Macron, le poil à gratter du deal Orange-Bouygues Telecom

Si Orange et Bouygues ont décidé de se donner plus de temps pour tenter de boucler le mariage entre l’opérateur historique et Bouygues Telecom, c’est surtout parce qu’ils butent sur les desiderata du ministre de l’Economie. Explications.
Pierre Manière
« Macron veut pousser Orange à acheter Bouygues Telecom le moins cher possible, tout en valorisant au plus fort l’opérateur historique », explique dit une source à La Tribune.

Le rapport d'Emmanuel Macron à l'égard des industriels des télécoms a toujours été compliqué. Mi-décembre, le ministre de l'économie a provoqué l'ire de SFR, alors que les rumeurs de « discussions préliminaires » concernant un mariage entre Bouygues Telecom et Orange étaient de plus en plus pressantes. Pourquoi ? Parce que dans ce contexte, le locataire de Bercy a rétorqué qu'il n'avait « pas de position de principe » contre un retour à trois opérateurs en France. Dans l'entourage de Patrick Drahi, propriétaire de SFR, cette sortie a suscité une sacrée grogne. Et pour cause : en juin dernier, le ministre s'était montré bien moins enthousiaste lorsque l'opérateur au carré rouge voulait racheter Bouygues Telecom. « La consolidation n'est pas aujourd'hui souhaitable », avait-il déclaré à l'AFP, avant de mettre de l'eau dans son vin.

Aujourd'hui, l'ombre du ministre plane lourdement sur le possible mariage entre Orange et Bouygues Telecom. Et si les négociations patinent, obligeant les acteurs à se donner ce jeudi quelques jours de plus pour trouver un terrain d'entente, c'est en grande partie à cause de ses desiderata. De source proche du dossier, les discussions avec le ministre de l'Economie se passent « mal ». « Il joue au banquier d'affaires », nous dit-on. De fait, celui-ci a son mot à dire sur le deal, puisqu'avec 23% du capital, l'Etat est le premier actionnaire d'Orange. Dans le cadre de ce mariage, Bouygues vendrait sa filiale télécoms contre du cash et une belle part dans l'opérateur historique. Pour cela, il bénéficierait d'une augmentation de capital réservée, couplée à la possibilité de racheter plus tard des actions de son propre chef. Martin Bouygues ne l'a jamais caché : il brigue 15% d'Orange. L'Etat, de son côté, ne veut pas voir sa part trop diluée, et veut garder un minimum de 20% de l'ex-France Télécom.

« 10 milliards, c'est bien payé... »

Dans ce schéma, tout dépend donc des valorisations prises en référence des deux opérateurs. Or, actuellement, « Macron veut pousser Orange à acheter Bouygues Telecom le moins cher possible, tout en valorisant au plus fort l'opérateur historique », explique notre source. Il faut dire que, depuis le début des négociations, le prix du rachat de Bouygues Telecom par Orange est fixé à 10 milliards d'euros. C'est-à-dire le montant que Patrick Drahi était prêt à débourser au printemps dernier pour mettre la main dessus. Mais dans les comptes de Bouygues, la filiale télécom n'en vaudrait que 6 milliards. Ce qui fait tiquer Bercy.

« Chez BpiFrance Participations et à l'Agence des participations de l'Etat [qui gèrent la part de ce dernier dans Orange, Ndlr], c'est sûr qu'ils ne sont pas chaud, tout simplement pour des raisons patrimoniales, dit une autre source. Bouygues a eu l'habilité d'invoquer le chèque de 10 milliards d'euros de Patrick Drahi, qui voulait à tout prix faire cette opération. Il y a donc cette référence de marché. Mais c'est objectivement bien payé... »

Un problème de gouvernance

Un autre proche du dossier, lui, juge que le prix de Martin Bouygues se défend :

« On ne peut pas lui demander de vendre son actif à prix coûtant, sans que cela ne lui rapporte rien, ça n'a pas de sens. »

