Vivendi a reçu deux offres de Bouygues et de Numericable pour SFR

Deux offres ont été déposées auprès de la maison-mère qui avait fixé mercredi 20h comme date-butoir. Bouygues, qui se serait aligné sur la partie cash, présentera en détail ce jeudi son projet aux investisseurs.
Delphine Cuny
Martin Bouygues devrait défendre ce jeudi « un projet industriel créant un vrai leader des télécoms, au bénéfice des consommateurs et de tous » et mettre en avant son attachement de longue date au secteur.

Deux propositions de mariage en bonne et due forme : le conseil de surveillance de Vivendi a bien reçu deux offres de rachat de sa filiale SFR, l'une émanant de Numericable l'autre du groupe Bouygues. Les deux valoriseraient le numéro deux français des télécoms autour de 15 milliards d'euros. Un comité ad hoc au sein du conseil de surveillance de Vivendi, composé de quatre administrateurs dont les trois indépendants, Henri Lachmann (Schneider), Alexandre de Juniac (Air France KLM) et Daniel Camus (The Global Fund), et le représentant des actionnaires salariés, aura une huitaine de jours pour décortiquer ces pavés d'une centaine de pages assortis de nombreuses réserves juridiques avant que le conseil lui-même n'émette un avis : plusieurs issues sont possibles, un rejet des deux offres, éventuellement en demandant des améliorations ou en poursuivant la piste de la scission, l'approfondissement des discussions en parallèle avec les deux candidats, l'ouverture de négociations exclusives avec l'un d'eux.

« Une affaire de gros sous » avant tout

« In fine, ce sera une affaire de gros sous, de valorisation immédiate et à terme », explique un proche du conseil. Numericable et son actionnaire Altice ayant déjà fait largement filtrer les termes de son offre informelle proposée le 21 janvier dernier, à savoir 11 milliards d'euros en cash et 32% du nouvel ensemble fusionné, financés à hauteur de 8 milliards en dette et de 3 milliards par augmentation de capital, Vivendi espérait que Bouygues proposerait davantage. C'est, semble-t-il, le cas. Selon Le Figaro, le groupe Bouygues proposerait à Vivendi une offre valorisant SFR un peu plus de 15 milliards d'euros et plus de 40% du capital de la nouvelle entité fusionnée, et ferait miroiter 10 milliards d'euros de synergies, soit 4 milliards de plus que celles, déjà ambitieuses, estimées pour le deal Numericable (Altice attend 12 milliards de synergies).

Bouygues s'aligne sur la partie cash

Selon nos informations, Bouygues se serait aligné sur la partie cash, qui serait équivalente, de l'ordre de 4 à 5 milliards après reprise de dettes de 6 milliards. Quatre critères seront pris en compte pour examiner les offres : la valorisation, en particulier la part versée en cash et la durée de détention de la participation minoritaire dont héritera Vivendi dans le nouvel opérateur, la gouvernance « partagée, équilibrée » dans une structure bicéphale, le projet industriel, qu'il s'agisse d'un renforcement dans le très haut débit fixe ou mobile, et enfin l'absence de casse sociale.

Sur ce point, le groupe s'engagerait à ne procéder à aucun départ contraint, ce qui n'empêche pas un plan de départs volontaires. Numericable aussi avait assuré qu'il ne prévoyait aucun licenciement. Le groupe Bouygues présentera dès ce jeudi matin aux investisseurs le schéma envisagé : l'opération se ferait au niveau de la filiale Bouygues Telecom et pas de la maison-mère, laquelle n'aurait pas besoin d'effectuer une augmentation de capital ou de céder des activités ou participations comme Alstom pour boucler le financement.

Emploi, investissement et qualité de service, priorités de l'Etat

A la mi-journée, à la sortie du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait indiqué les « trois critères » sur lesquels le gouvernement appuierait son analyse : « Surtout l'emploi évidemment, celui de la capacité à investir dans l'outil industriel et puis celui de la qualité du service qui pourra être fourni aux consommateurs. » Mais le gouvernement s'est gardé d'exprimer une préférence pour tel ou tel candidat, après plusieurs semaines de lobbying intense des deux parties : François Hollande a reçu Martin Bouygues, mais Patrick Drahi, le principal actionnaire de Numericable, a été également reçu, le même jour, à l'Elysée. Le dossier est regardé de près par l'Etat, qui ne souhaite pas cependant donner l'impression de se mêler des affaires d'entreprises privées, après le délicat précédent Dailymotion.

Si le gouvernement a donné l'impression qu'il préfèrerait un mariage entre SFR et Bouygues Telecom, le plus affaibli par l'arrivée fracassante de Free Mobile, il appréhende le marché de façon globale et ne veut pas être « pris en otage » ni donner « sa bénédiction à n'importe quelle opération », confie une source gouvernementale. Selon une source proche, Martin Bouygues devrait défendre ce jeudi « un projet industriel créant un vrai leader des télécoms, au bénéfice des consommateurs et de tous » et mettre en avant son attachement de longue date au secteur.

