Google et Microsoft affichent des bénéfices stratosphériques, malgré des investissements très lourds dans l'IA

Malgré des investissements colossaux dans l'intelligence artificielle, les deux géants de la tech américaine ont annoncé des bénéfices nets supérieurs à 20 milliards de dollars sur les trois premiers mois de l'année, dépassant même les attentes des analystes. Leurs cours de Bourse se sont envolés après la clôture des marchés jeudi soir.
Le titre d'Alphabet décollait de près de 12% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
Le titre d'Alphabet décollait de près de 12% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. (Crédits : Annegret Hilse)

Les géants de la tech américaine sont toujours plus rentables. Alphabet, la maison mère de Google, a dégagé un bénéfice net de 23,7 milliards de dollars au premier trimestre, en hausse de 57% par rapport au premier trimestre de l'année dernière, pour un chiffre d'affaires de plus de 80 milliards de dollars, en progression de 15%. Couplés à l'annonce du versement d'un dividende, ces résultats excellents, supérieurs aux attentes des analystes ont fait décoller le titre de près de 12% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.

« Il a fallu plus de 15 ans à Google pour atteindre un chiffre d'affaires annuel de 100 milliards de dollars. Au cours des six dernières années, nous sommes passés de 100 milliards à plus de 300 milliards de dollars de recettes annuelles », s'est félicité Sundar Pichai, patron du groupe américain, lors d'une conférence aux analystes, jeudi.

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De son côté, le groupe informatique américain Microsoft a lui aussi signé sur les trois premiers mois de l'année des résultats supérieurs aux prévisions du marché. Le bénéfice net ressort en hausse de 20%, à 21,9 milliards de dollars, et à 2,94 dollars rapporté par action, indicateur de référence à Wall Street, soit au-dessus des 2,82 dollars qu'attendaient en moyenne les analystes. Son chiffre d'affaires, quant à lui, s'est établi à 61,9 milliards de dollars, en progression de 17% sur un an. Ainsi, dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de la Bourse, l'action Microsoft gagnait près de 5%.

Le cloud, véritable machine à cash

Les deux géants ont notamment bénéficié de leurs développements dans le cloud.

L'activité de cloud de Google s'est illustrée avec un bénéfice opérationnel de 900 millions de dollars de janvier à mars, contre 190 millions l'année dernière sur la même période, et beaucoup mieux que les 700 millions attendus par les analystes. « Les choses se présentent bien pour Google. Son cloud a prospéré, comme prévu », a réagi Evelyn Mitchell-Wolf, de Emarketer

Même constat pour Microsoft qui a aussi profité du dynamisme de cette branche. La division Intelligent Cloud, qui réunit les activités de centres de données, serveurs et logiciels utilisables à distance, a vu son chiffre d'affaires bondir de 26%, le rythme le plus rapide depuis deux ans. Cette branche pèse désormais quelque 43% des revenus de Microsoft, qui s'éloigne chaque jour un peu plus de son modèle historique, qui reposait uniquement sur le système d'exploitation Windows et sa suite logicielle.

A noter, la firme de Redmond a aussi généré de la croissance dans ses deux autres divisions majeures, les services aux professionnels (+12%) et l'informatique personnelle (+17%), qui comprend Windows, les appareils et la console XBox. Les ventes de contenus et services liés à cette dernière se sont envolées (+62%), grâce à l'intégration de l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard.

Les investissements dans l'IA scrutés de près

Mais les investisseurs guettaient surtout des signes que les dépensent des géants dans l'intelligence artificielle commencent à porter leurs fruits. Or, en janvier, Sundar Pichai avait assuré que YouTube et Google cloud « profitaient déjà (des) investissements et des innovations (du groupe) en matière d'IA ». « Nous avons des trajectoires claires vers la monétisation de l'IA grâce à la publicité, au cloud et aux abonnements », a-t-il de nouveau assuré lors de sa conférence aux analystes jeudi.

« Nous avons traversé des évolutions technologiques dans le passé, avec le web, le mobile (...) Chaque évolution a étendu les possibilités en termes de recherche en ligne, et a débouché sur plus de croissance. C'est à nouveau le cas avec l'IA générative », a-t-il ajouté.

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Et la rentabilité de l'IA est encore plus visible pour le groupe de Satya Nadella. « La voie vers la monétisation de l'IA est la plus claire pour Microsoft », en comparaison avec ses grands rivaux Alphabet, Meta ou Amazon, a réagi Sophie Lund-Yates, d'Hargreaves Lansdown, dans une note. « Le groupe retire déjà les dividendes de ses milliards d'investissement dans des technologies telles que ChatGPT et Dall-E qui offrent une capacité de création et une utilisation hyper-personnalisée » aux usagers des produits Microsoft, a ajouté Jeremy Goldman, du cabinet eMarketer. Ce dernier a ainsi capitalisé sur son investissement dans OpenAI, dont l'interface d'IA générative ChatGPT a bousculé le monde de l'informatique, fin 2022, et qu'il a intégré dans beaucoup de ses produits et services.

Le groupe a notamment expliqué faire face à une « demande un peu plus élevée dans l'IA que ses capacités actuelles », a noté Amy Hood, la directrice financière du groupe informatique. Elle a reconnu que « les dépenses d'investissement allaient augmenter de façon significative », à cause des besoins en infrastructures de cloud et d'IA, mais a dit s'attendre à une amélioration de deux points des marges de la société sur son année fiscale 2024.

Les dépenses de Meta inquiètent

Les investisseurs scrutent les retours sur investissement de l'IA car ils ont pris peur en voyant les résultats de Meta. La maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, a doublé son bénéfice net sur un an au premier trimestre, engrangeant 12,4 milliards de dollars, une performance supérieure aux attentes des analystes. Numéro deux mondial de la publicité en ligne, le géant des réseaux sociaux a vu son chiffre d'affaires trimestriel bondir de 27%, à 36,5 milliards de dollars, grâce à ses ventes publicitaires sur ses différentes plateformes.

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Mais le groupe dirigé par Mark Zuckerberg pousse les feux pour rattraper son retard sur Microsoft et Google. L'annonce d'une enveloppe d'investissements compris entre 35 et 40 milliards de dollars cette année, plus que prévu, à cause justement des besoins dans l'IA, a douché le marché : l'action du groupe californien perdait plus de 16% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.

Les investisseurs ont aussi questionné les dépenses de Meta dans le métavers (mélange des univers réels et virtuels via des lunettes et casques high tech). Pendant la conférence de mercredi, certains analystes ont même suggéré que le groupe dépense moins cette branche et libère ainsi des fonds pour l'IA. Décrite par Mark Zuckerberg comme l'avenir d'internet, la branche Reality Labs qui chapeaute les activités de métavers a de nouveau enregistré des pertes conséquentes, de plus de 3,8 milliards de dollars. Mais Meta continue d'avancer dans ce domaine, avec le lancement cette semaine de « Meta Horizon OS », son système d'exploitation pour les appareils de réalité mixte, désormais ouvert à d'autres fabricants.

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Commentaire 1
à écrit le 26/04/2024 à 8:30
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