Pourquoi les excellents résultats de Netflix ont quand même déçu les marchés

Le leader mondial du streaming a conquis près de 10 millions de nouveaux abonnés en trois mois, dont 7,9 millions à l'international et 1,7 millions aux Etats-Unis. Mais le ralentissement américain et des prévisions jugées très prudentes suscitent l'inquiétude des marchés, juste avant le grand séisme annoncé du secteur avec l'arrivée, d'ici à la fin de l'année, des grands studios américains comme Disney et NBC Universal.
Sylvain Rolland
Dans le détail, Netflix revendique fin mars 148,86 millions d'abonnés payants dans le monde, un peu plus que ses propres anticipations. Sur les 9,6 millions d'abonnés supplémentaires, 1,74 millions sont aux Etats-Unis et 7,86 dans le reste du monde.
Dans le détail, Netflix revendique fin mars 148,86 millions d'abonnés payants dans le monde, un peu plus que ses propres anticipations. Sur les 9,6 millions d'abonnés supplémentaires, 1,74 millions sont aux Etats-Unis et 7,86 dans le reste du monde. (Crédits : Lucy Nicholson)

Comme la fourmi, Netflix engrange avant l'arrivée de l'hiver. Sauf que pour lui, la nourriture prend la forme d'abonnés et l'hiver signifie l'arrivée d'une concurrence féroce avec l'entrée sur le marché de nouveaux concurrents ambitieux comme Disney+ et Apple d'ici à la fin de l'année, ainsi que Comcast (NBC Universal) et AT&T (WarnerMedia dont HBO) en 2020. Heureusement, le firme de Reed Hastings reste attractive, comme le montre ses résultats financiers du premier trimestre 2019, publiés mercredi 16 avril au soir. Le leader mondial du streaming a engrangé presque 10 millions de nouveaux abonnés, passant de 137 à 148 millions d'abonnés dans le monde.

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Le ralentissement américain se confirme

Dans le détail, Netflix revendique fin mars 148,86 millions d'abonnés payants dans le monde, un peu plus que ses propres anticipations. Sur les 9,6 millions d'abonnés supplémentaires, 1,74 millions sont aux Etats-Unis et 7,86 dans le reste du monde. La firme de Los Gatos a également publié un bénéfice net de 344 millions de dollars (+18,6%). Rapporté par action, la référence en Amérique du Nord, il est ressorti à 76 cents. A 4,52 milliards de dollars, le chiffre d'affaires est quant à lui conforme aux attentes des marchés.

Et pourtant, le titre a perdu 1,4% dans les échanges post-clôture et ces résultats ont, globalement, déçu les marchés et les analystes. La faute au ralentissement du marché américain -avec 60,26 millions d'abonnés, Netflix a déjà conquis la quasi-totalité des foyers avec le jeu des abonnements partagés- et à des prévisions jugées timides. Pour le second trimestre, Netflix s'est en effet montré prudent, anticipant 5 millions d'abonnés supplémentaires, dont 300.000 seulement aux Etats-Unis. L'an dernier, Netflix avait engrangé 5,45 millions d'abonnés supplémentaires au deuxième trimestre.

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Méthode Coué ou confiance légitime ?

Alors que le marché du streaming vidéo s'apprête à vivre un séisme à cause de l'arrivée des studios hollywoodiens dans le jeu, Netflix affiche une grande confiance en sa capacité à résister aux assauts de Disney, WarnerMedia et NBC Universal. D'après Reed Hastings, le marché est immense et les catalogues de chacun seront suffisamment fournis et différents pour pouvoir coexister et croître. Leur arrivée ne devrait pas avoir d'effets "importants" sur sa croissance, a ainsi assuré Netflix devant les analystes. "De super concurrents, ça nous rend meilleurs", a même ajouté le Pdg. Pour justifier "l'immensité" du marché, Reed Hastings a évoqué le nombre d'heures passées sur Netflix aux Etats-Unis ne représente encore que 10% de la consommation totale de télévision, ce qui lui laisse une énorme marge de progression avec l'évolution des usages, notamment sur les appareils mobiles. Le groupe est également confiant sur sa capacité à croître très vite et très fortement à l'international.

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S'il est exact que la télévision traditionnelle résiste encore très bien aux Etats-Unis, et que Netflix dispose d'une forte avance sur ses concurrents partout dans le monde, les experts sont moins optimistes que Reed Hastings. Une grande partie de l'immense catalogue des studios américains, dont Netflix est très dépendant, quittera mécaniquement sa plateforme dès qu'ils entreront sur le marché. Les bras chargés de princesses, de superhéros et de quelques productions originales spécialement conçues pour son service, Disney lancera Disney+ en novembre à 6,99 dollars, soit moins cher que Netflix, aux Etats-Unis avant d'autres régions du monde. Quant à Apple, la firme à la pomme n'a pas affiché de très grandes ambitions lors de la présentation de son futur service, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour Netflix. Mais son arrivée dans un marché littéralement pris d'assaut de toutes parts complexifie encore le jeu.

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Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 18/04/2019 à 11:13
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Netflix me fait penser aux fournisseurs d'électricité qui ne produisent pas d'électricité. Pas tenable sur le long terme. Qui va acheter Netflix ?

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