Microsoft va investir des sommes gigantesques dans l'IA et le cloud en Asie du Sud-Est

Microsoft s’est engagé à investir 1,6 milliard d'euros en Indonésie et 2,05 milliards d'euros en Malaisie dans l'intelligence artificielle (IA) et le cloud. Le géant américain veut aider à développer les infrastructures de ces pays d’Asie du Sud-Est et profiter de la manne qu’y représentera l’IA : elle devrait contribuer à hauteur d’environ 934 milliards d'euros au produit intérieur brut de cette région du monde d'ici 2030.
L’IA devrait rapporter quelque 25 à 30 milliards de dollars supplémentaires par an à Microsoft d'ici 2025, selon un analyste.
L’IA devrait rapporter quelque 25 à 30 milliards de dollars supplémentaires par an à Microsoft d'ici 2025, selon un analyste. (Crédits : Mike Blake)

2,2 milliards de dollars (environ 2,05 milliards d'euros) : tel est le montant, colossal, que Microsoft prévoit d'investir en Malaisie. Le géant américain l'a annoncé ce jeudi, indiquant que la somme sera répartie sur les « quatre prochaines années » afin de « soutenir la transformation numérique » de ce pays d'Asie du Sud-Est. Soit « l'investissement le plus important de ses 32 années de présence » en Malaisie, selon un communiqué du groupe, publié alors que son directeur général, Satya Nadella, prononçait un discours dans la capitale, Kuala Lumpur. Microsoft a commencé ses opérations en Malaisie en 1992, selon son site officiel, et y emploie plus de 200 personnes.

Cet investissement doit aider à construire une infrastructure d'intelligence artificielle (IA) et de cloud en Malaisie, en créant un centre d'excellence en IA et en offrant une formation en IA à jusqu'à 200.000 Malaisiens, a précisé le patron de Microsoft.

« Nous voulons vraiment nous assurer que nous disposerons d'une infrastructure de classe mondiale dans le pays afin que chaque organisation, chaque développeur de logiciels, chaque start-up puisse l'utiliser non seulement pour construire pour ce pays, mais pour le monde et la région », a-t-il déclaré dans son discours.

Un projet vu d'un bon œil par le gouvernement du pays. « Le développement par Microsoft d'infrastructures essentielles de cloud et d'IA, ainsi que les opportunités de formation en IA, amélioreront considérablement la capacité numérique de la Malaisie », a déclaré le ministre malaisien du Commerce, Zafrul Abdul Aziz, cité dans le communiqué.

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Microsoft mise sur l'Asie du Sud-Est...

Le patron de Microsoft, qui effectue un déplacement dans plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, a multiplié ce type d'annonce lors de ce voyage. Mardi, il a indiqué un investissement de 1,7 milliard de dollars (environ 1,6 milliard d'euros) sur quatre ans en Indonésie. Une somme qui ira là aussi dans l'intelligence artificielle et le « cloud computing » (informatique dématérialisée), pour aider à développer l'infrastructure d'IA de l'archipel. Il a précisé que le géant de la technologie fournirait une formation en IA à 840.000 Indonésiens. Idem ce mercredi, cette fois en Thaïlande. Microsoft a annoncé qu'il allait y créer une infrastructure destinée à dynamiser le développement de l'IA et du cloud computing, sans donner cette fois de montant mais promettant de former plus de 100.000 personnes.

Il faut dire que cette région du globe a de quoi attirer ce type d'investissement. L'intelligence artificielle devrait en effet contribuer à hauteur de 1.000 milliards de dollars (environ 934 milliards d'euros) au produit intérieur brut (PIB) de l'Asie du Sud-Est d'ici 2030, selon une étude du cabinet de conseil international Kearney citée dans le communiqué de Microsoft. L'Indonésie devrait en recevoir plus d'un tiers et la Malaisie plus d'un dixième.

