Valeurs Actuelles : un cadre supérieur aurait détourné "plusieurs millions d'euros"

Le système de surfacturation qui aurait permis de détourner des sommes exorbitantes au journal durait depuis quinze ans. L'escroquerie aurait commencé à émerger en... 2016 seulement. Elle aurait profité à une personne extérieure au journal et à un responsable du groupe contre lequel une procédure de licenciement pour faute lourde a été engagée.
Le titre a vu ses ventes progresser fortement ces dernières années et sa santé financière ne serait pas menacée par cette affaire. Le chiffre d'affaires est revenu dans le vert depuis qu'Yves de Kerdrel en a pris la tête en 2012, à force de couvertures provocatrices ou fracassantes, dont l'une a valu au journal une condamnation pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms.

"Il piquait dans la caisse depuis quinze ans en toute impunité", aurait pu titrer le magazine qui s'est fait une spécialité des couvertures sensationnaliste voire du traitement exacerbé des faits divers dans des tweets offusqués comme celui-ci, publié ce matin:

Béziers : il commet 93 vols à la roulotte en cinq jours puis est relâché >> https://t.co/sVx7D91soT pic.twitter.com/84Zp57KJ3a

— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) 16 octobre 2017

Sauf que, cette fois-ci, c'est l'entreprise de presse elle-même qui est la victime. L'éditeur de Valeurs Actuelles, le groupe de presse Valmonde (qui possède aussi Jours de Chasse, Jours de Cheval, Le Spectacle du Monde), a porté plainte pour détournement de "plusieurs millions d'euros", réalisé grâce à un système de surfacturation auquel aurait participé un de ses responsables, a indiqué une source proche de la direction, confirmant des informations de Libération. Valmonde a été "victime d'un système de détournement de fonds qui perdurait depuis 2002", a affirmé cette source.

«Dans cette affaire, le journal est la victime, explique le directeur de "Valeurs actuelles", Yves de Kerdrel, cité par "Libération". La situation est très pénible pour toute la maison.»

Valmonde a déposé plainte lundi 9 octobre auprès du parquet de Paris pour abus de confiance, escroquerie, faux, usage de faux, complicité et recel de ces délits, selon une source proche du dossier. II revient au parquet de prendre une décision sur l'ouverture d'une éventuelle enquête.

Ce système de surfacturation aurait profité à une personne extérieure au journal et à un responsable du groupe, qui a été mis à pied à titre conservatoire et contre lequel une procédure de licenciement pour faute lourde a été engagée, selon cette source proche de la direction, qui évoque un "fort traumatisme pour les collaborateurs du journal" à la suite de cette découverte.

Un salarié "à qui on donnerait le bon Dieu sans confession"

Libération explique que ce salarié était "une sorte de numéro 2 (du journal), qui avait la main sur la gestion des sous-traitants et sur une partie de la comptabilité de l'entreprise" :

«C'était l'homme à tout faire, qui gérait l'opérationnel, l'organisation, les abonnés, explique un journaliste sous couvert d'anonymat. Un type dévoué, souriant, gentil, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession mais qui avait visiblement une double vie.», selon le témoignage cité par le quotidien Libération

Des services "facturés jusqu'à 300% de leur coût normal"

L'escroquerie présumée a commencé à émerger en mars 2016. Alors que la direction souhaitait renégocier des contrats avec ses fournisseurs, elle a découvert des services "facturés jusqu'à 300% de leur coût normal", selon cette même source.

Mais la direction du journal n'a pu réunir des preuves qu'en septembre 2017, avec l'aide d'une autre entreprise escroquée, dont le nom n'a pas été précisé. Le système était "invisible pour les commissaires aux comptes et passait par des sociétés écrans", selon la source proche de la direction.

Des couv' provocatrices qui ont relancé le magazine

Si Valeurs Actuelles a traversé de fortes difficultés au cours des années 2000, le titre a vu ses ventes progresser fortement ces dernières années et sa santé financière n'est pas menacée par cette affaire, selon la même source.

Selon Libération, depuis que Kerdrel en a pris la tête en 2012, à force de couvertures provocatrices ou fracassantes, dont l'une a valu au journal une condamnation pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms, le chiffre d'affaires est revenu dans le vert.

L'hebdomadaire a vu ses ventes se stabiliser entre juillet 2016 et juin 2017, avec près de 120.000 exemplaires vendus en moyenne chaque semaine. Le groupe, propriété de l'homme d'affaires franco-libanais Iskandar Safa, qui vient d'acheter le mensuel Mieux vivre votre argent au groupe SFR, devrait enregistrer un bénéfice de 2 millions d'euros en 2017, selon sa direction.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 17/10/2017 à 17:06
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C'est l'arroseur arrosé: enrichissez-vous sans scrupule, telle est la devise de "valeurs actuelles". Que de la pub pour la ligne éditoriale de ce chiffon

à écrit le 17/10/2017 à 11:23
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Dans toute boite serieuse le travail de comptabilite est double.

à écrit le 17/10/2017 à 11:12
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Ils portent bien leur nom, en néolibéralisme ces pratiques sont bien les valeurs actuelles.

le 18/10/2017 à 16:01
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Exactement....

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