Un autre gros sujet de préoccupation, à Bercy, concerne la gouvernance d'Orange. « L'Etat veut limiter l'influence de Bouygues en mettant une clause de 'standstill' (visant à l'empêcher d'accroître sa participation, Ndlr) sur plusieurs années », nous explique-t-on. En plus, il souhaiterait que Bouygues renonce à ses droits de vote double. D'après nos informations, ces mesures seraient inadmissibles pour la maison-mère de l'opérateur, qui ne veut pas être considérée comme « un actionnaire de seconde catégorie ». Bouygues ne serait pas opposé à un plafond. Mais dans ce cas, celui-ci devrait être plus limité dans le temps. Contacté par La Tribune, le cabinet d'Emmanuel Macron se refuse à tout commentaire. Quoi qu'il en soit, les négociations s'annoncent mouvementées entre le ministre, Orange et Bouygues d'ici dimanche, la nouvelle date butoir que se sont fixée les opérateurs.

Pierre Manière

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Commentaires 15
à écrit le 04/04/2016 à 12:49
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Arno Montebourg ils est partis qu elle courage macron doit partie mais ils n as pas le courage ils est bien payer pour riant pi po

à écrit le 04/04/2016 à 12:46
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Tout les jours une page pour macron comme pour Sarko ils aime ils est finis macron pour riant ?

à écrit le 03/04/2016 à 13:55
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IL SEMBLE QUE L'ETAT ACTIONNAIRE DE NOMBREUSES GRANDES SOCIETES SE PREOCCUPE DU DEVENIR QUAND IL Y A PROBLEME?????PERE MACRON C'EST EN AMONT QU'IL VOUS FAUT INTERVENIR ET NON PAS EN AVAL???L'ETAT ACTIONNAIRE ???DOUCE RIGOLADE ???UN PEU COMME MITTERA...

à écrit le 02/04/2016 à 13:46
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Encore et toujours l'Etat, pourtant , depuis des annees, il n'est meme pas capable de gerer son budget!!!!!

à écrit le 02/04/2016 à 9:22
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Dès que l'Etat s'en mêle au lieu d'un billard à trois bandes cela devient un billard à 6 bandes, la logique politique n'ayant rien à voir avec la logique économique. L'alternative pour Bouygues va sans doute être d'aller voir en Europe pour trouver u...

à écrit le 01/04/2016 à 19:12
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Le poil à gratter a fait échouer la négociation...!

à écrit le 01/04/2016 à 12:01
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Vivaction a saisi L ARCEP

à écrit le 01/04/2016 à 11:12
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Je ne suis pas très familier de ce type de transactions mais je m'interroge sur les intentions de Bouygues. En vendant Bouygues Telecom ne cherche t-il pas, à plus long terme, a devenir le patron d'Orange. D'ou la nécessité de mette des gardes fous,...

à écrit le 01/04/2016 à 10:13
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Le coucou trouvait son château trop petit, et veut donc d'installer dans un plus grand, aux frais de la princesse... Et ça se prétend capitaine d'industrie... bel exemple a donner a nos jeunes.. ratez votre entreprise, l'Etat vous accueillera a bord ...

à écrit le 31/03/2016 à 23:56
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On discute depuis 3 mois et le dernier jour voila que le prix est trop cher 🙄

le 01/04/2016 à 8:03
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Le dernier jour parce que vous n'avez pas suivi l'affaire. Si ça vous embêtes qu'un ministre face attention à notre argent...

à écrit le 31/03/2016 à 21:27
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Bouygues devrait abandonner, et s'allier avec Numéricable S.F.R : chacun détenant la meme part dans la nouvelle entité. Les deux enseignes seraient toujours indépendantes et concurrentes dans leur politique commerciale, avec deux directions commercia...

à écrit le 31/03/2016 à 20:31
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De puis que macaron est la la France va mieux le ridicule ne tue pas ? Mais ils a un salaire bien confortables pour faire un travail ?

le 02/04/2016 à 3:29
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Mais oui tu as à raison il faut que Orange (et donc en partie l'état) rachète Bouygues à un prix surévalué. Ça ce ne serait pas ridicule.

à écrit le 31/03/2016 à 19:58
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Est-ce que quelqu'un est capable d'expliquer l'intérêt pour Orange de réaliser cette opération ? A part effacer un concurrent et espérer ne plus être dans une grosse guerre des prix, je ne comprends pas. Free et SFR devraient récupérer des clients et...

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