires de recherche français et européens disposeront ainsi d'outils thérapeutiques adéquats pour mener des essais cliniques (de phase I et II) à plus grande échelle.  C'est l'un des enjeux de ces nouveaux médicaments, issus non plus de la chimie, mais de cellules humaines. Des traitements d'autant plus attendus qu'ils visent des pathologies souvent incurables. Sophie Derenne indique :

"Il s'agit de traiter des patients atteints de maladies, comme la myopathie ou la mucoviscidose, que l'on ne sait pas guérir actuellement. On pourra alors traiter la cause et non plus les symptômes. Ces MTI sont susceptibles de créer une révolution thérapeutique comparable à celle des antibiotiques."

Une alternative précieuse alors que les phénomènes d'antibiorésistance se développent.

Une poussée de nouvelles molécules en Pays de la Loire

Sous la forme de préparations cellulaires directement injectées dans les cellules ou de vecteurs viraux utilisés pour le transfert de gènes, Atlantic Bio GMP travaille aujourd'hui à la production de médicaments autour de six programmes destinés à lutter contre les maladies dégénératives de l'œil (l'amaurose congénitale de Leber), l'insuffisance cardiaque chronique, l'infarctus du myocarde...  ou à produire des "cellules médicament" à partir de lymphocytes.  Déjà, Atlantic Bio GMP a annoncé un projet d'extension de 800 m² à l'horizon 2015-2016 pour accompagner le  développement de ces MTI.

"C'est tout l'enjeu de cette médecine personnalisée qui, en allant vers une "routine", induira une refonte du système de santé, alors que les médicaments deviennent de plus en plus coûteux", indique François Grimonprez, directeur de "l'Efficience de l'offre", à l'ARS (Agence régionale de santé) Pays de la Loire . De fait, en 2013, dans les Pays de la Loire, les dépenses de santé liées aux nouvelles molécules ont représenté 6% à 7% de l'ensemble des dépenses hospitalières en courts séjours,  Elles ont compté pour 50% de la croissance de ces dépenses (+9,6%), bien au delà des moyennes nationales. Il précise :

"Dans un contexte d'évolution des dépenses de santé à 2%, ça créé évidemment des tensions quand, contrairement à ce que l'on croit,  le moteur des dépenses de santé n'est pas du au vieillissement, mais à l'innovation et l'évolution des pratiques"

Or, en raison d'une cible réduite, des faibles perspectives de développement économique et des phénomènes de concurrence, le secteur privé a du mal à s'y engager.

D'une pierre deux coups

Dans une région où la recherche médicale a connu un fort développement au cours des vingt dernières années, l'EFS (Etablissement Français du Sang), Nantes Métropole, le Conseil régional des Pays de la Loire, le Conseil Général de Loire-Atlantique et le Feder ont donc mis  la main à la poche pour soutenir à hauteur de 5,2 millions d'euros, ce projet né en 2003 à l'initiative de l'EFS et l'Inserm, rejoints depuis par l'AFM-Telethon et le CHU de Nantes. "Cet investissement public va permettre un déploiement à grande échelle vers les maladies rares. En l'occurrence, Nantes a bénéficié de sa dynamique en faveur du secteur de la santé", observe François Grimonprez.

En vingt ans, l'effectif en recherche biomédicale est passé de 70 à 700 personnes aujourd'hui sur la métropole nantaise. Le nombre de laboratoires reconnus par l'Inserm est passé de 1 à 13 quand il atteint en moyenne 5 au niveau national.  "Pendant ce temps, le nombre de projets d'entreprises a été multiplié par dix", souligne-t-on au Conseil régional des Pays de la Loire et à Nantes Métropole qui, cinq ans après la construction de l'Institut de Recherche en Santé (IRS1), ont posé, cette semaine, la première pierre de l'IRS2 et de l'IRS Campus Bio Ouest sur l'île de Nantes. L'investissement atteint 43 millions d'euros. Le premier accueillera des équipes de recherche fondamentale et clinique autour des maladies infectieuses et des bio-statiques. Le second sera voué à la recherche en thérapie génique et à l'hébergement d'entreprises de biotechnologies.  "L'objectif est d'unir l'enseignement, la recherche et les soins", indique Johanna Roland, Maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, alors que le transfert du CHU sur l'île de Nantes à l'horizon 2020-2025 au cœur d'un  futur quartier hospitalo-universitaire agite les sphères nantaises de la politique, de l'économie et de la santé.

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