Tourisme : le français Evaneos lève 18 millions d’euros pour conquérir le monde

La startup française veut accélérer pour exporter son modèle à l’international et devenir le leader mondial du voyage sur-mesure en ligne, appliquant ainsi la célèbre maxime "winner takes all" chère aux entreprises Internet.
Sylvain Rolland
Les 18 millions d'euros levés mi-avril, après 715.000 euros en 2011 et 4,5 millions d'euros en 2014, vont servir à mettre un gros coup d'accélérateur, alors que les concurrents se multiplient.

Pour devenir un leader mondial d'un secteur en plein essor, il faut savoir semer la concurrence et garder une longueur technologique d'avance. C'est précisément ce que tente de faire la startup Evaneos, qui vient de boucler sa troisième levée de fonds.

La pépite parisienne a déniché 18 millions d'euros auprès du fonds Serena Capital, du fonds Ambition Numérique géré par BPIfrance dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir (PIA), et de ses actionnaires historiques ISAI et XAnge. Soit 23 millions d'euros levés au total depuis sa création, en 2009.

"Ubériser" le secteur des voyages organisés

Déjà leader européen du tourisme sur-mesure en ligne, Evaneos ("eva" pour évasion et "neos" pour nouveau) veut passer à la vitesse supérieure. Son objectif : conquérir le reste du monde pour "démocratiser" les voyages sur-mesure grâce à un modèle déclinable partout, qui consiste à "ubériser" les tour operators et les agences de voyages traditionnelles.

"Avant nous, une personne qui souhaitait effectuer un voyage organisé passait par une agence de voyage. Dans ce circuit classique, l'agence de voyage fait appel à un tour opérator, qui lui-même contacte des agences locales qui se chargent, grâce à leur réseau, de trouver et de réserver les hôtels, restaurants et activités sur place. Nous, on supprime les agences de voyage et les tour opérators pour mettre directement en relation le voyageur et l'agence locale, via notre plateforme", explique Eric La Bonnardière, 35 ans, PDG et cofondateur d'Evaneos.

Concrètement, les voyageurs trouvent sur le site des idées de destination, puis entrent directement en relation avec un agent local francophile. Celui-ci échange avec le futur client par mail ou par téléphone "pour saisir sa personnalité, ses envies, lui donner des conseils et des bons plans". Quarante-huit heures plus tard "au maximum", l'agent revient avec un devis détaillé, un "voyage sur-mesure" avec programme personnalisé, mêlant pour un prix défini l'hébergement, la restauration, les activités culturelles et sportives ainsi que les transports sur place.

"Les avantages du voyage organisé, la souplesse et la personnification en plus", résume Eric La Bonnardière. Pour rassurer les clients, Evaneos propose un système de paiement sécurisé et une assurance assistance rapatriement, négociée avec son partenaire Allianz. Enfin, pendant et après le voyage, l'utilisateur est invité à laisser son avis sur la plateforme, à la fois sur la destination et sur les prestations proposées par son agent local. Une manière "de repérer ce qui plaît et ce qui doit être amélioré tout en valorisant les meilleurs agents locaux", explique l'entrepreneur. Et ainsi entretenir la confiance des utilisateurs.

A la conquête de l'Asie et de l'Amérique

Depuis son lancement, en juin 2009, Evaneos a vendu plus de 120.000 voyages, dans 150 destinations, avec le concours de 650 agences locales. Les clients -- principalement des familles avec enfants et des jeunes actifs -- paient 100 euros par jour, pour un séjour de 12 jours en moyenne. "Nous voulons démocratiser le voyage sur-mesure, qui n'est pas forcément hors de prix, même si nous proposons aussi des séjours très haut-de-gamme, jusqu'à 20.000 euros la semaine au Botswana, par exemple", précise Eric La Bonnardière.

Les 18 millions d'euros levés mi-avril, après 715.000 euros en 2011 et 4,5 millions d'euros en 2014, vont servir à mettre un gros coup d'accélérateur, alors que la concurrence s'intensifie (Voyageurs du monde, Marco Vasco, Nouvelles frontières...) et que le secteur du voyage sur mesure pourrait peser 80 milliards d'euros en 2020, contre 50 milliards aujourd'hui.

Après s'être installé en l'Espagne en 2011, puis en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni, Evaneos voudrait s'implanter aux Pays-Bas et en Europe du Nord d'ici à la fin de l'année. Puis, il sera temps de conquérir le monde en attaquant les Etats-Unis, le Brésil, le Mexique et les pays asiatiques, notamment en Chine. L'argent servira également à faire connaître la startup pour créer une véritable image de marque, connue et reconnue. Enfin, la startup compte recruter pour passer de 80 employés aujourd'hui à 200 dans deux ans et demi, et développer la R&D, notamment l'analyse des données clients.

Accélérer pour rafler le marché

Face à la concurrence, Evaneos veut profiter de l'effet "winner takes all", cher notamment à Google dans la recherche en ligne et à Facebook dans le réseau social grand public. "Pour l'instant, on est numéro 1 en Europe et nous avons le réseau d'agences locales le plus important et le plus qualitatif", estime Eric La Bonnardière, qui se considère "bien placé" pour devenir un leader mondial.

Reste à savoir si 18 millions d'euros supplémentaires, alors que les startups américaines avec la même ambition réussissent à lever beaucoup plus, suffiront.

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 13/05/2016 à 7:58
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Le problème qui réside dans cette forme de TO, demeure les relations entre les 2 entreprises: evanéos et le TO local francophone. Cela relève de codes du tourisme différents et de registres du commerce. On se retrouve avec les sujets d'oppression sou...

le 15/06/2016 à 23:10
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Bonjour, Je suis tout à fait d'accord avec votre commentaire. Nous avons travaillé plusieurs années avec Evaneos. Il ne faut pas négliger qu'Evaneos prend plus de 11 % de marge sur les voyages qu'ils vendent. C'est supérieur à la marge des agence...

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