> Le communiqué de Vivendi annonçant avoir reçu deux offres engageantes

Delphine Cuny

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Commentaires 19
à écrit le 06/03/2014 à 14:25
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Vos forfaits devaient baisser mais je m'aperçois que ma facture est passe de 47.70 e à 52.80 e - 20 pr cent de TVA ???????expliquez moi -

à écrit le 06/03/2014 à 12:49
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le gouvernement n' a rien à foutre là dedans.. c' est du domaine privé.

à écrit le 06/03/2014 à 9:35
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Alors résumons : 1) Ni Numéricable, ni Altice (Patrick Drahi) ne disposent des moyens nécessaires à l'achat de SFR. Malgré une cascade de Holding avec poulies bretonnes, l'ensemble est lourdement endetté et ne produit pas le cash nécessaire à rembou...

le 06/03/2014 à 12:49
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ce n'est pas les cash flows de Numericable ou d'Altice qui vont rembourser l'acquisition de SFR (ils ont du mal à de désendetter sans acquisition) mais bien ceux de l'ensemble consolidé Numéricable + SFR, et en pratique pour parler plus crûment : ceu...

à écrit le 06/03/2014 à 5:24
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Il y a un côté très français voilà une affaire privée mais nos deux compères du rachat vont faire une sorte d'allégeance à l'Elysée. on voit que nos institutions le politique, le Medef et les syndicats de salariés sont en fait dans la même mouvance s...

le 06/03/2014 à 9:14
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A partir du moment ou les syndicats sont financés par le monde politique, lui même attaché à pouvoir pantoufler dans les grands groupes, le tout sous la coupe de l'ENA ou de Polytechnique, on a la France d'aujourd'hui.

à écrit le 05/03/2014 à 22:49
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ferait miroiter 10 milliards d'euros de synergies, soit 4 milliards de plus que celles, déjà ambitieuses, estimées pour le deal Numericable (Altice attend 12 milliards de synergies). DONC 12+4 = 10 CQFD

à écrit le 05/03/2014 à 21:16
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Aucun prétendant étranger, comme Vodaphone par exemple.... Alors qu'il croule sous le cash et n'a jamais pu mettre les pieds en France. A moins qu'il attende de croquer le futur poisson qui résultera du deal?

le 05/03/2014 à 21:29
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SFR a été fondé par un pacte d'actionnaire 49 % Vodafone et 51 % Générale des eaux (futur Vivendi). A l'époque de J2M Vivendi fait tomber la part de Vodafone à un peu plus de 33 %. Il me semble que Vodafone pèse encore dans le pacte d'actionnaire de ...

le 05/03/2014 à 22:28
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Je crois que Vivendi avait commis la bêtise de racheter à prix d'or le solde de la participation de Vodafone, ce qui a ensuite coûté son poste au PDG de l'époque. Par contre, Monsieur Fourtou était resté en place, s'accrochant à son fauteuil d'ail...

le 06/03/2014 à 9:13
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Vodafone est sorti de SFR en 2011 (7.75 milliards d'€ pour 44%) et SFR n'a jamais été sous management de Vodafone. La France est un des rares pays d'Europe qui échappe à l'empreinte de Vodafone, qui a pourtant récupéré 150 milliards d'USD sur la vent...

à écrit le 05/03/2014 à 20:39
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Et en matière de concurrence, comment fait on ? C'est un retour en arrière avec un concurent en moins et donc des offres de prix en hausses !! Que font nos organisme de régulation

le 05/03/2014 à 20:51
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Mais à force de penser il faut des prix des prix voila on se retrouve dans cette situation. Le serpent se mord la queue.

le 05/03/2014 à 21:00
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si ca te derange pas je preffere que tu paies 1 ou 2 € de + / mois et que je garde mon boulot Salut

le 06/03/2014 à 7:05
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Le probleme c'est pas 3 lu 4 concurrents. C'est que nos 3 anciens s'accordaient entre eux pour faire les meme prix et n'ont que quelques millions d'euros d'amende!!

le 06/03/2014 à 7:53
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Pour parler de régulation, il faut que l'état ne soit pas de mèche car l'autorité de la concurrence est régit par lui... On est plus dans la théorie de la concurrence pure et parfaite mais un complot contre le consommateur sans qui d'ailleurs l'idée ...

le 06/03/2014 à 12:44
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je crois que durant les dernieres années les prix ont rudement baissés et c'est tant mieux pourquoi maintenant ne pas s'attaquer à EDF car mes factures sont bien plus severes avec EDF que mes communications. C'est pour quand la vraie ouverture du mar...

le 06/03/2014 à 13:31
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Pourriez vous s'il vous plait vous cotiser avec vos collègues de SFR pour me verser chacun 5€ par mois afin que je puisse vivre plus confortablement .... 7000 salariés x 5€ = 35 000€ en liquide bien sûr pour éviter que je paie des impôts .. 5€ pour...

le 07/03/2014 à 8:41
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faut voir le service @povtache X 7000 salariés à toi de voir si tu as envie d'être un giron de competition

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