HiMedia : Cyril Zimmermann contre-attaque face au fonds activiste BJ Invest

Attaqué en justice pour mauvaise gestion par le fonds BJ Invest dirigé par Benjamin Jayet, et menacé d’être débarqué à la prochaine assemblée générale du 3 mai, l’entrepreneur Cyril Zimmermann, fondateur de la régie publicitaire HiMedia, contre-attaque. Il dénonce "une manœuvre de déstabilisation" de la part de Benjamin Jayet, qu’il accuse de vouloir prendre le contrôle de la société-sœur HiPay, et menace à son tour de poursuites judiciaires.
Sylvain Rolland
Depuis une semaine, c'est la guerre entre le patron de HiMedia, Cyril Zimmermann (photo), et son principal actionnaire, le fonds BJ Invest de Benjamin Jayet.

Nouveau rebondissement dans la guerre interne sanglante qui secoue la régie publicitaire HiMedia. Cyril Zimmermann, le fondateur et dirigeant du groupe, contre-attaque et menace à son tour de traîner son premier actionnaire, Benjamin Jayet, en justice. L'entrepreneur devrait déposer plainte "dès la semaine prochaine", "à la fois au civil et au pénal", pour "discrimination, dénigrement, concurrence déloyale et diffusion d'informations trompeuses", indique-t-il à La Tribune. A moins qu'il ne s'agisse que d'une tentative d'intimidation, qui sont légion chez HiMedia depuis le début de la semaine...

Jayet veut débarquer Zimmermann du conseil d'administration

Récapitulons. Lundi 4 avril, le fonds BJ Invest, premier actionnaire d'Hi-Media avec 15,53% du capital et 14,78% des droits de vote, a annoncé qu'il a attaqué en justice, auprès du tribunal de commerce, la direction d'Hi-Media, et notamment son patron Cyril Zimmermann.

Le fonds, qui ne cesse de se renforcer au capital d'Hi-Media depuis plusieurs mois (il est passé de 13,26% à 15,53% le 1er avril), accuse Cyril Zimmermann d'être responsable des difficultés de la société, qui a connu deux années très difficiles, avec une perte nette de 40,3 millions d'euros en 2015.

       | Lire : HiMedia à la recherche d'un second souffle

Dans le détail, Benjamin Jayet fustige la "mauvaise gestion" d'Hi-Media par l'équipe de Cyril Zimmermann, qu'il accuse de "manquer de présence [en référence à l'installation de Zimmermann à San Francisco depuis le début de l'année pour développer le marché américain, Ndlr], d'engagement et d'indépendance".

Effectivement, la valeur en Bourse du groupe (qui comprend également sa filiale de paiement HiPay), ne cesse de décevoir les actionnaires. Et pour cause : elle a chuté de moitié en un an (de 110 millions fin 2014 à 60 millions fin 2015). "Je ne peux pas rester les bras croisés devant une telle destruction de valeur", résume Benjamin Jayet dans son communiqué de presse.

L'investisseur activiste fustige notamment deux décisions "préjudiciables pour la société". La première est le rachat par Cyril Zimmermann d'une participation de 25% dans le site Demotivateur (que détenait HiMedia), à des conditions jugées troubles. La deuxième est le versement par HiPay d'une prime de 510.000 euros à Cyril Zimmermann, via une société belge qu'il détient, à l'été 2015, au moment de la cotation d'HiPay, alors que le groupe était fragile.

Pour parfaire sa prise de pouvoir sur l'entreprise, Benjamin Jayet entend désormais demander la tête de trois des cinq dirigeants du conseil d'administration d'HiMedia. Celle de Cyril Zimmermann, évidemment, mais aussi de ses associés Eric Giordano et Jean-Charles Simon. Il désire aussi être nommé au conseil d'administration, avec Marie-Pierre Bardet, Justin Ziegler et Thierry Debarnot. La prochaine réunion est prévue pour le 3 mai.

HiPay, la véritable cible de Benjamin Jayet ?

Dos au mur, Cyril Zimmermann n'a d'autre choix que de riposter pour tenter de sauver sa peau. Selon lui, les affirmations de Benjamin Jayet ne sont que des "coups de pression", des "manœuvres de communication et de déstabilisation" destinées à affaiblir HiMedia. Zimmermann soupçonne Jayet de l'attaquer pour pousser HiMedia à lui céder ses parts dans HiPay, qui représente la vraie source de valeur du groupe... De plus, Benjamin Jayet dirige également Gibmedia, une société concurrente d'HiPay.

"HiPay est la vraie cible de Jayet. Ses prises de participations dans HiMedia visent à tendre le rapport de force. Benjamin Jayet essaie de racheter HiPay depuis deux ans, mais à un prix ridicule. Il m'a même proposé la semaine dernière d'arrêter ses attaques si HiMedia lui vendait ses 20% dans HiPay. Maintenant, il voit que nous sommes sur le chemin du redressement, avec des pertes réduites au 2è semestre 2015 et un probable retour à un  Ebitda positif en 2016, du coup il multiplie les coups de pression médiatiques car il a peur que sa proie lui échappe".

En attendant, c'est bien Cyril Zimmermann qui est sur la sellette. Via son fonds BJ Invest, Benjamin Jayet détient déjà 7,87% des parts de HiPay. S'il prenait les 20% d'HiMedia, il en deviendrait l'actionnaire majoritaire.

La Tribune a tenté de joindre Benjamin Jayet pour réagir à ces propos, mais pour l'instant, il n'a pas donné suite à nos demandes.

"Tout est à vendre... à condition que ce soit au bon prix"

Sur le fond, Cyril Zimmermann conteste également les attaques de Benjamin Jayet. Au sujet du rachat des parts de HiMedia dans Demotivateur par Cyril Zimmermann, l'entrepreneur s'étonne de la réaction "à contre-temps, 18 mois après le deal" de son premier actionnaire. Jayet pointe du doigt l'étrangeté du fait que Zimmermann ait pu racheter les parts pour 350.000 euros, soit le même prix que lorsque HiMedia les avait acquises, alors que le site d'infotainment avait connu entre temps une grosse croissance.

"La stratégie d'HiMedia avait changé entre temps, nous nous désengagions des médias, nous nous étions séparés de notre participation dans La Tribune [minoritaire de 2012 à juillet 2013, Ndlr] et dans nos autres médias. J'ai donc proposé au conseil d'administration de racheter moi-même la participation dans Démotivateur, au même prix, et cela a été validé par 89% des actionnaires", se défend Cyril Zimmermann.

Au sujet de la prime de 510.000 euros donnée par HiPay à Cyril Zimmerman au moment de son introduction en Bourse, à l'été 2015, la défense du patron est moins assurée. "On peut trouver que je suis très bien payé, mais c'était une décision exceptionnelle et transparente du conseil d'administration. Il s'agissait d'un élément de rémunération, non de facturation", poursuit l'entrepreneur.

Entre les critiques et les menaces de porter lui aussi l'affaire en justice, Cyril Zimmermann ouvre une petite porte. "Concernant HiPay, je ne change pas de discours. Je l'ai toujours dit : tout est à vendre... à condition que ce soit au bon prix", glisse-t-il. Affaire à suivre au prochain épisode.

Sylvain Rolland

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