... mais pas que

Reste que le géant américain a des visées un peu partout dans le monde. Ces derniers mois, il a annoncé près de 10 milliards de dollars d'investissements dans l'IA à l'étranger, le prix à payer pour rester l'un des acteurs les plus importants de ce marché crucial. Depuis février, Microsoft a ainsi dévoilé des investissements de 3,4 milliards de dollars en Allemagne, de 2,1 milliards en Espagne et de 2,9 milliards au Japon, sur deux ans. Le groupe compte construire de nouveaux centres de données adaptés, aider à former des millions de personnes et financer les infrastructures énergétiques nécessaires.

Microsoft passe aussi des contrats avec des entreprises. Notamment OpenAI, le créateur de ChatGPT, devenu son allié et qui a déjà reçu environ 13 milliards de dollars ces dernières années. Selon un accord noué en février dernier, la start-up d'IA française Mistral va ainsi bénéficier d'un investissement de 15 millions d'euros. Surtout, Microsoft va investir 1,5 milliard de dollars dans G42, une société d'IA des Emirats arabes unis, et prendre un siège à son conseil d'administration.

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Un pactole sur le long terme

L'IA devrait rapporter quelque 25 à 30 milliards de dollars supplémentaires par an à Microsoft d'ici 2025, estime Dan Ives, analyste au sein du cabinet Wedbush.

« C'est un tournant pour Microsoft, comme l'iPhone l'a été pour Apple », assure l'expert. Et d'ajouter : « L'adoption de l'IA générative et de Copilot (ndlr : l'assistant d'IA de Microsoft) va s'accélérer, et Azure (son service de cloud) va engranger davantage de contrats ».

Le groupe américain fait face à une « demande un peu plus élevée dans l'IA que ses capacités actuelles », a noté Amy Hood, la directrice financière de Microsoft, lors d'une conférence aux analystes jeudi. Elle a précisé que les dépenses d'investissement dans les infrastructures « allaient augmenter de façon significative », mais elle s'attend quand même à une amélioration des marges de la société cette année.

Les résultats de Microsoft pour le premier trimestre, publiés la semaine dernière, ont montré que les ventes ont augmenté de 17% par rapport à la même période l'année précédente, pour atteindre 61,9 milliards de dollars (57,8 milliards d'euros). Le bénéfice net est ressorti en hausse de 20%, à 21,9 milliards de dollars (20,4 milliards d'euros).

Microsoft signe un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable Brookfield

Le géant du numérique Microsoft a annoncé ce mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management. Qualifié de « première », il prévoit, selon Brookfield, le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030.

Les conditions financières de l'accord n'ont pas été précisées, alors que la puissance prévue pour le parc pourrait potentiellement fournir en énergie l'équivalent de millions de foyers. S'il prévoit, dans un premier temps, du solaire et de l'éolien, il sera étendu à d'autres technologies permettant de fournir de l'électricité décarbonnée, en particulier lorsque le vent ou le soleil n'en fournira pas suffisamment.

L'échelle de cet accord, près de huit fois plus gros que le plus important accord entreprise signé jusqu'ici en termes d'achat d'énergie renouvelable, vient en tout cas souligner la montée en puissance de Brookfield ainsi que la capacité d'achat de Microsoft. Il met également en lumière les importants investissements réalisés par les plus grands groupes mondiaux afin d'atteindre leurs objectifs en termes d'énergie propre tout en restant compétitif dans la course au développement de l'IA. Car cette technologie, et plus largement l'informatique dématérialisée (cloud), va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques, alors qu'ils multiplient les centres de données, particulièrement énergivores, augmentant leur dépendance vis-à-vis des fournisseurs d'énergie traditionnels.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 02/05/2024 à 11:57
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Mais pas d'investissement majeur en France qui selon Macron est le paradis des investissements étrangers. Il faut dire que le niveau crasse en mathématiques de la France n'est pas très incitatif car pour utiliser l'IA encore faudra t il avoir une ca...

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